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Liban - Hommage

D’Achrafieh à Bkerké, un émouvant adieu populaire au patriarche de la deuxième indépendance

Des milliers de personnes n’ont pas hésité à se poster tout le long du chemin emprunté par le cortège funéraire afin de faire leurs adieux au prélat.

Des pétales de roses pour accompagner Nasrallah Sfeir vers sa dernière demeure. Photo Michel Sayegh

Journée forte en émotions hier pour l’Église maronite et l’ensemble du pays. Personnalités religieuses, hommes politiques et fidèles ont accompagné la dépouille mortelle du patriarche maronite émérite Nasrallah Sfeir de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, à Achrafieh, jusqu’à Bkerké, où Mgr Sfeir sera inhumé cet après-midi. Des milliers de personnes, de différentes régions et de tous âges, n’ont pas hésité à se poster tout le long du chemin emprunté par le cortège funéraire, de la capitale vers Bkerké, afin de faire leurs adieux au prélat.

Les fidèles ont commencé à s’amasser tôt le matin devant l’hôpital où Mgr Sfeir avait passé ses dernières heures, avant de s’éteindre dimanche dernier à l’aube. Le patriarche, qui devait fêter ses 99 ans hier, avait passé ses derniers jours dans l’unité des soins intensifs. Tôt le matin, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a présidé à la chapelle de l’Hôtel-Dieu des prières en présence de nombreuses personnalités, dont notamment plusieurs députés des Forces libanaises Chaouki Daccache, Ziad Hawwat, Wehbé Katicha, Imad Wakim et Pierre Bou Assi, le ministre FL des Affaires sociales Richard Kouyoumjian, le député Farid Khazen, l’ancien député Farès Souhaid, le chef du Mouvement du changement, Élie Mahfoud, ainsi que la famille du défunt.

À la sortie, vers 8h15, de l’hôpital où une foule nombreuse attendait, le convoi a été accueilli par une pluie de pétales de roses, des chants religieux diffusés par haut-parleur et de l’encens. Plusieurs personnes arboraient des photos de Mgr Sfeir et de nombreux partisans des Forces libanaises étaient présents sur place. Ils ont suivi le cercueil jusqu’à Bkerké à bord de dizaines de véhicules qui arboraient les drapeaux FL. On pouvait également percevoir des drapeaux du parti Kataëb, notamment au niveau du secteur du Palais de justice. Le convoi funèbre, escorté par des motards et des unités des Forces de sécurité intérieure ainsi que par une unité de l’armée, comptait une quinzaine de véhicules. Comme il fallait s’y attendre, des embouteillages monstres ont bloqué la circulation à Beyrouth même, aux portes de la capitale ainsi que sur le pan de l’autoroute allant de Beyrouth vers le Nord.



(Lire aussi : À Bkerké, un moment solennel qui semble durer une éternité)


Recueillement et messes en continu

Même s’il ne comptait pas faire des arrêts en chemin, le cortège funèbre a dû se plier à plusieurs reprises à la volonté des fidèles qui l’attendaient sur la route. De nombreuses personnes observaient également son passage depuis leurs balcons. De grands portraits et des banderoles rendant hommage au patriarche émérite défunt étaient posés tout le long de l’autoroute.

À Nahr el-Mot et Jal el-Dib, des élèves habillés en blanc ont aspergé le convoi de pétales de roses tandis qu’une fanfare municipale jouait des morceaux funèbres. Même spectacle de mobilisation populaire à Nahr el-Kalb, Zouk Mikaël et au niveau du stade Fouad Chéhab, à Jounieh. Là aussi les drapeaux FL étaient présents en grand nombre ainsi que des drapeaux Kataëb en certains endroits.

Les cloches de Bkerké ont sonné avec l’arrivée, un peu avant 11h, de la dépouille mortelle du patriarche à Bkerké. Le cercueil a été accueilli par le patriarche maronite Béchara Raï, et plusieurs personnalités politiques (voir par ailleurs). Le cercueil ouvert a été exposé durant tout l’après-midi dans la chapelle Notre-Dame de la Tendresse, située dans l’enceinte de Bkerké, pour ceux qui souhaitent se recueillir devant le corps du prélat. Des messes ont été célébrées sur place en continu jusqu’à 17h30. Elles ont été suivies de prières jusqu’à minuit. Des fidèles présents à Bkerké hier ont évoqué une ambiance émue et teintée de piété. Mgr Raï a passé le reste de la journée à recevoir les condoléances de personnalités de différents horizons.

À noter que les images en gros plan diffusées dans les médias de la dépouille mortelle du patriarche Sfeir reposant dans son cercueil n’ont pas manqué de susciter chez certains des interrogations et de l’indignation. Le directeur du Centre catholique d’information, le père Abdo Abou Kassem, a expliqué qu’il s’agissait d’une tradition au sein de l’Église maronite. « Les Libanais prennent la bénédiction d’un homme de son envergure », a expliqué le prêtre, dans un entretien à la chaîne MTV. « Cela permet aussi aux fidèles de poser un dernier regard d’adieu sur le patriarche », a-t-il ajouté.

L’évêché maronite de Zahlé a quant à lui proposé aux paroissiens de la région des transports communs pour se rendre aux funérailles cet après-midi. Sur un autre plan, l’Association des commerçants d’Achrafieh, Sodeco et Gemmayzé a appelé les magasins de la région à fermer leurs portes aujourd’hui. Parallèlement, et conformément à une note du Premier ministre Saad Hariri portant sur le deuil national de 48 heures observé hier et aujourd’hui, les banques et toutes les entreprises privées ainsi que les écoles publiques et privées seront fermées aujourd’hui.





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