Le patriarche maronite, Mgr Bechara Raï, et le métropolite grec-orthodoxe, Elias Audi, ont appelé dimanche à l'occasion de la Pâque orthodoxe à des mesures d'austérité ciblées alors que le gouvernement doit examiner à partir de mardi le projet de loi de budget pour l'exercice 2019.
"Le gouvernement et le Parlement doivent rapidement adopter le budget avec les mesures nécessaires pour mettre fin au gaspillage de l'argent public, récupérer l'argent des ports, douanes, impôts et des bien-fonds maritimes", a déclaré le prélat lors d'une messe à Bkerké, appelant à mettre fin à l'évasion fiscale et à prendre des mesures d'austérité concernant les déplacements des responsables libanais.
Le prélat s'est cependant élevé contre une réduction des subventions aux écoles gratuites privées. "Dans le cadre des mesures d'austérité auxquelles il réfléchit, le gouvernement pense peut-être à cesser de soutenir les écoles gratuites. Ceci serait inacceptable. Comment l'Etat pourrait s'occuper des orphelins, des personnes handicapées et d'autres situations particulières sans parrainer ces écoles qui comblent l'absence de l'Etat ?", s'est interrogé Mgr Raï.
De son côté, Mgr Audi a appelé à décréter "l'état d'urgence économique". "Nombreux sont ceux qui oeuvrent à affaiblir l'Etat et faire fi des lois. Tout le monde doit prendre ses responsabilités. Il faut contrôler les dépenses, mettre fin au gaspillage de l'Etat, augmenter les recettes et arrêter de donner plusieurs salaires à certains personnes au détriment des petits fonctionnaires de l'Etat", a déclaré le métropolite lors d'une messe dimanche à la cathédrale Saint-Georges, au centre-ville de Beyrouth. "Chaque centime volé des caisses de l'Etat doit être récupéré. Ceux qui fuient l'impôt doivent être cloués au pilori. Il faut décréter l'état d'urgence économique et entamer les réformes", a-t-il poursuivi.
Plusieurs formations politiques représentées au gouvernement, dont le Hezbollah, ont affirmé qu'elles refuseraient que ces mesures d'austérité touchent les classes les plus défavorisées. "Le Hezbollah va oeuvrer pour que soit adopté un budget juste et qui contribue à la réduction des déficits, au gaspillage, à la lutte contre la corruption et à l'augmentation des recettes fiscales sans que les gens subissent les conséquences de nouveaux impôts et taxes", a déclaré dimanche le numéro deux du parti chiite, le cheikh Naïm Kassem. "Une commission d'experts, composée de ministres, de députés et de spécialistes, a réfléchi à des mesures pour le budget avant qu'il nous soit présenté. Nous exprimerons notre position au sein du gouvernement et du Parlement basé sur la justice et l'équité.", a ajouté Naïm Kassem.
Il y a deux semaines, Le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, avait proposé une baisse "temporaire" des salaires des fonctionnaires, provoquant la colère des fonctionnaires, qui ont battu le pavé. Le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le président du Parlement, Nabih Berry, ont ensuite tenté d'apaiser les tensions en affirmant qu'il ne s'agissait que d'"idées" ou encore de "rumeurs".
Les soldats de l'armée libanaise à la retraite doivent à nouveau battre le pavé mardi pour protester contre une éventuelle baisse de leur retraites. Ils avaient déjà manifesté le 16 avril dernier.
Des manifestations populaires et syndicales sont attendues le 1er mai, à l'occasion de la fête du Travail.
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commentaires (3)
Récupérez les très hauts salaires de ceux qui vous gouvernent, récupérez l'argent public des ports, l'aéroport, des douanes, les impôts, des bien-fonds maritimes, fluviaux, lacustres les commissions des bateaux turc-centrales électriques, des hydrocarbures offshore... les déplacements aériens avec familles, les déplacements électoraux avec garde-corps etc. Pourriture + pourriture = Décharge publique.
Un Libanais
16 h 05, le 29 avril 2019