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Liban

Les militaires retraités dans la rue hier contre les projets d’austérité

Du nord au sud du pays, les anciens de la troupe ont bloqué des routes à l’aide de pneus enflammés, provoquant des embouteillages monstres.

Des retraités de l’armée libanaise dans la rue, hier, pour protester contre une éventuelle baisse de leurs retraites. Photo ANI

D’anciens militaires ont manifesté hier dans diverses régions libanaises contre une éventuelle baisse de leurs retraites et ont brièvement coupé de nombreux axes routiers à l’aide de pneus enflammés. Ils entendaient protester contre la récente proposition du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de réduire les salaires des fonctionnaires, dans l’objectif de limiter le déficit budgétaire public. Résultat, les automobilistes ont été bloqués dans des embouteillages monstres durant la matinée, pour une bonne heure parfois. Sur le tronçon d’autoroute entre Damour et Khaldé, l’embouteillage était tel que les bouchons s’étiraient jusqu’à Saïda.

Du Nord au Sud, en passant par la montagne et la Békaa, les retraités de l’armée se sont rassemblés, portant des écriteaux, hurlant leurs slogans, chantant des chants patriotiques, réclamant le respect de leurs droits. C’était le cas en matinée à Chouit, dans le caza de Baabda, sur l’autoroute de Naamé au sud de Beyrouth et sur l’autoroute de Chekka au Liban-Nord. De même, les manifestants ont bloqué l’axe Dahr el-Baïdar-Chtaura qui mène à la Békaa. Rassemblés place el-Nour, à Tripoli, les retraités de l’armée ont appelé le chef de l’État, Michel Aoun, « à distribuer au Parlement les photos des martyrs de la troupe, afin qu’ils sachent tous que nous ne sommes pas des numéros, mais que nous avons notre lot de morts, de blessés et de handicapés », ont-ils dit, précisant que ces soldats blessés au combat sont aujourd’hui « incapables de travailler ». Et d’inviter le président libanais « à ne pas toucher aux salaires des retraités de l’armée, car il s’agit d’un droit acquis », mais à leur faire part de « sa solidarité ».

Au Liban-Sud, les protestataires se sont rassemblés à Ghaziyé, sur l’autoroute Saïda-Tyr, et au niveau du rond-point al-Bass à Tyr, avant de se diriger vers Nabatiyé, Bint-Jbeil, Hasbaya. Invitant l’État « à ne pas toucher » à leurs retraites, ils ont menacé « de recourir à l’escalade » mais aussi « à d’autres moyens », si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. « L’État ne respecte pas les militaires, ceux-là mêmes qui ont payé de leur vie ou de leur chair. Ce rassemblement est une mise en garde adressée aux autorités », a martelé un général à la retraite qui se trouvait dans la rue, interrogé par la chaîne LBCI.

La grogne a gagné hier le secteur de la santé. Protestant contre des salaires impayés depuis plusieurs mois, les fonctionnaires de l’hôpital gouvernemental de Saïda se sont rassemblés devant l’entrée des urgences, pour réclamer le paiement de leurs salaires. Le responsable du comité des employés de l’hôpital, Khalil Kahine, a également réclamé pour l’occasion que le ministère de la Santé accélère le paiement des arriérés dus aux hôpitaux depuis l’année 2018, liés à la prise en charge des patients.

Notons que le ministre Gebran Bassil s’est contenté pour l’instant de préconiser une réduction « momentanée » des salaires des fonctionnaires, pour pouvoir remédier au déficit des finances publiques, mais qu’aucun projet sérieux n’a été proposé ni rendu public. Cette annonce-surprise du ministre des Affaires étrangères, qui a suscité l’ire du corps militaire, a également suscité une cascade de réactions survoltées au sein de la classe politique et dans l’ensemble des corps professionnels publics qui ont dénoncé une mesure « injuste et inadaptée ».

Hier en fin de matinée, le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, ainsi que les membres nouvellement nommés du Conseil militaire ont été reçus par le président du Parlement, Nabih Berry. Mais le général Aoun a nié, dans une déclaration à la LBCI, que sa visite au chef du législatif soit liée au dossier des retraites des anciens militaires.

Par ailleurs, des députés anciens militaires et une délégation des retraités de l’armée ont tenu une réunion au terme de laquelle le parlementaire Jamil Sayyed, ancien directeur général de la Sûreté générale, a annoncé qu’un comité de suivi chargé d’organiser le mouvement de protestation de façon « civilisée » a été formé. « Toute réduction des retraites des militaires ne résoudra pas le problème tant qu’on ne met pas un terme aux sources de gaspillage », a-t-il déclaré.

D’anciens militaires ont manifesté hier dans diverses régions libanaises contre une éventuelle baisse de leurs retraites et ont brièvement coupé de nombreux axes routiers à l’aide de pneus enflammés. Ils entendaient protester contre la récente proposition du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de réduire les salaires des fonctionnaires, dans l’objectif de limiter le...

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