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Liban - Décryptage

Réformes : selon Kanaan, le moment est propice pour passer aux actes

Lorsque le chef de l’État a lancé, à partir de Bkerké, dimanche, sa fameuse phrase sur la nécessité de travailler jour et nuit pour achever le projet de loi sur le budget, tout en proposant à ceux qui ne possèdent pas le sujet de se rendre à Baabda pour se faire aider, il ne voulait pas provoquer une polémique avec une partie précise. Il voulait simplement pousser les parties concernées à faire vite, car le temps presse. Deux jours auparavant, il avait reçu à Baabda le président de la commission parlementaire des Finances, Ibrahim Kanaan, avec lequel il avait passé en revue la situation économique et la discussion avait abouti à la conclusion que toute perte de temps réduit les possibilités de réforme dans le budget de l’État.

À ceux qui ont réagi à la phrase du président Michel Aoun, en affirmant que le chef de l’État outrepasse ainsi ses prérogatives, les milieux proches de Baabda précisent qu’au contraire, c’est à lui de pousser les différentes parties à assumer leurs responsabilités, sachant qu’il est le seul responsable à avoir prêté serment pour préserver la Constitution, laquelle stipule que le projet de loi sur le budget doit être soumis au vote du Parlement au cours de la première quinzaine d’octobre de l’année qui précède ce budget, en l’occurrence octobre 2018. Car il s’agit du budget de l’année 2019, dont quatre mois se sont déjà écoulés. Comment pourrait-on adopter des réformes alors que l’argent a déjà été dépensé ? Le projet a donc déjà plusieurs mois de retard et le chef de l’État ainsi que le président de la commission parlementaire des Finances ont voulu tirer la sonnette d’alarme. D’ailleurs, depuis cette fameuse phrase, le président de la Commission des Finances s’adresse régulièrement aux médias pour les mobiliser en faveur de l’accélération du processus.


(Lire aussi : Une première version « soft » du budget à prévoir avant l’intégration de mesures plus douloureuses)


M. Kanaan estime à ce sujet que la lenteur est inexplicable. Il a même une vague impression de « Titanic », lorsque les gens dansaient alors que le bateau commençait à couler. Toutefois, il ne pense pas que nous en sommes là. Seulement, il ne faut plus perdre de temps, surtout que la communauté internationale a les yeux fixés sur le Liban et sur le budget en particulier, attendant de voir des décisions concrètes encourageantes pour débloquer les fonds promis. Selon lui, il est possible de sauver la donne en faisant des efforts dans trois directions : en réduisant le déficit d’Électricité du Liban, ce qui est en train d’être fait à travers le projet présenté par la ministre Nada Boustani qui a été adopté en Conseil des ministres et au Parlement, en mettant à jour les comptes publics et en prenant des mesures d’économie strictes dans la loi des finances. Selon M. Kanaan, lors de la dernière visite d’une délégation libanaise à Washington, le président de la Banque mondiale a été très clair en disant que le Liban doit donner des signaux encourageants dans les deux mois qui viennent pour recevoir les fonds promis.

Ibrahim Kanaan est convaincu que le moment est propice à l’action, car le terrain sur le plan populaire et médiatique a été préparé pour faire accepter des mesures d’austérité, mais il faut maintenant que les paroles soient suivies d’actes concrets. En ce qui le concerne, il a annoncé hier la fin de l’enquête sur les embauches illégales. Il avait d’ailleurs convoqué une réunion de la commission en présence des membres de la Cour des comptes et 24 députés sont venus (la commission en compte 17 qui généralement n’assistent pas tous aux réunions). Ce qui prouve qu’il y a un véritable intérêt sur ce sujet. M. Kanaan a précisé que le rapport va être rédigé, après une enquête qui a commencé en octobre dernier et qui a porté sur près de 5 000 personnes embauchées, en infraction de la loi, après l’adoption du texte sur l’échelle des salaires en août 2017. Le rapport sera transmis à la Cour des comptes qui a, dans ce contexte, le rôle d’un tribunal. Selon lui, le dossier est clair. Il y a une irrégularité évidente, mais c’est à la Cour des comptes de trancher et d’annuler les contrats illégaux si elle le juge bon. Selon l’enquête menée sur son impulsion, il est clair que les embauches avaient un caractère politique, comme si l’État était devenu une machine électorale. M. Kanaan estime à cet égard que le premier effet de l’enquête menée est que désormais les politiques, et les ministres en particulier, n’osent plus procéder à de nouvelles embauches. Il existe donc un climat nouveau le poussant à considérer que le moment est propice à une action décisive sur l’arrêt du gaspillage public. Il rappelle aussi que la loi sur l’échelle des salaires avait prévu que le gouvernement fasse un état des lieux complet de l’administration pour déterminer où se trouve le surplus et où se trouvent les postes vacants. Cela n’a jamais été fait. Aujourd’hui, il estime que cette démarche est indispensable, d’autant qu’il est apparu que certains fonctionnaires ont été embauchés alors que la loi ne prévoit pas leurs postes. Selon lui, la mise à jour des comptes publics, la limitation du gaspillage et la réforme administrative constituent actuellement un véritable espoir, qui peut être réalisé, pour sortir de la crise économique. L’élément positif, c’est qu’un tabou a été brisé sur ce plan. Il reste encore à en profiter pour agir vite et avec efficacité.



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Lorsque le chef de l’État a lancé, à partir de Bkerké, dimanche, sa fameuse phrase sur la nécessité de travailler jour et nuit pour achever le projet de loi sur le budget, tout en proposant à ceux qui ne possèdent pas le sujet de se rendre à Baabda pour se faire aider, il ne voulait pas provoquer une polémique avec une partie précise. Il voulait simplement pousser les parties...

commentaires (4)

Si tous les décrets et les décisions sont comme la décision du Conseil d'Etat dans les carrières des Fattouche à Aïn Dara avec ses risques avérés des cancers des poumons et défiguration du paysage de la montagne libanaise, faites vos valises et baluchons pour aller vivre ailleurs.

Un Libanais

17 h 07, le 26 avril 2019

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Commentaires (4)

  • Si tous les décrets et les décisions sont comme la décision du Conseil d'Etat dans les carrières des Fattouche à Aïn Dara avec ses risques avérés des cancers des poumons et défiguration du paysage de la montagne libanaise, faites vos valises et baluchons pour aller vivre ailleurs.

    Un Libanais

    17 h 07, le 26 avril 2019

  • EN SOMME- S'IL FAUT CROIRE EN LE DECRYPTAGE CI-HAUT-IBRAHIM CANAAN EST UNE REFERENCE INTERNATIONALE POUR CE QUI TOUCHE DE PRET OU DE LOIN - visiblement de tres loin-LE SECRET DE BIEN REUSSIR SON BUDGET. POUR PREUVE, CEUX DES 2 ANNEES PRECEDENTES, Y COMPRIS LA FAMEUSE "ECHELLE DE SALAIRES"""" TRES -TROP BIEN REUSSIE .

    Gaby SIOUFI

    13 h 36, le 26 avril 2019

  • Assez parlé de ce qu'il faut faire. A-G-I-S-S-E-Z!

    Tina Chamoun

    10 h 49, le 26 avril 2019

  • CET ARTICLE DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD COMMENCE ET FINIT PAR DES ENCENSEMENTS HABITUELS. QUAND AU TRAVAIL DE MONSIEUR KENAAN C,EST BIEN FAIT ET ON DOIT ANNULER TOUTES LES EMBAUCHES FAITES APRES LA LOI DE 2017 MAIS ON DOIT AUSSI REDUIRE LE NOMBRE IMMENSE ET NON NECESSAIRE DES EMPLOYES DU SECTEUR PUBLIC OU LES EMBAUCHES DEPUIS TOUJOURS AVAIENT UN CARACTERE POLITIQUE. QUE D,EMBAUCHES TOUCHENT UN SALAIRE POUR CHASSER DES MOUCHES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 26 avril 2019

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