Rechercher
Rechercher

Liban - Mémoire collective

Sur Facebook, un féru d’histoire raconte la guerre du Liban « au jour le jour »

Capture d’écran de la page Facebook « La guerre du Liban au jour le jour ».

Il y a tout juste 4 ans, notre collaborateur Georges Boustany, homme d’affaires féru d’histoire et d’archives, s’est lancé dans un projet titanesque. Il s’est donné pour mission de parler tous les jours des petites et des grandes histoires qui ont alimenté la guerre civile libanaise pendant 15 ans. Sur sa page Facebook « La guerre du Liban au jour le jour », il publie quotidiennement un résumé d’une des innombrables journées de la guerre, documents à l’appui.

C’est à l’occasion du 40e anniversaire du début de la guerre civile que M. Boustany, diplômé de sciences politiques, a décidé de mener ce travail de mémoire, dans un pays où il n’existe pas de version unifiée des événements survenus lors de la guerre civile. Sa page est aujourd’hui suivie par plus de 30 000 abonnés et puise la plupart de ses informations dans les archives de L’Orient-Le Jour, journal avec lequel il collabore dans le cadre d’une rubrique bimensuelle, la Carte du Tendre.

Il publie également des photos issues de sa propre collection et dénichées dans les marchés aux puces, au Liban… ou même en France. M. Boustany avoue également détenir de nombreuses photos de la guerre trouvées dans les poubelles par des mendiants et revendues ensuite aux collectionneurs. Sa passion des archives a commencé alors qu’il avait 8 ans, au tout début de la guerre. C’est alors qu’il a commencé à collectionner des coupures de journaux, conscient de vivre un événement « exceptionnel ».

« J’essaie d’être objectif quand je fais mes résumés quotidiens sur Facebook, mais c’est difficile car chaque communauté a sa propre vision. Parfois, un même événement est décrit par les uns comme une défaite et par les autres comme une victoire. J’ai moi-même un vécu de la guerre, en tant qu’habitant d’Achrafieh, différent de celui de quelqu’un qui a vécu à Beyrouth-Ouest », raconte M. Boustany à L’OLJ. Grâce à ce travail acharné qu’il effectue en solitaire, il a permis à des milliers de jeunes Libanais de comprendre la guerre et de s’informer sur les atrocités vécues par leurs parents.

« Il faut que quelqu’un se souvienne de la guerre et de ses martyrs, c’est important. Mon but, c’est de préserver la mémoire, comme on ferait un monument aux morts, explique-t-il. J’ai été choqué par la loi d’amnistie après la guerre. C’est terrible pour les gens qui ont souffert, qui ont perdu des proches ou qui ont été mutilés… Les haines ont été enterrées mais les blessures sont toujours ouvertes et ça risque de recommencer », prévient-il.

« Les passions sont toujours aussi vivaces et il arrive que des gens se disputent sur la page, surtout s’il y a une vidéo de Yasser Arafat ou de Bachir Gemayel (…) J’aurais aimé que plus de gens réagissent sur la page, mais je comprends que ça soit difficile pour certains de s’exprimer publiquement sur la guerre, souligne Georges Boustany. Je fais tout ce travail seul. J’espère tenir le plus longtemps possible. »


Lire dans notre dossier spécial pour la 44e commémoration de la guerre libanaise :

La conflagration du 13 avril, apogée d’un long processus de crises en cascade, par Michel Touma

Pourquoi l’État n’arrive toujours pas à s’imposer 29 ans après la fin de la guerre, par Zeina Antonios

Ils ont couvert la guerre du Liban : cinq journalistes livrent leurs souvenirs les plus marquants, par Julien Abi Ramia et Matthieu Karam

Le 13 avril 1975 dans la presse : un "dimanche noir", plusieurs récits, par Claire Grandchamps

Un musée de l’indépendance des Kataëb pour lutter contre l’amnésie, par Patricia Khoder

Le bus de Aïn el-Remmané, véhicule de nos mémoires tourmentées, le récit de Marwan Chahine

La difficile écriture historique de la guerre civile, le commentaire de Dima de Clerck

Avril 1975, sorties et rentrées des artistes, par Maya Ghandour Hert


Il y a tout juste 4 ans, notre collaborateur Georges Boustany, homme d’affaires féru d’histoire et d’archives, s’est lancé dans un projet titanesque. Il s’est donné pour mission de parler tous les jours des petites et des grandes histoires qui ont alimenté la guerre civile libanaise pendant 15 ans. Sur sa page Facebook « La guerre du Liban au jour le jour », il publie...

commentaires (1)

Tout simplement bravo à Georges Boustany et sa ténacité, sa rubrique n’est pas simple à tenir surtout dans un pays où souvent il faut ménager la chèvre et le choux. Georges Tyan

Lecteurs OLJ 3 / BLF

07 h 25, le 13 avril 2019

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Tout simplement bravo à Georges Boustany et sa ténacité, sa rubrique n’est pas simple à tenir surtout dans un pays où souvent il faut ménager la chèvre et le choux. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 25, le 13 avril 2019

Retour en haut