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À La Une - Liban

Hariri hausse le ton : Celui qui me fera face devra démissionner

Les charges de Walid Joumblatt contre le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères continuent à alimenter la polémique entre les ministres du PSP et du CPL.

Le Premier ministre, Saad Hariri, prenant la parole après la formation de son gouvernement, le 31 janvier 2019 au palais de Baabda. AFP / Anwar AMRO

Le Premier ministre, Saad Hariri, a haussé le ton lundi face au chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, sans le nommer, affirmant que la personne qui lui fera face "devra démissionner". 
Le leader druze avait tiré à boulets rouges dimanche
sur le Premier ministre et sur le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, les accusant de contrevenir à l'accord de Taëf. Des charges qui continuaient lundi à alimenter la polémique entre les ministres du PSP et du CPL.

"Celui qui me fera face devra démissionner et je continuerai (à travailler) même si je dois rentrer en confrontation avec qui que ce soit", a déclaré M. Hariri, lors d'une cérémonie au Grand sérail en présence de hauts fonctionnaires. "J'ai pris la décision de travailler jour et nuit, (..) Nous devons donner en héritage à nos enfants un nouveau pays". "Si nous ne le faisons pas, rentrons chez nous", a-t-il ajouté.

Le président Michel Aoun a lui aussi réagi à la polémique, se disant "surpris par ces critiques dirigées contre le gouvernement avant même qu'il n'entame son travail", selon des propos rapportés par le compte Twitter de la présidence. M. Aoun a indiqué que les efforts du nouveau cabinet se concentreront sur la situation économique et sur la lutte contre la corruption ainsi que sur le dossier des réfugiés syriens.

En début de soirée, Walid Joumblatt est revenu à la charge sur Twitter. "Non, votre Majesté, l’État n'est pas votre propriété ou celle de vos collègues. L’État n'est pas un cahier des charges pour un contrat exclusivement réservé au secteur privé", a-t-il écrit.

Saad Hariri n'a pas tardé à lui répondre, affirmant que "l’État n'est certainement pas notre propriété, mais il ne s'agit pas non plus d'un terrain vague, ouvert à n'importe quel zaïm ou parti". "Notre projet est clair et a pour objectif de sauver l’État des déficits", a-t-il rétorqué. 

La polémique avec le leader druze Walid Joumblatt a éclaté après la formation, jeudi, du nouveau gouvernement. Sur la forme, le leader druze a relevé un empiètement flagrant sur les prérogatives du Premier ministre – et tiré la sonnette d’alarme face à une violation de l’accord de Taëf – avec une large permissivité de Saad Hariri. Sur le fond, il a mis en garde contre le regain d’influence de Damas que la composition du cabinet, telle que souhaitée par Gebran Bassil, a rendu possible. M. Joumblatt avait indiqué qu'une délégation de son bloc parlementaire allait se rendre auprès de Saad Hariri, de Michel Aoun et de Nabih Berry pour leur demander "où va l'accord de Taëf". "Si Hariri veut abandonner Taëf, cela provoquera une grosse crise dans le pays", avait-il lancé. L'accord de Taëf, signé en 1989 et qui a mis fin à la guerre civile, régit le système de partage du pouvoir et les prérogatives de la présidence de la République, de celle du Conseil des ministres et du Parlement.

Dimanche, dans une première réponse à M. Joumblatt, le bureau de presse de M. Hariri avait indiqué que "la présidence du Conseil ne voit dans les commentaires et les prises de position autour du processus de formation du gouvernement, qui ciblent son rôle dans la résolution de la crise gouvernementale, qu'une tentative pernicieuse de pêcher en eau trouble". "La présidence du Conseil des ministres, gardienne de Taëf et des prérogatives que lui donne la Constitution, ne sera jamais un bouc-émissaire et n'a pas de leçons à recevoir", pouvait-on lire dans le communiqué.

M. Bassil avait lui aussi réagi dimanche depuis Bruxelles, affirmant qu'il était temps de donner une chance au pays et au gouvernement. "Le temps de l'action est venu et il semble que de nombreuses personnes sont mal à l'aise", avait-il déclaré.


"Cesser cette hérésie"
Lundi, la polémique s'est poursuivie entre les ministre du PSP et du CPL. Ainsi, lors de la cérémonie de passation du pouvoir au ministère de l’Industrie, entre les ministres Hussein Hajj Hassan et le ministre Waël Abou Faour, ce dernier a appelé le ministre Bassil à "cesser" toute "hérésie".
Le ministre du PSP a indiqué qu'au "moment de former la commission chargée de rédiger le texte de la déclaration ministérielle, chaque parti a nommé un représentant, sauf que le ministre Bassil en a nommé trois". "Pourquoi ? Pourquoi le PSP, le Futur, le Hezbollah, les Forces libanaises et les Marada nomment chacun un ministre alors qu'il y a une partie qui nomme trois représentants", a interrogé M. Bou Faour.

L'équipe chargée de rédiger le texte est composée de Saad Hariri et des ministres de l’Information Jamal Jarrah (Futur), de l’Education Akram Chehayeb (PSP), des Finances Ali Hassan Khalil (Amal), des Travaux publics et des Transports Youssef Fenianos (Marada), de l’Economie Mansour Bteich (CPL), de la Jeunesse et du Sport Mohammed Fneiche (Hezbollah) ainsi que des ministres d’État pour le développement administratif May Chidiac (FL), les Affaires des réfugiés Saleh Gharib (chef de l'Etat, pro-Arslane), et les Affaires présidentielles Salim Jreissati (Chef de l'Etat). Une première réunion de cette commission a eu lieu lundi. Selon un communiqué publié à l'issue de la réunion, le débat était calme et a porté sur des dossiers économiques et liés aux réformes.  La question de la résistance contre Israël, sur base de laquelle le Hezbollah justifie le fait qu'il reste la seule milice armée au Liban, sera abordée lors d'une deuxième réunion mardi à 14h. Ali Hassan Khalil a ajouté qu'à ce rythme, le texte pourrait être finalisé demain.



(Lire aussi : Quatre femmes ministres : si peu... pour un record)



"Une vengeance contre Taëf"
Dénonçant une "atteinte claire" et une "vengeance claire" contre l’accord de Taëf, le nouveau ministre de l'Industrie a indiqué que M. Bassil a essayé "d'instaurer une nouvelle règle qui est que pour chaque députés les partis obtiennent un ministre. D'où est venue cette hérésie ?", a-t-il demandé. 

M. Bou Faour a aussi indiqué qu'au début de chaque premier Conseil de ministres, trois documents sont distribués aux ministres: le Pacte national, la Constitution, et le règlement intérieur du Conseil des ministres. "Sauf que cette fois, on ne nous a pas distribué le texte du Pacte national, a souligné M. Bou Faour. Si nous voulons vivre avec les mêmes préoccupations historiques et la même haine historique contre l'accord de Taëf, les choses ne vont pas se régler dans le pays". 

Le ministre a en outre critiqué ses collègues du CPL que dirige M. Bassil pour leur retard, samedi, pour la première réunion du cabinet." Tous les nouveaux ministres sont arrivés au Palais présidentiel à 10h30 comme il leur était demandé. Mais les ministres du CPL sont arrivés à 11h10". "C'est du mépris à l'égard des ministres", a accusé M. Bou Faour.

Son collègue au sein du PSP, le ministre de l'Education, Akram Chehayeb, a de son côté affirmé que M. Joumblatt n'avait "pas ouvert le feu sur le gouvernement". "Le texte de la déclaration ministérielle a été préparé depuis trois mois, a-t-il ajouté. Mais certains points doivent encore être débattus comme la question de l'électricité".

Répondant aux allégations de M. Bou Faour, le nouveau ministre de la Défense, Elias Bou Saab, affilié au CPL, a affirmé que "le texte du Pacte national a été distribué" lors de la séance. "M. Bou Faour l'a laissé sur la table avant de partir", a-t-il précisé. Il a également affirmé que son parti respectait la Constitution. "Si quelqu'un a des préoccupations (à ce sujet), nous pouvons communiquer avec lui pour les dissiper", a ajouté le ministre.



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commentaires (8)

Il est soutenue par ceux qu’il a remercié lors de son speech !!

Bery tus

00 h 34, le 05 février 2019

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Commentaires (8)

  • Il est soutenue par ceux qu’il a remercié lors de son speech !!

    Bery tus

    00 h 34, le 05 février 2019

  • si je me rappelle les druzes sont une petite minorité au Liban, Joumblatt, veut jouer ! mais il représente que lui même !!! il veut diriger tout les druzes, même ceux de Syrie ! il faudra peut-être lui dire que les druzes en Syrie sont syriens pas libanais

    Talaat Dominique

    17 h 54, le 04 février 2019

  • D'un autre côté si Saad se sent fort c'est sûrement qu'il se sent dorénavant SOUTENU, mais par qui donc ?

    FRIK-A-FRAK

    17 h 28, le 04 février 2019

  • ENFIN, FRAPPEZ DE LA MAIN SUR LA TABLE CONTRE QUI QUE CE SOIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 19, le 04 février 2019

  • Dur d'assiter à sa chute , pour cause de non fiabilité dans ses positions politiques . On vient de lui couper les ailes à ce caméléon.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 12, le 04 février 2019

  • Le mégalo souffre le martyr quand il est ignoré ou évincé . Joumblatt n'a pas supporté l'idée de pas avoir être consulté avant l'annonce du nouveau gouvernement . Maintenant qu'il n'a plus le monopole de la représentativité des druzes , il doit se faire avec la nouvelle réalité aussi amère soit-elle.

    Hitti arlette

    17 h 00, le 04 février 2019

  • Le crepage de chignons a commence.

    sancrainte

    15 h 14, le 04 février 2019

  • Ceux qui s'en prennent au ministre des Affaires étrangères, cela ne me fait ni chaud ni froid. Mais ceux qui s'en prennent au Chef du gouvernement n'ont aucun droit de le faire. Ce qu'a enduré Saad Hariri pour former un gouvernement malgré tous les noeuds, cela mérite la reconnaissance de toute la Nation. Vive le Liban libre, souverain et indépendant.

    Un Libanais

    13 h 55, le 04 février 2019

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