Plus tôt dans la journée, consacrée aux journalistes locaux et étrangers venus de partout, Nadine Labaki s’était confiée à L’Orient-Le Jour, racontant son périple aux États-Unis. Ce road-movie qu’elle vient de vivre avec son mari Khaled Mouzannar, producteur du film et compositeur de la musique de Capharnaüm, mais également avec le petit Zaïn, son personnage principal.
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Infatigable et déterminée
« De Los Angeles à Washington en passant par New York, nous avons multiplié les projections et surtout les débats pour faire connaître l’œuvre et tout le contexte dans lequel elle a été réalisée. Il y avait un tel engouement. Avant que les nominations aux Goldens Globes ne soient dévoilées, une conférence de presse a même été tenue. Elle était assez révélatrice de l’intérêt que portait l’audience au film. Un véritable débat positif a eu lieu et j’avoue que Zaïn a répondu à sa manière », a-t-elle souri. « Vous savez, Zaïn est un enfant sauvage, mais notre entente est totale, car j’ai su travailler et communiquer avec lui. D’ailleurs, il était important qu’il suive tout ce processus, qui finalement le concerne. »
Depuis la tribune du Festival de Cannes où la cinéaste libanaise avait déclaré que la mission du film allait se poursuivre et que, pour cela, il fallait créer un mouvement global afin de venir en aide à cette enfance défavorisée, Nadine Labaki, entre deux tournées, n’a eu de cesse de travailler sur le volet social du film. « Nous avons réussi à créer une association pour aider les familles à ne plus envoyer leurs enfants à la rue, mais à les scolariser. Nous avons été très soutenus par l’Unicef et l’UNHCR. Mais cette action doit continuer, et pour cela, il faudrait doubler les projections à l’adresse du gouvernement afin de commencer à travailler sur une véritable législation solide. »
« Je connais trop les failles du système depuis que j’ai fait toutes ces recherches, car j’ai été partout, prisons, postes de police, orphelinats. Je sais donc par où commencer », précise-t-elle. Le Liban a-t-il été sensible à Capharnaüm ? Sa terre natale lui a-t-elle réservé le même accueil que les autres pays ? Ou nul n’est prophète en son pays ? « Vu le nombre de semaines durant lesquelles le film est resté en salle, je peux dire que oui, il a été bien accueilli. C’était palpable. Et cela malgré toutes les mauvaises intentions qui ont fusé de-ci et de-là. Mais, à mon avis, un film affirme sa présence par le débat qu’il suscite. Je suis fermement convaincue que l’objectif de Capharnaüm ne s’arrête pas au film lui-même et qu’il enclenchera dans l’avenir proche un véritable mouvement local et international. »
Le palmarès :
Étoile d’or : Joy de Sudabeh Mortezai (Autriche)
Prix du jury : La Camarista de Lila Avilès (Mexique)
Prix de la mise en scène : Teret d’Ognjen Glavonic (Serbie)
Prix d’interprétation masculine : Nidhal Saadi pour Regarde-moi de Nejib Belkadhi (Tunisie)
Prix d’interprétation féminine : Aenne Schwarz dans Alles ist Gut d’Eva Trobisch (Allemagne).
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En Italie il sort le 11 Avril et j'irai le voir, l'Italie n'est pas la France ils ne connaissent rien du Liban alors alors je fais de la publicité
12 h 41, le 26 mars 2019