Après huit jours bien chargés, le festival international, né sous le signe du partage des cultures (on n’entendait que ce mot dans toutes les allocutions...), s’est achevé en beauté. Les membres du jury Joana Hadjithomas, Lynne Ramsay, Dakota Johnson, Tala Hadid, Ileana D’Cruz, Laurent Cantet, Daniel Brühl et Michel Franco se sont prononcés chacun à son tour dans sa langue maternelle, pour déclarer ouverte la cérémonie de clôture. Entendre ces langues se mélanger en parfaite symbiose était d’ailleurs assez impressionnant. Avant la remise des prix, une rétrospective de ces huit jours s’est imposée, avec un retour sur les rencontres, les débats autour des films, les ateliers de travail et les projections de nouvelles œuvres. Et aussi les points forts, notamment l’arrivée très attendue de Martin Scorsese et la remise de l’Étoile d’or à son ami Robert De Niro.
Cette 17e édition est venue, en effet, après une petite pause d’un an, afin de mener une réflexion sur la ligne éditoriale du festival. C’est à Mélita Toscan du Plantier, conseillère de Moulay Rachid, président de la Fondation du Festival international du film de Marrakech, et à ses équipes qu’a été confiée la tâche d’organiser cette dernière édition. Directrice des relations publiques en 2001 et 2002 et du festival de 2003 à 2016, elle a contribué, par ses connaissances et ses relations publiques dans le domaine, à donner à ce festival des couleurs à la fois locales et internationales. Christoph Terhechte, nommé à cette occasion au poste de directeur artistique, a fait le point sur ce festival et a parlé du travail collégial de son équipe. Ancien président de la section
« Forum » du Festival de Berlin de 2001 à 2018, il a apporté son expérience et son regard nouveau et novateur sur la sélection. « N’ayant jamais vu les éditions précédentes, j’avais la tête pleine d’idées et une vision claire de ce que devait être cet événement cinématographique. Un festival au Maroc se doit d’être à la fois international et ancré dans la région. Il appartient certes aux Marocains, mais n’est pas isolé dans une bulle. » Preuve en est le panachage des cultures, et le mélange de premiers talents et de talents confirmés.
De son expérience berlinoise, il a apporté l’audace, l’innovation et l’originalité. Durant la cérémonie, il fut souvent remercié, notamment par James Gray, pour sa sélection osée. « J’ai greffé à l’édition, confie Terhechte, la section appelée le 11e Continent, qui s’est déroulée au musée YSL. Dans une salle de 120 places, nous avons présenté des films très originaux et inattendus. C’était une terra incognita que le public découvrait. » Le public a également pu assister aux ateliers de l’Atlas dirigés par Rémi Bonhomme et deux initiatives très louables, nouveautés du festival : les projections aux malvoyants et au jeune public.
Convivial, le Festival de Marrakech a permis, outre le visionnage de films nouveaux, de belles rencontres. Et ce sont les présentations, les débats et les conversations avec des professionnels du métier qui ont facilité tout cela. « Contrairement à d’autres festivals internationaux, Marrakech offre le temps de s’asseoir, de parler et d’échanger, et je peux affirmer que cette édition n’est pas un ballon d’essai. Elle a déjà fait ses preuves. Même avant la clôture, nous avons déjà d’excellents retours. Cette édition marque le redémarrage incroyablement positif du Festival international du film de Marrakech. Un nouveau début », a-t-il conclu. Rendez-vous donc l’année prochaine.