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Lifestyle - This is America

Le FBI file les escarpins de Judy Garland

Quand les chaussures de l’héroïne du célébrissime film « The Wizard of Oz » finissent au cœur d’un vrai thriller...


Les iconiques escarpins volés en 2005 et récupérés par le FBI. Photo National Museum of American History

Tout récemment, les conservateurs du Musée national de l’histoire américaine, relevant de la Smithsonian Institution, ont reçu un appel téléphonique du FBI leur demandant s’ils voulaient bien examiner une paire de chaussures qu’il venait de trouver. Le FBI se demandait si ces escarpins étaient ceux qui avaient été volés, en 2005, au Musée Judy Garland à Grand Rapids, au Minnesota, et que la vedette avait portés dans le film The Wizard of Oz.

En 1939, Judy Garland, alors âgée de 16 ans, n’était pas encore la mère de Liza Minnelli ni la huitième meilleure actrice de la légende du cinéma selon l’American Film Institute. Néanmoins, cette année-là, elle avait connu un grand succès grâce à son apparition dans le film-conte de fées The Wizard of Oz. Elle y incarnait une jeune fille prénommée Dorothy qui, pour sauver son chien, s’enfuit et se retrouve dans un pays enchanté où il lui est demandé d’aller voler les chaussures magiques, couleur rubis, de la mauvaise fée, qui menace les habitants. Elle accomplit sa mission et, d’un coup de talon de ses petits escarpins, s’envole et retrouve ses amis. Puis elle sort de son sommeil, car en fait, elle rêvait. Ces chaussures avaient été le clou de l’histoire, si bien que longtemps après le tournage, elles avaient été dans la ligne de mire de nombreux collectionneurs.


Enquête « under » couvert

Des sept paires prévues pour les séances de tournage sur le plateau, il n’en restait que deux. L’une se trouve toujours au Musée national de l’histoire américaine alors que l’autre, exposée au Judy Garland Museum, dans le Minnesota, avait disparu en 2005. Elle avait été prêtée à ce musée par un collectionneur, Michael Shaw, qui l’avait acquise pour 2 000 dollars. Après le vol et après avoir été remboursé de 800 000 dollars que lui garantissait une assurance contractée à ce sujet, Michael Shaw ne s’en était plus occupé. Dix ans plus tard, un autre collectionneur avait avancé un million de dollars pour retrouver ces fameux petits escarpins. Plusieurs autres tentatives dans ce sens ont été effectuées, mais en vain.

Finalement, le FBI, enquêtant sous couvert, a pu les localiser l’an dernier grâce à un « tuyau ». L’un des agents spéciaux de ce bureau qui a mené l’enquête, Christopher Dudley, expliquait : « Notre grande priorité était de récupérer cette relique en toute sécurité et sans dommage. » Une fois récupérée l’iconique chaussure brillant de mille feux, le FBI a voulu s’assurer de son authenticité et l’a donc remise à Dawn Wallace et Richard Barden, deux membres du département de conservation du Musée de l’histoire américaine qui en possédait déjà une paire. C’est à ce moment-là qu’a débuté un travail de longue haleine pour les deux experts qui ont commencé par comparer cette paire avec celle déjà existante au musée. Pour ce faire, ils ont dû notamment consolider et nettoyer, un à un, les plus de cinq mille sequins formant l’ensemble, puis vérifier entre autres les matériaux employés (tissus, cuirs, etc.). Une véritable et fascinante enquête qu’ils n’ont pas hésité à évoquer dans les termes suivants : « C’était du pur Indiana Jones. » Durant le processus, ils avaient exigé de collaborer avec des scientifiques de l’institut de conservation du Smithsonian, dans la phase de l’analyse notamment, pour utiliser un matériel non destructif. Et, retour d’ascenseur, cet institut fera équipe avec eux avant de publier une étude dans la revue Heritage Science sur l’art et la manière de traiter ce genre de cas. À leur programme, également, une conférence pour partager leur expérience de sauvetage avec leurs collègues des autres musées.

In fine, selon l’avis de ces connaisseurs, il est très difficile de faire un faux d’une chaussure ayant 80 ans d’âge, d’autant que les actuels outils de dépistage de toute falsification sont devenus particulièrement précis. Les petits escarpins écarlates de Judy Garland ont toujours été et restent le graal des personnes avides de porter en eux une part de l’histoire hollywoodienne. Ils gardent une résonance unique chez le public. Chez les adultes qui ont vu le film durant leur enfance, et qui ne l’ont pas oublié, et chez les enfants auxquels on propose encore ce conte de fées en période des fêtes de fin d’année. Mieux que des bottes de sept lieues, les escarpins magiques de Garland lui ont permis de parcourir une carrière de star sur plus de quatre décennies. Artiste versatile dotée d’une voix inoubliable, sa fille Liza Minelli a de qui tenir, elle a été lauréate de plusieurs distinctions et la première femme à recevoir, en 1961, le « Grammy Award for the Album of the Year », pour l’enregistrement en direct de son concert au Carnegie Hall.


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