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Lifestyle - This is America

Du chiclé au Chiclets

Le pays de l’Oncle Sam ne mâche pas ses mots à l’occasion de la journée du chewing-gum.

Le « Bubble Gum», comme un goût d’enfance. Photo bigstock

Dans deux jours, le 30 septembre, les Américains se permettront de passer outre les bonnes manières en s’adonnant librement au plaisir de mastiquer, et même de faire des bulles, pour célébrer la journée du chewing-gum. Ils partageront aussi, peut-être, un fait historique relaté par Jennifer Mathews, professeur d’anthropologie : « Chez les Aztèques, qui connaissaient déjà les pâtes à mâcher, seuls les courtisanes, les enfants et les vieilles femmes pouvaient en faire usage. Les hommes qui le faisaient étaient jugés comme efféminés. De toute manière, il était considéré vulgaire qu’un adulte se mette à mastiquer. » Une étiquette qui perdure. Dans le contexte de cette fête, on a ressorti l’ouvrage de Mme Mathews intitulé The Chewing Gum of the Americas, from the Ancient Maya to William Wrigley (Le chewing-gum des Amériques, des anciens Mayas à William Wrigley) paru en 2009. Wrigley étant le père de l’industrialisation de ce produit dès 1891.


Grâce aux chicleros
Ce sont donc les Mayas et les Aztèques qui ont découvert que la gomme du sapotillier, arbre poussant en Amérique centrale et du Sud, pouvait rester en bouche sans fondre. Elle avait également l’avantage de rafraîchir l’haleine et de nettoyer les dents. Néanmoins, ces civilisations n’étaient pas les premières à apprécier le processus, la Grèce ancienne en faisait de même par le biais de la sève du bouleau.

Mais c’est aux Amérindiens, premiers habitants du Nouveau Monde, que les États-Unis doivent la base de l’actuel chewing-gum : le chiclé, gomme provenant du sapotillier, poussant notamment au Mexique. Dès la fin du XIXe siècle, son extraction est assurée par des travailleurs mexicains baptisés chicleros qui s’attachaient aux arbres pour les entailler en zigzag. Ensuite, quand la sève, appelée chiclé, commençait à couler, elle était recueillie dans de petits pots qui, une fois la substance bien séchée, étaient transportés en train de la forêt vers les premiers producteurs de chewing-gum de l’époque, la Wrigley Company, établie en 1891 à Chicago, et Adam Son Company, fondée en 1871. Les chicleros sont ainsi devenus des icônes de la culture populaire, apparaissant comme des « sans-peur » et de gros buveurs que l’on respectait et craignait à la fois.

Les producteurs de chewing-gum ont puisé leur inspiration auprès d’eux, leurs noms sont devenus des appellations connues jusqu’à aujourd’hui. À commencer par l’inventeur américain Thomas Adams qui, en 1871, de retour d’un séjour au Mexique où il avait pris l’habitude de mâchonner du chiclé, a fait bouillir cette matière dans sa cuisine. Après sa solidification, il l’avait découpée en rectangles puis proposée à une épicerie où le tout fut acheté en un rien de temps. Par la suite, il a mis au point une machine à fabriquer cette gomme à mâcher. Dans les années 1880, il est arrivé à en vendre cinq tonnes par jour, ajoutant au fur et à mesure des saveurs de menthe et de tutti-frutti.


Dents saines et ballons
Son succès a rapidement généré des imitateurs. En 1899, un pharmacien new-yorkais, Franklin V. Canning, lance Dentyne pour l’hygiène dentaire, avec la promesse d’éviter les caries. Un an plus tard, un chewing-gum enrobé d’une couche de sucre blanc parfumé à la menthe fait une apparition remarquée sous le nom de Chiclets. La compagnie Adams s’est alors dépêchée de l’acheter, fleurant, à raison, la bonne affaire puisque Chiclets est rapidement devenu son label le plus prisé.

À noter que le sapotillier ne produit sa sève qu’après vingt ans d’âge, et chaque arbre ne produit qu’un kilo tous les trois ou quatre ans après chaque saignée. La ruée vers son chiclé a donc diminué son apport. Face à ce manque, il a fallu lui trouver des substituts chimiques ou synthétiques pour la fabrication des chewing-gums.

Quant au Bubble Gum, il n’est arrivé sur le marché qu’en 1928. Il est le fait d’un comptable, doublé d’un inventeur, Walter Diemer, qui avait trouvé la parfaite formule pour transformer la gomme qu’on avait en bouche en bulle plus ou moins grande. Son ballon d’essai rose (à cause de la couleur d’un ingrédient de la composante) a été saisi au vol par quelques industriels et a donné lieu à plusieurs déclinaisons, dont le célèbre Bazooka. L’inventeur ne s’était pas soucié de breveter sa trouvaille qui, se vendant à un bas prix, avait fait des heureux durant la grande dépression. Toutes ces années plus tard, rien n’a pu dégonfler son Bubble Gum. Passage obligé de l’enfance…


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Dans deux jours, le 30 septembre, les Américains se permettront de passer outre les bonnes manières en s’adonnant librement au plaisir de mastiquer, et même de faire des bulles, pour célébrer la journée du chewing-gum. Ils partageront aussi, peut-être, un fait historique relaté par Jennifer Mathews, professeur d’anthropologie : « Chez les Aztèques, qui connaissaient déjà...

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Coup de coeur à notre Chiclets de notre enfance. Petite boîte jaune magique.

Sarkis Serge Tateossian

11 h 46, le 28 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • Coup de coeur à notre Chiclets de notre enfance. Petite boîte jaune magique.

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 46, le 28 septembre 2018

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