Rechercher
Rechercher

Lifestyle - This is America

Le Festival Burning Man : l’anti-Disneyland

L’extravaganza créative embrase l’Ouest profond à chaque solstice d’été.

« The man standing tall ». Photo Leo Horthy tirée du site burningman.org

Depuis le dimanche 26 août, et jusqu’au lundi 3 septembre, une partie du désert américain déborde de vie, d’énergie, de formes, de couleurs, de lumières et de sons. Une animation extraordinaire qui draine une foule immense, plus de 70 000 personnes, venues s’éclater sans limites. Ce festival anticonformiste et anticonsumériste, libre et libéré de toutes concessions, qui s’est voulu ainsi dès sa naissance depuis 32 ans, s’achèvera par un gigantesque feu le célébrant. Un moment presque sacré qui est devenu son identité, en même temps qu’il lui a donné son nom : le Burning Man Festival.

Tout a commencé en 1986 lorsque l’artiste et activiste Larry Harvey et quelques-uns de ses amis se sont retrouvés sur une plage près de San Francisco pour fêter le solstice d’été selon la tradition, c’est-à-dire en faisant un feu de camp, un peu à la manière des feux de la Saint-Jean. Au lieu d’amasser des fagots de bois à tout hasard, ils ont créé un mannequin géant et l’ont brûlé, attirant ainsi l’attention et l’intérêt du voisinage. L’année suivante, ils réitèrent l’expérience, rejoints cette fois-ci par un public de curieux. L’incendie « artistique » qui s’est peu à peu accompagné de manifestations diverses s’est largement étendu, au point qu’un lieu de rassemblement plus vaste a été aménagé en plein désert du Nevada et fut baptisé Black Rock City.


« Une déclaration d’indépendance contre-culturelle »
Depuis, chaque année, à la même période, ce site se transforme en une véritable ville, où, durant une semaine, des inconditionnels s’installent dans des campements aménagés pour l’occasion. Ce sont des milliers de participants qui vivent une expérience communautaire donnant libre cours à leurs talents, leur créativité, et un mode de vie exprimé d’une manière tout à fait personnelle. Les mots d’ordre sont les suivants : inclusion totale, expression de soi, responsabilité civique, autosuffisance. Exit donc toute tentative de récupération politique ou commerciale, et la nécessité de ne laisser aucune trace de ce passage magique et éphémère, couronné par l’impressionnante mise à feu de l’effigie d’un homme en bois. « C’est l’anti-Disneyland par excellence et Woodstock dans tous ses états. C’est tout ce que vous voulez que ça soit », avait prédit son fondateur Larry Harvey. Cette philosophie ne s’est jamais démentie. Pour canaliser tous les désirs et aider à les réaliser, un thème est proposé à chaque rencontre : l’enfer de Dante, le corps, le rêve américain, ou encore les cités perdues. L’édition 2018 du festival tourne autour du concept de la robotisation, inspirée de l’expansion des travaux sur l’intelligence artificielle. L’automatisation de tout ce qui est humain a trouvé écho chez les participants de cette grand-messe qui célèbre les cultures de toutes les possibilités.

Dans cette cité temporaire, baptisée Black Rock City, toute activité commerciale est bannie. Elle est remplacée par une économie de troc et la pratique de cadeaux. En raison des rudes conditions de vie dans le désert, les responsables procurent aux participants un guide complet de survie. D’autre part, une grande importance est donnée à la responsabilité civique et communautaire. Restituer le site tel qu’il était avant qu’il n’accueille cette population venue explorer ici ce qu’elle ne peut explorer chez elle en est le plus beau signe.

D’un intime feu de camp au bord de la mer qui s’est transformé en une cité festive est surtout né un lifestyle, miroir des tendances, des ambitions et des exhalations de l’heure. Le New York Times a vu dans ce rassemblement, tour à tour, « une semaine de carnaval cyber hippy », « un festival culturel marginal », « une foire hallucinogène », « une déclaration d’indépendance contre-culturelle», « la biennale du Whitney re-imaginée en rave party » et « l’internet fait chair ». Dans ce contexte, le Burning Man Festival n’a pas laissé indifférent les pontes de l’informatique et de la high-tech. Y sont venus faire un tour Jeff Bezos (fondateur d’Amazon), Larry Page et Serge Brin (cofondateurs de Google), Brian Behlendorf (premier développeur du serveur Apache Web) et Brewster Kahle, (créateur de l’Internet Archive).


Dans la même rubrique
Plus d’un siècle de potato chips et pas une ride

« I Love Lucy » et un nouveau musée du rire

La révolution des émojis

« God Bless America », le cri du cœur d’un immigré

Destination Monowi, la plus petite ville des States

Le hot dog, de la rue au musée

Depuis le dimanche 26 août, et jusqu’au lundi 3 septembre, une partie du désert américain déborde de vie, d’énergie, de formes, de couleurs, de lumières et de sons. Une animation extraordinaire qui draine une foule immense, plus de 70 000 personnes, venues s’éclater sans limites. Ce festival anticonformiste et anticonsumériste, libre et libéré de toutes concessions, qui...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut