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Liban - Diplomatie

La France en désaccord total avec la politique de Aoun et Bassil sur les réfugiés syriens

Paris s’inquiète du blocage gouvernemental et juge la situation « dangereuse » au Liban.


Michel Aoun et Emmanuel Macron s’exprimant respectivement, les 26 et 25 septembre, à la tribune de l’ONU. Carlo Allegri/Reuters (photos recoupées)

Paris commence à montrer des signes de mécontentement à l’égard du Liban, que ce soit à cause du retard dans la formation du gouvernement, qui risque d’impacter négativement les trois conférences internationales organisées à l’initiative du président Emmanuel Macron en faveur du pays du Cèdre, ou de la gestion locale du dossier des réfugiés syriens, dans la mesure où Beyrouth refuse que leur retour s’opère dans le sillage d’un règlement politique en Syrie.

« La France et en particulier le président Emmanuel Macron s’inquiètent fortement du retard apporté à la formation d’un nouveau gouvernement libanais », ont ainsi indiqué hier des sources responsables proches du Quai d’Orsay. Le président français, a-t-on ajouté de mêmes sources, estime que cette situation est « dangereuse » et que les leaders politiques libanais « devraient assumer leurs responsabilités pour qu’un nouveau cabinet soit formé dans les plus brefs délais ».

Emmanuel Macron a déjà évoqué ce sujet avec son homologue libanais, Michel Aoun, le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a-t-on indiqué de mêmes sources, avant de rappeler que la France « a fait beaucoup pour le Liban ». Elles faisaient ainsi allusion à l’intervention du président Macron lorsque Saad Hariri avait présenté sa démission à partir de Riyad, en novembre dernier, et aussi quand Paris a pris l’initiative de réunir trois conférences internationales pour le Liban, en particulier celle dite « CEDRE » qui a donné lieu à des engagements internationaux à hauteur de 11 milliards de dollars, sans compter l’aide militaire au Liban promise lors de la conférence de Rome.

Et les sources proches du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères d’insister sur le fait que « les Libanais doivent assumer aujourd’hui, sans plus tarder, leurs responsabilités face à l’impasse qui menace leur pays ». De mêmes sources, on a pris soin de faire observer qu’il s’agit d’un problème « interne qu’il faut traiter, bien entendu, en tenant compte de facteurs régionaux, et en particulier la politique libanaise de distanciation à l’égard des crises régionales ».


(Lire aussi : A l'ONU, Aoun rejette toute implantation et réclame le retour des réfugiés syriens sans tarder)


« Trêve de surenchères »
« Il n’y a pas d’obstacles extérieurs empêchant la formation d’un nouveau gouvernement au Liban et il importe de s’unir pour parvenir à ce but puisqu’un cabinet qui expédie les affaires courantes ne peut pas faire face au danger qui guette le pays », a-t-on encore insisté de mêmes sources, avant d’aborder le dossier des réfugiés syriens, sur le règlement duquel Beyrouth et Paris divergent.

« La France comprend le poids du danger que représente la présence des réfugiés syriens au Liban, mais considère que leur retour dans leur pays ne peut se faire que dans le cadre de l’accord de Genève définissant les conditions humaines d’un tel retour, d’autant que nombre d’entre eux ne sont pas les bienvenus en Syrie où le régime procède à une épuration ethnique et religieuse », selon les mêmes sources.

« Trêve de surenchères, ont encore dit les sources diplomatiques françaises, car ce n’est pas le groupe de travail international sur la Syrie qui décide du retour ou non des réfugiés. » Et d’ajouter : « Lors de nos contacts avec les Russes, nous étions convenus que les réfugiés syriens ont parfaitement le droit de rentrer chez eux conformément aux accords de Genève. Lorsque nous voyons cependant comment les Syriens sont poussés à l’exode et par qui, on ne comprend plus comment il est possible de réclamer leur retour. Il faut définir les conditions du retour des réfugiés syriens dans leur pays, en conformité avec les exigences internationales et du droit humanitaire. »

Les propos du Quai d’Orsay résonnent comme un écho à ceux que le président Macron a tenus lors de sa conférence de presse mardi à l’ONU, lorsqu’il s’était exprimé contre un retour « forcé » des réfugiés syriens chez eux, et avait jugé « un retour durable impossible, tant qu’il n’y a pas, au préalable, une solution politique à la crise syrienne ». Un discours qui se situe aux antipodes de la position du Liban, exposée le lendemain par le président Aoun devant l’Assemblée générale de l’ONU. Le chef de l’État avait appelé à un « retour décent, sécurisé et permanent » des réfugiés syriens dans leur pays, mais il avait refusé de lier ce retour à « une solution politique incertaine ». « À l’exception d’une petite minorité, les Syriens qui ont afflué au Liban ne sont pas des réfugiés politiques. La majorité d’entre eux ont fui leur pays à cause de la situation sécuritaire ou pour des raisons économiques », avait-il expliqué.

Enfin, au sujet du financement de l’Unrwa, le responsable français a affirmé qu’« il n’est pas possible de substituer au financement américain qui a été suspendu un autre provenant d’autres pays à chaque fois que Washington se désengage ». « La France a déjà accru de plus de 5 millions de dollars sa contribution à des aides extérieures pour 2018 et 2019 », a-t-il expliqué.


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Paris commence à montrer des signes de mécontentement à l’égard du Liban, que ce soit à cause du retard dans la formation du gouvernement, qui risque d’impacter négativement les trois conférences internationales organisées à l’initiative du président Emmanuel Macron en faveur du pays du Cèdre, ou de la gestion locale du dossier des réfugiés syriens, dans la mesure où Beyrouth...

commentaires (18)

Contradiction: si c'est sur la base des compétences, pourquoi n'y a-t-il que 6 femmes députées au Liban ? En France, le nombre de femmes en politique n'a augmenté qu'après avoir inscrit le principe de la parité dans la constitution. C'est de la "discrimination positive". Pourquoi ne pas présenter un certain nombre de femmes aux élections à l'intérieur de chaque confession et parti politique ? Il faudrait peut-être une loi qui oblige cela ! Et non compter sur la seule compétence qui ne semble pas reconnue par les autres ! Pourquoi n'y a-t-il que des alaouites au pouvoir en Syrie ? Seraient-ils les seuls compétents ? Pourquoi n'y avait-il que des sunnites au pouvoir en Irak du temps de Saddam Hussein ? Etaient-ils les seuls compétents ? On peut multiplier les exemples, même en Occident, où malgré les compétences des uns et des autres et la laïcité, des mécanismes d'obligation de représentation des minorités et des femmes existent...

de Tinguy Corinne

14 h 06, le 30 septembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • Contradiction: si c'est sur la base des compétences, pourquoi n'y a-t-il que 6 femmes députées au Liban ? En France, le nombre de femmes en politique n'a augmenté qu'après avoir inscrit le principe de la parité dans la constitution. C'est de la "discrimination positive". Pourquoi ne pas présenter un certain nombre de femmes aux élections à l'intérieur de chaque confession et parti politique ? Il faudrait peut-être une loi qui oblige cela ! Et non compter sur la seule compétence qui ne semble pas reconnue par les autres ! Pourquoi n'y a-t-il que des alaouites au pouvoir en Syrie ? Seraient-ils les seuls compétents ? Pourquoi n'y avait-il que des sunnites au pouvoir en Irak du temps de Saddam Hussein ? Etaient-ils les seuls compétents ? On peut multiplier les exemples, même en Occident, où malgré les compétences des uns et des autres et la laïcité, des mécanismes d'obligation de représentation des minorités et des femmes existent...

    de Tinguy Corinne

    14 h 06, le 30 septembre 2018

  • Bonjour à Tous. Le débat est "ouvert "sur cette constitution dont le moule reste confessionnel ,responsable de problèmes tant politiques que sociétaux, aux impacts économiques certains...preuve que la Société est "mature" .. Notre richesse est notre diversité confessionnelle. Notre faiblesse est ce besoin de vouloir ou devoir représenter chaque "appartenance" provoquant une large discrimination dès lors qu' il existe et existera toujours un ..plafond de verre ..! seule solution..l'accès à tous sur la base de leur compétence ..ne se plaint on pas de corruption permanente ? Et corruption n’est pas forcement synonyme d'argent ... Six femmes députées ..bien.. mais insuffisant..largement insuffisant ..un exemple parmi tant d'autres ..

    salamé riad

    12 h 08, le 30 septembre 2018

  • Le Liban n'a aucune part de responsabilité dans la tragédie syrienne; au contraire, c'est le pays qui accueille le plus de Syriens en exil au monde. Le Liban devrait être remercié pour cela au lieu d'être calomnié !Mais aucun pays ne peut "accueillir toute la misère du monde"(disait Michel Rocard, ministre socialiste). Et il y a un seuil de tolérance qu'il ne faut pas dépasser: 1,5 millions de Syriens dans un pays de 4 millions d'habitants, quel pays au monde peut-il accepter cela ?

    de Tinguy Corinne

    20 h 03, le 29 septembre 2018

  • Le système politique (multi)confessionnel libanais n'est absolument pas délétère; il est à l'avant-garde. En effet, toutes les confessions sont ainsi représentées, contrairement à tous les autres pays arabes, qui sont des dictatures monochromes, avec une religion d'Etat qui domine les autres. Serait-ce là le modèle que vous voulez ? Des dictatures d'une ethnie qui n'ont d'ailleurs pas empêché les massacres de chrétiens, ni les massacres entre sunnites et chiites... Dans le monde occidental, il y a une prise en compte de la nécessité de représenter le peuple dans toutes ses composantes: cela est-il bon ou mauvais, c'est une autre question; mais cela prouve que le Liban n'est pas à contre-courant. Au contraire, il est un modèle de coexistence et de tolérance dans la région; et je trouve qu'amplifier certains problèmes peut conduire à l'inverse de ce que l'on veut: un pays en paix où la charia islamique ne s'impose pas à tous et où chrétiens et musulmans vivent bien mieux que dans d'autres contrées... D'ailleurs, si l'on enlève les chrétiens, le pays sera en proie à une guerre entre sunnites et chiites comme ailleurs... Mais ce qui me choque, ce sont les propos du président français qui n'accueille que quelques migrants, mais qui veut que le Liban, pays de 4 millions d'habitants, abrite durant une période longue et indéterminée 1,5 millions de Syriens! Le problème pour les Syriens n'est pas Aoun, ne renversons pas les responsabilités !

    de Tinguy Corinne

    19 h 58, le 29 septembre 2018

  • La France realise enfin que les blocages proviennent du President et de son gendre lui-même, eux-mêmes en proies aux exigences ministérielles du Hezbollah. Le problème principal du Liban a l; heure actuelle n'est pas le retour immédiat ou plus lointain des réfugiés Syriens, mais bien la formation d'un Gouvernement et la gestion des deficits publics et de l'économie. Nous en revenons encore et toujours a ce système politique et juridique confessionnel délétère qui pourrit le Liban de l'intérieur depuis le 23 novembre 1943 et de l'incapacité de nos politiciens a fonder enfin une Nation basée sur l'égalité des Droits. Certaines parties polities souhaitante une crise économique et bancaire, meilleur moyen pour elles de modifier la structure socio-économique et religieuse du Liban. Le blocage est le meilleur moyen d'y arriver. Enfin, la diplomatie Française prends conscience de la réalité du problème et c'est une bonne chose.

    Mechelany Jacques

    16 h 16, le 28 septembre 2018

  • Choquant que la France qui panique déjà avec quelques dizaines de milliers de réfugiés sur un territoire 60 fois plus grand que le Liban veuille coller Un Million et Demi de réfugiés Syrien à ajouter au 500,000 réfugiés Palestiniens ! Avec une population libanaise de 4 Millions et de réfugiés de 2 Million au Liban, c’est comme si on demandait à la France d’acceillir 35 Millions de réfugiés - Eh bien il n’y aurait plus de France dans ce cas de figure... De l’hypocrisie à san paroxysme

    Bardawil dany

    16 h 13, le 28 septembre 2018

  • Si en France on ne l'écoute même plus, ce serait aux libanais de l'écouter ? Atmosphère de fin de règne à l'Elysée.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 41, le 28 septembre 2018

  • Depuis Mitterand les chefs d’État Français se contentent d'appuyer les Saoudiens et les Sunnites, contre le clan Irano-chiite duodécimains.Les deux sont des mahomettants qui considèrent les Chrétiens comme des infidèles et des dhimmis qu'il faut convertir, exiler ou racketer (cf 160 aine de sourate dans le Coran), surtout les sunnites d'ailleurs; tous les autres chiites: Druzes (livre de la sagesse), Alaouites (à peine considéré comme étant des Musulmans), les Tcherquesses, les Circassiens, les Karedjites, les Bahia, les Alévies (Chrétiens déguisés 1/3 des Turques) et tant d'autres... n'ont rien contre les Juifs ou les chrétiens d'un point de vue théologiques puisqu'ils rejettent la Charia... La France devrait se contenter de défendre les Chrétiens d'Orient et un Liban Chrétien, comme depuis Charlemagne.

    Nicolas ZAHAR

    12 h 20, le 28 septembre 2018

  • C'EST ABSOLUMENT VRAI CE QU'IL DEMANDE MACRON. UN RETOUR DIGNE ET SÉCURITAIRE. MAIS IL A OUBLIÉ DE DIRE À QUAND CE RETOUR ? DANS UN AN, 2 ANS, 10 ANS OU BIEN QUAND ? QUI TRAVAILLE POUR CE RETOUR ? LES RUSSES ? QU'ILS NOUS LE DISENT DONC. À QUAND ? LES MERCENAIRES QUI GOUVERNENT AU LIBAN SONT BIEN À L'AISE DANS CETTE SITUATION CROYEZ MOI. L'ARGENT ET L'AIDE QU'ILS REÇOIVENT VA DIRECTEMENT DANS LEURS POCHES. ALLEZ UN GOUVERNEMENT MAJORITAIRES DE MERCENAIRES.

    Gebran Eid

    11 h 56, le 28 septembre 2018

  • M. Macron a tout à fait raison de vouloir protéger les déplacés syriens conformément aux accords de Genève et de lier leur retour sur la base d'un accord politique en Syrie. Peut être pourrions nous, à contre coeur, accepter de nous en séparer au profit de la France qui saura surement mieux les accueillir et les intégrer. Après tout ils ne sont q'un million et demi et la France est un grand pays avec une grande expérience en matière d'intégration réussie. Pour ce qui est de l'UNWRA, excusez moi M. Macron, si j'ai bien compris la Communauté internationale n'a pas les moyens de se substituer au financement américain et c'est ce pauvre pays le LIBAN qui pourrait le faire ?? Non M. Macron notre président a été on ne peut plus clair: on ne veut ni déplacés ni réfugiés sur notre sol. Nous avons assez de problèmes sans en rajouter. Si seulement notre gouvernement s'appliquait à trouver une filière de transport à tout ce beau monde jusqu'aux cotes françaises, on est quand même très doués nous autres libanais pour ce genre de magouilles.

    Fawzi Charbel

    11 h 16, le 28 septembre 2018

  • Macron a raison sur la question du gouvernement et tort sur celle des réfugiés.

    Tabet Ibrahim

    11 h 02, le 28 septembre 2018

  • Bonjour à Nouveau. Mr Macron dit tout haut ce que que tout le monde pense tout bas. Un bémol cependant:En ce moment les débats en Europe "frisent" l'hystérie collective avec les "fake news (terme favori de Mr Trump)avec l'approche des élections de l'UE et la poussées des populistes ..) Le retour des réfugiés voisins doit se faire ,mais doit se faire dignement, selon la conférence de Genève (Ne souhaitent ils pas d'ailleurs regagner leurs familles et leur pays ?) Le Liban ne peut à lui seul gérer toute "la misère" du monde ( Francois Mitterrand ) Que le problème soit traité selon nos dignes traditions et dans le respect du droit n'oublions pas notre malheureux passé,ou multe libanais furent accueillis. "L'Etranger"

    salamé riad

    10 h 58, le 28 septembre 2018

  • LE LIBAN EST EN DANGER VENANT DE SON INTERIEUR... LIBANAIS, SAUVEZ-LE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 42, le 28 septembre 2018

  • .....mais Vrai ! incroyable est le fait que cette fois-ci macron l'ait annonce ouvertement. sans langue de bois. les libanais croient ils vraiment en le ""truc"" russe ? impossible !

    Gaby SIOUFI

    09 h 41, le 28 septembre 2018

  • E. Macron...avant tout beau parleur qui aime s'écouter parler, en France et ailleurs ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 36, le 28 septembre 2018

  • Donc l'idée de notre tendre maternelle, La France, est de nous coller les syriens réfugiés pour longtemps encore. Vraiment incroyable

    Shou fi

    09 h 32, le 28 septembre 2018

  • Bonjour à tous; La nature a horreur du vide ,dit- on .le chef de l'Etat Français "s'impatiente" ..Ce pays reste sous dépendance internationale ..quoi de plus normal dans ce cas. Pourquoi tant de difficultés a mettre en place un gouvernement ? Je vais oser: Tant que les sempiternelles négociations se feront sur la base des parties ,eux mêmes confessionnalisés,le ou les problèmes vont perdurer. A quant une profonde réforme de le constitution permettant à la société libanaise d’être représentative de façon homogène dans la vie politique? Ce modèle( tant vanté semble t- il ) à l'image d'un Puzzle obsolète , ne marche pas et n'est plus souhaitable . Osons franchir le pas, en espérant ne pas être censuré pour "crime" de "les majesté" "L'étranger"

    salamé riad

    09 h 10, le 28 septembre 2018

  • Incroyable...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 37, le 28 septembre 2018

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