"C'est la sédition en elle-même", a réagi mardi le Premier ministre désigné, Saad Hariri, en commentant la décision de la municipalité de Ghobeyri, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, de baptiser l'une de ses rues du nom du "martyr Moustapha Badreddine", cerveau présumé de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005.
"La décision de nommer une rue Moustapha Badreddine est regrettable", a déclaré M. Hariri, fils de l'ancien Premier ministre assassiné. "Nous avons eu recours à la justice et avons parlé de stabilité et de calme, alors que d'autres veulent entraîner le pays ailleurs", a-t-il ajouté, en référence à ses propos conciliateurs la semaine dernière à l'ouverture de la dernière étape du procès de l'assassinat de son père devant le Tribunal spécial pour le Liban.
"Qu'ils assument leurs responsabilités. Certains se comportent avec raison et d'autres agissent pour alimenter la discorde. Ce qui s'est produit est la sédition en elle-même", a encore dit M. Hariri.Moustapha Badreddine est considéré par le TSL comme le cerveau de l'attentat contre Rafic Hariri. Responsable militaire du Hezbollah, il a été tué en Syrie en 2016 et ne sera par conséquent pas jugé.Les quatre autres accusés sont tous membres présumés du Hezbollah.
Plus tôt dans la journée de mardi, le ministère de l'Intérieur a envoyé une lettre à la municipalité de Ghobeyri actant de son refus d'attribuer à l’une des rues du quartier le nom du "martyr Moustapha Badreddine" .
Le 14 juin 2017, la municipalité avait adressé au ministère de l’Intérieur une note l’informant officiellement de sa décision d'attribuer le nom de Moustapha Badreddine à l'une de ses rues. Dans un communiqué publié lundi soir, le conseil municipal a souligné que conformément à la loi sur les municipalités, la décision en question est devenue légale et effective du fait qu’une année s’est écoulée depuis la notification faite par la municipalité sans que le ministère de l’Intérieur se prononce à ce sujet en avalisant ou en rejetant cette mesure. "En l’absence de réaction du ministère de l’Intérieur, la décision devient légale", affirme le conseil municipal.
Mais le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk Machnouk a indiqué que son refus d'avaliser la décision de la municipalité ne pouvait être considérée comme "une autorisation tacite", notamment lorsqu’il s’agit d’un différend politique de nature confessionnelle et sécuritaire qui est susceptible de troubler l’ordre public.
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commentaires (9)
LOI, CONSTITUTION, combien de crimes n'a t on pas accompli en votre nom !
Gaby SIOUFI
15 h 18, le 19 septembre 2018