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À La Une - Assassinat de Rafic Hariri

Au TSL, l’accusation se concentre, dans ses déclarations de clôture, sur les victimes et le Hezbollah

Les audiences finales du procès de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri ont été lancées, aujourd'hui à La Haye, par le réquisitoire de l’accusation. Compte rendu de l'audience.

Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, s'exprimant devant la presse à La Haye, le 11 septembre 2018. Photo AFP / ANP / Bas CZERWINSKI

Premier à s’exprimer ce mardi devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), alors que le procès des assassins de Rafic Hariri entre dans sa phase finale, l’avocat Nigel Povoas expose « les éléments constitutifs de l’acte de criminalité grave » qu’est l’attentat du 14 février 2005, qui a fait 21 mort outre l'ancien Premier ministre libanais, et quelque 226 blessés.

D’emblée, les mots sont porteurs d’une dimension morale, inhabituelle de la rhétorique libanaise, où l’impunité pour les assassinats politiques est légion. L’avocat décrit un « crime hideux dont la victime est le peuple ». Il emploie ainsi des mots explicites pour rappeler l’ampleur de l’attentat : « voitures éviscérées », « victimes transformées en lambeaux humains », ou encore, au sens propre et figuré, « les environs immédiats de l’attentat ont été plongés dans l’obscurité »…

M. Povoas s’attarde sur « l’impact humain profond » d’un attentat ayant eu pour but de « propager un message de terreur, de la panique, ainsi que de la douleur ». Il fait à cet égard une mention particulière des victimes « aux profils divers » : gardes du corps de l’ancien Premier ministre, son compagnon tué dans son convoi l’ancien député Bassel Fleyhane, employés à Beyrouth ou citoyens de passage, « comme ce jeune homme descendu ce jour-là de son village éloigné pour chercher du travail à Beyrouth », explique-t-il.

Derrière lui, à la diagonale, sont assis trois victimes participantes, parmi lesquelles le Premier ministre désigné Saad Hariri, qui a fait le déplacement à La Haye, appelant, à son arrivée au Tribunal, à "ce que justice soit faite" tout en écartant tout esprit de vengeance. Son visage n’est pas détendu, mais n’affiche aucune émotion discernable. Les deux autres victimes, Ihsan Fayed et Clémence Tarraf, ont perdu respectivement leur époux et frère, qui faisaient partie de la garde de Rafic Hariri. La présence de ces deux femmes en toile de fond du réquisitoire émeut lorsque sont prononcés ces mots de l’avocat de l’accusation : « les auteurs de ce crime ont assassiné, blessé, terrorisé et fourvoyé (Ahmad Abou Adass pour la fausse revendication), et révélé leur cruauté, leur manque de respect profond à l’égard du peuple libanais et leur dédain répugnant de la vie humaine ».


(Lire aussi : TSL : Nous n'aurons pas recours à la vengeance, affirme Hariri)


C’est tout de suite après ces mots qu’il présente comme « cerveau de l’attentat » Moustapha Badreddine (qui ne fait plus partie des accusés depuis que sa mort en Syrie a été reconnue par le tribunal). Les quatre autres accusés -Salim Ayyash, 50 ans; Hussein Oneissi, 44 ans, et Assad Sabra, 41 ans, et Hassan Habib Merhi, 52 ans, tous suspectés d'être membres du Hezbollah) sont décrits comme ses complices chargés de jouer un rôle-clé, que ce soit au sein de l’unité d’assassinat qui a exécuté le crime (qui compte six comploteurs ainsi qu’un groupe élargi), la surveillance préalable de Rafic Hariri, la création de la fausse piste d’Abou Adass en tant que « piège crédible » et la communication de la vidéo aux médias.

Pour l’avocat, « le poids écrasant des éléments de preuve ne supporte aucun doute raisonnable ». Et parmi ces éléments de preuve, ceux dont l’imbrication prouve que « les accusés sont unis par leur lien commun avec le Hezbollah ». Il relève que Badreddine était un « responsable haut-gradé au sein du Hezbollah au cours des trente dernières années », très respecté « à Beyrouth, Damas et Téhéran », devenu « un chef important, un héros », ce qui lui a valu d’être nommé au poste de chef des opérations militaires du parti chiite en Syrie.

Le lien des accusés avec le Hezbollah a deux fondements : d’abord, les moyens du crime « complexe », qui requiert « un degré de ressources nécessaires pour son exécution » mais aussi pour le brouillage des pistes. Si les accusés ont opéré à travers « quatre couches de réseaux téléphoniques clandestins – dont le réseau vert du Hezbollah « géré par Badreddine », c’est pour rendre « la tâche très difficile aux enquêteurs chargés de les retracer ». Leur lien n’en est pas moins établi par l’accusation. Si les liens entre accusés ont été recomposés sur base de preuves indirectes et circonstancielles, comme le reproche la défense, « cela est d’autant plus factuel et puissant », puisque conforme à la complexité du crime, qui n’aurait pu être commis sans une opération militaire hautement sophistiquée, ajoute-t-il.

L'accusation s'est lancée dans un exposé très technique pour montrer la fiabilité, selon elle, des éléments de preuve sur les données téléphoniques. Le représentant de l'accusation a, en outre, prié la chambre de considérer les éléments de preuve dans leur ensemble, et non en tant qu'éléments séparés.


Wafic Safa co-comploteur

L’autre fondement du lien du Hezbollah avec les accusés est le mobile du crime présenté par l’accusation comme étroitement politique (que les parties sont autorisées à citer par une décision du tribunal fin 2014). Le mobile aurait été en 2005 de « maintenir le statu quo » que le Hezbollah et Damas avaient intérêt à préserver et que Rafic Hariri était en passe de changer « en se ralliant à l’opposition » contre l’hégémonie syrienne.

Ce que la Chambre souhaite encore entendre de l’accusation, ce sont des précisions sur la nature du lien entre le Hezbollah, Damas et les accusés, tel que décrit dans les conclusions écrites du procureur : l’accusation sera amenée a préciser au cours des audiences suivantes ce qu’elle entend par « réseaux (téléphoniques) maîtrisés par une même entité », ou encore à expliquer la portée de la description qu’elle fait respectivement des fonctions de Bachar el-Assad, Rustom Ghazalé, ancien chef des services de renseignements syriens au Liban décédé en 2015, et Wafic Safa, responsable de la coordination au sein du Hezbollah, au moment de l’attentat, ces deux derniers étant qualifiés par l’accusation de « co-comploteurs » de l’attentat.


Repère

Assassinat de Hariri : retour sur les dates-clés du TSL

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commentaires (6)

JE CORRIGE : BABA YAMOO A PLANIFIÉ... BABY YAMOO A EXECUTÉ !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 00, le 12 septembre 2018

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Commentaires (6)

  • JE CORRIGE : BABA YAMOO A PLANIFIÉ... BABY YAMOO A EXECUTÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 00, le 12 septembre 2018

  • BABA YAMOO A PLANIFIÉ... D,AUTRES ONT EXECUTÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 21, le 12 septembre 2018

  • Les faits exposer avec precision???? Les faits que vous avncez sont dignes d’un film hollywoodien, pas de la verite. Faire confiance a un tribunal qui n’a aucune raison d’avoir un parti pris???? Laissez moi rire... vous devez etre de ceux qui pensent que ben laden avec les 2 avions a reussi a detruite les 3 immeubles du world trade center et si l on pense pas comme vous on est comploteur... Il faut se documenter et avoir sa propre analyse, pas croire tout ce que l’on vous raconte... une fois que vous faites le travail plutot que d’attendre que l on vous serve la soupe dans votre bouche, peut etre vous pourriez a ce moment la parler de complot.

    Bee S

    07 h 38, le 12 septembre 2018

  • Celui qui écoute Encore les théoriciens du complot ... pour le pétrole pour ci pour cela c’est qu’il ne connaît pas le Liban et ce que le régime syriens a fait à ce pauvre pays ... ce qui veut c’est qu’il ne connaît rien

    Bery tus

    06 h 10, le 12 septembre 2018

  • Pour une fois, ne pourrait on pas juste regarder les faits, exposés avec précision, et faire confiance à un tribunal qui n’a aucune raison d’avoir un parti pris quelconque plutôt que partir sur des élucubrations non substantiées de théories du complot? Soyons soudés en tant que Libanais quelque soit le verdict pour enfin aller de l’avant. Si quelqu’un veut avancer la théorie d’un tribunal illégitime, apporter des preuves de parti pris plutôt que des « tout le monde sait » ou ce genre d’affirmation péremptoire.

    Bachir Karim

    22 h 51, le 11 septembre 2018

  • Il y avait eu une reconstitution de l’attentat en france qui avait couter aux alentours de 10millions de dollars, que le contribuable libanais avait bien entendu payer de sa poche. Pourquoi les resultats de cette reconstitution ne sont pas montrer aujourd hui alors qu ont les annoncer en grande pompe comme une preuve irrefutable??? Ce tribunal est special comme son nom l’indique, tout simplement car il est illegale et bien entendu biaiser. On saute du coq a l ane pour les accuses, il y a un article de thierry meyssan qui est paru dans le reseau voltaire qui explique tout cela d’une maniere nette et precise contrairement a ce tribunal fait pour perdre du temps et de l’argent aux libanais.

    Bee S

    22 h 17, le 11 septembre 2018

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