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Lifestyle - Positive Lebanese

Yasmina et Jean-Pierre Zahar : choisir la terre

Yasmina et Jean-Pierre Zahar, amoureux de la terre. Photo DR

Bassatin Baanoub. Le nom, déjà, laisse présager des couleurs, des sensations, des saisons et des communions. Quand le retour à la terre devient une évidence, rien ne peut arrêter l’élan. Se rencontrer déjà sous un genévrier à l’aube dans le jurd, loin de tout, mais près de tout, n’est pas anodin. Se découvrir lié par l’envie de partager un projet de vie, voici la belle aventure de Yasmina et de Jean-Pierre Zahar. Respectivement productrice dans le monde de la publicité et architecte, c’est au hasard d’une promenade, en cherchant une citadelle, qu’ils tombent sur une magnifique colline préservée à équidistance de Saïda et de Jezzine. C’est le coup de foudre, et cela fait six années que cela dure. Convaincus qu’il leur fallait absolument découvrir, préserver et travailler cette terre, c’est avec le couvent de Dar el-Moukhaless, propriétaire de ces terrains depuis 1850, qu’il vont négocier une location de près de 200 000 mètres sur 18 ans renouvelables. De ce lopin difficile d’accès avec ces milliers d’arbres, sa rivière, ses vestiges de vieilles maisons et son pont ancien, ils rêvent de faire un domaine autosuffisant, productif, modèle. Un endroit de vie et de partage, de découverte et de retour aux sources, et qu’ils protégeront et transmettront aux générations futures. Le projet aura lieu en deux étapes : d’abord faire de l’agriculture biologique et ensuite du tourisme éducatif et responsable. La terre est généreuse et le hameau de Baanoub, habité depuis l’époque romaine, révèle vite toute sa richesse, surtout qu’il est entouré d’une forêt sauvage d’un kilomètre carré.

Emportés par la beauté sauvage et pure de cet endroit magique, Yasmina et Jean-Pierre Zahar s’investissent à fond dès les premiers jours. Pour ces deux citadins, les gestes liés à la nature reviennent tout seuls, à l’instinct. C’est d’abord la récolte des oliviers millénaires et puis la plantation de plus de 1 500 arbres fruitiers, de 15 000 plants de thym, de diverses cultures maraîchères et l’installation de plus de 120 ruches. La répartition des tâches se fait tout naturellement et Jean-Pierre Zahar, qui avait déjà lancé au Hermel le premier projet d’écotourisme au Liban, s’occupe de la planification, l’infrastructure et la plantation, alors que sa femme se charge de la production, la cueillette et la transformation. Il faut construire des canalisations, dégager des sentiers, protéger les plantations des animaux sauvages et réhabiliter un tant soit peu les maisons. Le travail est ardu et condensé, mais l’enthousiasme ne faiblit pas tant la terre est riche et propre, le biotope très spécial et les activités nombreuses. D’abord la production certifiée biologique de miel, d’hydrolats, d’huile, de savons, de confitures, de légumes, de thym et autres, vendue à des particuliers et sur le marché du mercredi à Badaro sous le label « Bassatin Baanoub ». Ensuite les fleurs sauvages que Yasmina Zahar cueille parmi les 113 genres différents existant sur le terrain pour en faire des arrangements pour les occasions, les mariages et les restaurants. Ensuite viennent les projets. D’abord respecter au maximum le lieu en mettant en avant les différents objets de l’histoire comme les tessons de poterie dans la terre, les sabots, les fers à cheval, une clochette ancienne, un puits datant de l’époque romaine, autant de témoins émouvants de la vie quotidienne, rurale, rustique de nos ancêtres. Ensuite planter près de 5 000 arbres fruitiers, rajouter des ruches, réhabiliter le pont ottoman, élever des chèvres et des moutons, recréer en quelque sorte ces relations essentielles entre la terre et l’homme, et surtout les donner en partage à tous ceux qui ont envie de retourner aux sources.

Venir passer une journée à Bassatin Baanoub, c’est sentir l’humus, participer aux récoltes, planter de la vie, recueillir le miel, se baigner dans la rivière, grimper aux arbres, participer à des ateliers, s’allonger sur l’herbe, sentir les fleurs, écouter les oiseaux, observer les animaux. Et surtout, surtout, ranimer nos sens éteints, nos sensations oubliées, nos sentiments d’appartenance, nos sensibilités de fils et filles de la terre.

*Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. (voir ici)


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