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Sport - Football / Mondial – Commentaire

La Coupe du monde de foot comme un premier amour

La Coupe du monde a quelque chose d’anachronique dans le football moderne ultramondialisé. Pas de transfert à neuf chiffres, pas de joueurs renégociant leurs salaires tous les six mois, pas d’équipes construites à coups de milliards pour le plaisir d’un oligarque ou d’un cheikh. Juste onze hommes qui partent à la conquête du monde, un rêve de gosse qui n’a pas grand-chose à envier à l’hubris des empereurs, bercés par les épopées de leurs aînés et motivés par la ferveur de leur public. Les moins bien lotis se battent pour l’honneur. Les plus talentueux se surpassent pour la gloire.

La Coupe du monde ressemble à cette production hollywoodienne que l’on sait excessive, simpliste et un brin surannée, mais que l’on ne peut pas s’empêcher de regarder. Les nations redeviennent le temps d’un instant des entités tangibles et cohérentes. Les symboles, tels que les drapeaux ou les hymnes, réapparaissent comme des marqueurs d’identité et des facteurs à la fois de division et d’unité. Les peuples encouragent leurs idoles et leur réclament en retour de suer sang et eau, de leur donner tout ce que le football peut procurer en matière d’émotion : l’excitation, l’angoisse, la colère, l’exultation, la déception, l’euphorie ou encore la tristesse.
Les plus grands matchs de la Coupe du monde sont ceux où tous ces sentiments profondément contraires envahissent pendant 90 minutes, voire plus, le cœur de tous les (télé)spectateurs. Jusqu’à ce que les larmes jusqu’ici contenues prennent le dessus sur toutes les autres émotions au coup de sifflet final. En matière de dramaturgie, les demi-finales entre la RFA et l’Italie en 1970 ou entre la France et la RFA en 1982 n’ont ainsi pas grand-chose à envier aux plus grands films de cinéma.


(Lire aussi : Sept raisons de suivre la Coupe du monde)


La Coupe du monde n’est pas La Mecque du football. Mais elle en est sans conteste l’essence. Le niveau footballistique est moins relevé que lors de la Ligue des champions, les équipes sont moins bien préparées tactiquement et souvent techniquement moins à l’aise. Les meilleurs joueurs sont parfois naturellement lésés du fait du faible niveau de leur équipe nationale. Mais peu importe. Et même tant mieux ! C’est précisément son caractère imprévisible, cette (fausse) impression que la seule envie peut soulever les montagnes, cette mythification d’un enjeu somme toute dérisoire qui font de cette compétition la reine du sport roi.
La Coupe du monde, ce sont ces équipes tellement portées par un joueur qu’il finit par les posséder : la Hongrie de Puskas, les Pays-Bas de Cruyff, le Cameroun de Milla ou la Roumanie de Haggi pour ne citer qu’elles. Ce sont ces gestes fous, ces inspirations de génie, ces pétages de plomb en mondovision qui marquent durablement la mémoire collective. Ce sont tous ces joueurs de légende qui sont nés par et pour la Coupe du monde. Malgré leur immense carrière en club, c’est la Coupe du monde qui a fait Pelé, Maradona, Beckenbauer, Baggio, Ronaldo ou Zidane. C’est elle aussi qui a donné à un nombre incalculable d’enfants l’envie de toucher leur premier ballon. C’est l’aboutissement d’une carrière professionnelle qui fait écho au plaisir non moindre des premiers pas de l’amoureux du ballon rond.


(Lire aussi : Mondial de foot : La malédiction Oranje...)



La première Coupe du monde que l’on a pu suivre est souvent (toujours?) la plus belle. C’est notre madeleine de Proust. Selon les générations, on se souviendra davantage de la feinte de Pelé et de l’arrêt de Banks, de la bandoulière du Kaiser et de l’élégance de Cruyff, de la main de Maradona et de la sortie de Schumacher, de la célébration de Bebeto et du doublé de Zidane, de la panenka et du coup de boule de ce même n° 10, de la main de Suarez et de l’humiliation du Brésil à domicile.
On se souviendra de la première fois que l’on a vu notre père s’emporter devant sa télé, la première fois que l’on a célébré un but sans trop savoir pourquoi, la première fois que l’on a aimé un joueur comme on aime un amant, la première fois que l’on a pris (à tort) le football au sérieux, la première fois qu’on nous a dit que la victoire n’était pas le plus important. La Coupe du monde est un passé qui se vit au présent. Un souvenir individuel et collectif. Un moment de nostalgie un peu irrationnel qui se rappelle à nous tous les quatre ans. Et dont on aurait tort de ne pas profiter.
Place au spectacle.


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commentaires (1)

Je vois que Mr Samrani est , aussi , un passionné de foot , ça me réjoui parce que n'ayant pas du tout les mêmes orientations analytiques des faits politiques , je me retrouve dans tout Ce qu'il dit et écrit au sujet de ce jeu des stades . C'est aussi ça le miracle du foot . Le phénomène footballistique le plus frappant pour ma mémoire c'est l'Espagne 1982 avec Paolo Rossi l'italien qui met un triple aux allemands en finale alors que c'était un joueur quasiment inconnu et ayant eu maille à partir avec la justice italienne pour des paris truqués. Paolo Rossi passe de l'ombre à la lumière en 2 matchs cette année là. Pour les amoureux du foot disons leur bon MONDIAL en Russie du génial Poutine. Héhé. ...

FRIK-A-FRAK

13 h 10, le 14 juin 2018

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Commentaires (1)

  • Je vois que Mr Samrani est , aussi , un passionné de foot , ça me réjoui parce que n'ayant pas du tout les mêmes orientations analytiques des faits politiques , je me retrouve dans tout Ce qu'il dit et écrit au sujet de ce jeu des stades . C'est aussi ça le miracle du foot . Le phénomène footballistique le plus frappant pour ma mémoire c'est l'Espagne 1982 avec Paolo Rossi l'italien qui met un triple aux allemands en finale alors que c'était un joueur quasiment inconnu et ayant eu maille à partir avec la justice italienne pour des paris truqués. Paolo Rossi passe de l'ombre à la lumière en 2 matchs cette année là. Pour les amoureux du foot disons leur bon MONDIAL en Russie du génial Poutine. Héhé. ...

    FRIK-A-FRAK

    13 h 10, le 14 juin 2018

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