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Sport - Football

Coupe du monde : au Liban, les vendeurs de drapeaux sont prêts

Les étendards égyptiens et russes font leur apparition chez les commerçants.

Des drapeaux proposés à la vente sur le bord de l’autoroute reliant Beyrouth à Jounieh. Photo P.H.B.

Tous les quatre ans, la Coupe du monde de football provoque une éruption de drapeaux aux couleurs des pays participants dans les rues libanaises, faisant presque oublier celles du pays du Cèdre, toujours absent de la compétition. Ce nationalisme d’emprunt, nourri à grands renforts de clichés plus ou moins footballistiques, fait généralement les affaires des vendeurs de jouets et de gadgets, voire même de boissons et cigarettes, le plus souvent postés sur le bord des routes. Plusieurs de ces commerçants sont revenus pour L’Orient-Le Jour sur la configuration de ce marché, à trois jours du début de la compétition.

Les grossistes, qui importent plusieurs mois à l’avance les drapeaux qui vont alimenter le marché local, craignent que leurs affaires soient pénalisées cette année par une surabondance de l’offre. « Les distributeurs ont commandé trop de drapeaux par rapport à ce que le marché local peut absorber », explique à L’OLJ l’un d’entre eux, établi à Jal el-Dib, sans pouvoir donner de chiffres précis. Comme plusieurs de ses collègues, il craint que ce déséquilibre n’oblige les distributeurs à sacrifier leurs marges pour écouler leurs stocks. Selon lui, la quasi-totalité des drapeaux de pays étrangers commercialisés au Liban pendant cette Coupe du monde sont importés de Chine. « Une partie de nos fournisseurs étaient basés en Syrie avant que le conflit, qui a éclaté en 2011, ne ravage l’industrie de ce pays », note un autre fournisseur interrogé. Les prix des drapeaux évoluent dans une fourchette moyenne allant de 1 000 à 10 000 livres libanaises, en fonction des tailles et de la qualité des étoffes. 


Allemagne et Brésil favoris
Contrairement à ce que pourrait laisser croire l’enthousiasme de certains supporteurs libanais pendant le Mondial, ce sont bien les gérants d’hôtels, de bars et de restaurants qui absorbent la majeure partie des drapeaux importés au Liban. Plusieurs grossistes évoquent une proportion de 80 %, les 20 % qui restent servant à approvisionner les commerces de détail, où se fournissent les particuliers.

« On décore pour rester dans le ton », confirme le gérant d’un snack à Bourj Hammoud, dont la devanture est ornée de drapeaux, mais qui n’a pas acquis les droits pour pouvoir diffuser le match. Ces droits, qui se comptent en milliers de dollars et évoluent en fonction de la capacité des établissements, sont fixés par la Fédération internationale de football association (FIFA) et répercutés par les diffuseurs.

Au Liban, les propriétaires intéressés doivent traiter avec la société Sama, distributeur officiel du bouquet qatari beIN qui détient l’exclusivité de la diffusion de la compétition au Moyen-Orient. L’État libanais a négocié avec Sama pour autoriser Télé-Liban à retransmettre la Coupe du monde afin de permettre aux Libanais de la suivre gratuitement. Ce dispositif est toutefois réservé aux particuliers et l’exécutif prévoit de sanctionner les exploitants qui transmettront les matches via la chaîne de télévision publique. Le prix de ce cadeau fait au « peuple libanais » dépasserait les cinq millions de dollars, une somme réglée par les opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch, qui y trouvent leur compte.

Les résultats inédits des tours de qualification pour la Coupe du monde en Russie auront en outre une influence sur les ventes de drapeaux par pays. « Comme à chaque mondial, les étendards allemands et brésiliens affichent les meilleures ventes. La France est solide 3e, mais l’Espagne et l’Argentine ont aussi des fans », indique le propriétaire et gérant de Baba Jina, un vendeur de jouets et de gadgets établi sur la bordure de l’autoroute de Zouk Mosbeh depuis 55 ans. Il affirme écouler plus de 300 drapeaux en moyenne par Mondial.

Si les drapeaux de certains pays habitués de la compétition, mais éliminés lors des phases de qualification, à l’image de l’Italie ou des Pays-Bas, ont disparu des stands, d’autres, comme l’Égypte ou la Russie, se font désormais remarquer. « Il y a beaucoup d’Égyptiens au Liban qui sont fiers que leur pays soit représenté à la Coupe du monde », poursuit le gérant de Baba Jina, un avis partagé par plusieurs de ses collègues. Pour sa part, la Russie bénéficie de son statut de pays organisateur.

Polémique à Beyrouth
Enfin, les vendeurs de drapeaux – et ceux qui les achètent – doivent composer cette année avec la polémique liée à la décision du mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib, d’interdire aux habitants de la capitale de hisser tout autre drapeau que celui du Liban. Adoptée jeudi dernier et assouplie dans les 24 heures qui ont suivi – sans doute face au tollé qu’elle a provoqué –, cette décision se base sur le premier article d’une loi du 19 octobre 1945 et a pour objectif, selon M. Chbib, de prévenir les « tensions » entre Libanais supporteurs d’équipes rivales.

Descendue en flammes dans les réseaux sociaux, cette décision a fait sourire la plupart des personnes interrogées par L’OLJ. « Il va faire quoi, le mohafez ? Coller un policier à chaque coin de rue pour verbaliser les gens qui étendent des drapeaux sur leurs balcons », s’esclaffe un vendeur de drapeaux de la capitale, sous couvert d’anonymat. Il regrette que « les responsables s’investissent autant pour empêcher les gens de se détendre alors qu’ils sont beaucoup moins efficaces quand il s’agit de régler les problèmes d’approvisionnement en eau, en électricité ou encore les innombrables bouchons qui engorgent les axes routiers de la capitale ».


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commentaires (2)

Odi profanum vulgus et arceo!

Georges MELKI

10 h 28, le 11 juin 2018

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Commentaires (2)

  • Odi profanum vulgus et arceo!

    Georges MELKI

    10 h 28, le 11 juin 2018

  • Enfin un produit avec lequel les libanais pourront faire recette .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 11, le 11 juin 2018

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