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À La Une - Liban

Réunion Aoun-Berry-Hariri à Baabda : accord sur tous les dossiers

Le chef de l'Etat, le président du Parlement et le Premier ministre pour un règlement des différends politiques à travers les institutions constitutionnelles, après les récents dérapages dans la rue.

Le président libanais, Michel Aoun, entouré par le Premier ministre, Saad Hariri (d) et le président du Parlement, Nabih Berry, le 6 dévrier 2018 au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

Le président de la République, Michel Aoun, le Premier ministre, Saad Hariri, et le chef du Législatif, Nabih Berry, ont annoncé mardi leur accord pour un règlement de toutes les crises locales et annoncé leur intention de passer à l'offensive diplomatique contre Israël, à l'issue d'une réunion exceptionnelle qualifiée de "fructueuse" au palais de Baabda.

Lors de cette réunion, la première entre le chef de l'Etat, le Premier ministre et le président du Parlement depuis la crise entre M. Berry et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui a débouché sur des violences dans la rue, les trois hommes se sont également entendus sur le vote du budget de 2018 "le plus vite possible".
Les trois responsables ont abordé "la situation interne et les événements sur la scène libanaise depuis dix jours et les causes de ces développements, et se sont mis d'accord pour régler ce qui s'est passé à travers les institutions constitutionnelles, en vertu de la Constitution, des lois et des règlements", peut-on lire dans le communiqué publié par la présidence de la République.

"Il faut préserver le document du Pacte national sur lequel les Libanais se sont mis d'accord pour sauvegarder leur unité, et ne permettre à aucun différend politique de mettre en danger la paix civile et la stabilité du pays", assure le communiqué. Il souligne que "le Liban s'apprête à participer à des conférences internationales (Rome, Paris et Bruxelles) qui ont pour but de renforcer ses capacités militaires et sécuritaires et redresser l'économie, de même que lui permettre de faire face aux conséquences de l'afflux des déplacés syriens sur son territoire (...)".

Entre lundi et jeudi derniers, et suite à la diffusion d'un enregistrement vidéo qui avait fuité le 28 janvier et dans lequel M. Bassil, traite M. Berry de "voyou", des partisans d'Amal s'étaient mobilisés dans les rues de Beyrouth et sa banlieue, ainsi que dans d'autres régions libanaises. De graves incidents avaient également eu lieu à Hadeth, ville à majorité chrétienne qui jouxte la banlieue-sud de Beyrouth, entre partisans du Courant patriotique libre, dirigé par M. Bassil, et ceux d'Amal (le mouvement présidé par M. Berry. La tension était retombée le 1er février suite à un appel téléphonique effectué par le président Aoun qui s'est entretenu avec le chef du Législatif. Le lendemain, une réunion Amal-Hezbollah-CPL s'était tenue au siège de la municipalité de Hadeth afin de calmer les esprits.


En outre, les trois présidents se sont mis d'accord sur "la réactivation des institutions étatiques, notamment le Parlement et le gouvernement, et sur l'importance d'assurer l'atmosphère politique et sécuritaire nécessaire à la tenue des élections législatives prévues le 6 mai prochain (...)". Sans élections depuis 2009 en raison de trois prorogations que le Parlement s'est accordé, le Liban a récemment voté pour la première fois une nouvelle loi électorale qui se base sur le mode de scrutin proportionnel.


(Lire aussi : La réunion Aoun-Berry-Hariri : pas de retour à la troïka, mais priorité à la stabilité)


A sa sortie de la réunion, Saad Hariri avait déclaré, tout sourire, aux journalistes que "la réunion était très fructueuse et nous attendons des résultats positifs, l’ambiance était très positive, et tout le monde a fait montre d’ouverture". "Il y aura une coopération entre nous dans l’intérêt des Libanais. Ce qui importe au chef de l’Etat et au chef du Législatif, c’est d’aller de l’avant dans tous les dossiers. Il y aura un communiqué de la présidence de la République qui affirmera que (…) tous les dossiers sur lesquels il y avait des litiges sont en voie d'être réglés", a encore dit M. Hariri, à l'issue de la réunion qui a duré plus d'une heure.


Même son de cloche de la part de M. Berry, qui a également fait état d'une réunion "fructueuse", selon des propos rapportés par la chaîne LBCI.


(Repère : La tension Aoun-Berry : les temps forts d’un conflit remontant à plusieurs années)


Mur israélien
Sur le plan régional, les trois présidents ont abordé "les menaces sécuritaires israéliennes contre la souveraineté du Liban, notamment en raison de la volonté israélienne de construire un mur en béton sur la ligne bleue, alors que le Liban a émis ses réserves à ce sujet". Ils se sont mis d'accord "sur la poursuite des actions (du Liban) aux niveaux régional et international pour interdire à Israël de construire son mur en béton à l'intérieur du territoire libanais".

Lundi, les représentants des armées libanaise et israélienne ont tenu, sous la houlette de la Force intérimaire des Nations Unies (Finul), une réunion tripartite mensuelle à Naqoura, pour évoquer notamment la construction par Israël d'un mur en béton le long de la Ligne bleue à la frontière entre le Liban et Israël

Les autorités libanaises, dont le chef de l’État et le président du Parlement, ont exprimé à plusieurs reprises leur opposition à la construction de ce mur et estiment que 13 points litigieux, sur lesquels Israël compte édifier ce mur, se trouvent en territoire libanais. Les 13 points frontaliers sont revendiqués par le Liban depuis 1923, date de la délimitation des frontières entre le Liban et la Palestine par le comité Paulet-Newcombe. L’État hébreu a déjà édifié un mur en 2012 au niveau du village de Kfar Kila.


(Lire aussi : Passage obligé, l'édito de Michel Touma)


Hydrocarbures offshore
Enfin, Michel Aoun, Nabih Berry et Saad Hariri ont évoqué la question des hydrocarbures offshore et le litige qui oppose le Liban à Israël à ce sujet. Ils ont passé en revue "les moyens disponibles afin d'éloigner la menace israélienne qui est une atteinte à la résolution 1701 (du Conseil de sécurité de l'ONU) et à la stabilité de la région frontalière (...)".

Le 31 janvier, le  ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a accusé le Liban de "provoquer" Israël en lançant les procédures pour l'exploitation des ressources offshore dans le bloc 9, proche de ses frontières. Le bloc 9, évoqué par le ministre israélien, est un des deux blocs, avec le bloc 4, de la zone économique exclusive (ZEE) libanaise pour lesquels le Liban a attribué des licences d'exploration et de production d'hydrocarbures offshore, au terme d'une procédure d'appel d'offres. Alors que le bloc 4 se situe au centre de la Zone, le bloc 9 se situe à sa frontière sud et longe la ligne de démarcation revendiquée par le Liban, et qu'Israël considère donc comme appartenant à sa ZEE.

Les responsables libanais se sont aujourd'hui mis d'accord "sur la poursuite des actions (du Liban) aux niveaux régional et international pour interdire Israël de s'en prendre aux richesses pétrolières et gazières du Liban". Ces options seront étudiées lors de la réunion, demain, du Conseil supérieur de la Défense, sous la présidence de M. Aoun et en présence de M. Hariri et des ministres concernés, et ce afin de mettre un terme "aux violations israéliennes de sorte à éviter toute détérioration de la situation sécuritaire à la frontière".

Waël Bou Faour, membre du bloc parlementaire dirigé par le leader druze Walid Joumblatt, a rencontré M. Berry dans l'après-midi. "Je crois qu'aujourd'hui nous en avons fini de cette période sombre de notre vie politique", a déclaré M. Bou Faour à la presse.
"Nous devons toujours nous attendre au pire de la part d'Israël parce que les agressions israéliennes ne cessent pas, a-t-il ajouté. Nous nous dirigeons vers davantage de conflit avec Israël en ce qui concerne le pétrole (...) nous devons donc garder un front uni pour l'affronter".


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commentaires (8)

DES COMPROMIS AU DEBOTTÉ NE PEUVENT ETRE QUE BOITEUX !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 49, le 06 février 2018

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • DES COMPROMIS AU DEBOTTÉ NE PEUVENT ETRE QUE BOITEUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 49, le 06 février 2018

  • Le Liban n'est plus le Liban quand il y a la Perse qui donne des ordres par la voix du Hezbollah . Vous savez que le Liban est sous embargo grâce au Hezbollah

    Eleni Caridopoulou

    18 h 20, le 06 février 2018

  • Et vouliez qu'ils vous disent quoi? Tout va bien madame la marquise, le Pays est sous tutelle du Hezb/Amal mais tout va bien....

    IMB a SPO

    17 h 54, le 06 février 2018

  • voila une nouvelles troika ...

    Bery tus

    16 h 44, le 06 février 2018

  • dernier acte attendu : 7 ou 8 ou 9 ou 10 mai 2018.

    Gaby SIOUFI

    16 h 22, le 06 février 2018

  • Pays des miracles . Les différends politiques à travers les institutions reverront donc le Jour . Et qui vivra verra .

    Antoine Sabbagha

    15 h 59, le 06 février 2018

  • Un pays à trois têtes? Et le cerveau donc?

    Wlek Sanferlou

    15 h 10, le 06 février 2018

  • Et bien sûr tout ça sous ombrelle bienfaitrice de la résistance du hezb libanais .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 50, le 06 février 2018

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