Quel est le sérieux des menaces israéliennes contre le Liban, qui se multiplient ces derniers jours ?
Concernant le dossier de l’exploitation des hydrocarbures offshore, Tel-Aviv prétend d’abord que le bloc 9 se trouve dans sa zone économique exclusive (ZEE) et pas celle du Liban. « Lorsqu’ils (les autorités libanaises) attribuent l’exploitation d’un champ gazier, notamment le bloc 9, qui selon toutes les normes nous appartient, il s’agit d’un comportement très très provocateur », avait affirmé fin janvier le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, cité par l’agence Reuters.
Juste avant les propos de M. Lieberman, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait affirmé (à la suite de plusieurs autres responsables politiques et militaires) avant une visite à Moscou qu’il « ne tolérerait pas » que l’Iran transforme le Liban en un « site géant pour missiles de précision dirigés contre l’État d’Israël ». L’État hébreu craint également que l’Iran ne déploie des forces militaires et ne se livre à des fortifications au Liban-Sud, notamment à Chebaa, dans le but de réchauffer le front à l’avenir.
(Lire aussi : La Finul ne veut pas de surprises concernant l’édification du mur)
Il y a enfin l’affaire des 13 points frontaliers qui font l’objet d’un vieux litige entre le Liban et Israël, et sur lesquels Tel-Aviv souhaite édifier un mur.
La position israélienne lors de la réunion tripartite Liban-ONU-Israël hier à Naqoura n’était pas positive, selon des sources bien informées. Israël n’a pas pris en compte la position libanaise, présentée par le chef de la délégation d’officiers libanais présents à la réunion, le brigadier breveté état-major Malek Chamas. Ce qui, indiquent ces sources, fait assumer à la direction de la Finul à New York certaines responsabilités dans le but d’éviter un choc en raison des velléités israéliennes d’édifier le mur sur les 13 points qui se situent à l’intérieur du territoire libanais, et de la dispute autour du bloc 9. D’autant que l’ONU se montre incapable de dissuader Israël, plus sensible aux arguments américains, ajoutent ces mêmes sources.
Pour ces sources, les menaces d’Avigdor Lieberman ne tiennent pas la route, dans la mesure où Washington souhaite l’extraction du pétrole et du gaz de la ZEE où se situe le bloc 9. Elles disent s’attendre ainsi à une relance des efforts américains menés en 2011 par l’administration Obama. Un émissaire spécial devrait être désigné par les États-Unis, ceux-ci souhaitant assurer des investissements pour des compagnies américaines. Plusieurs pays européens pourraient s’associer à ces efforts afin de trouver un compromis entre le Liban et Israël autour du bloc 9.
Il faut cependant craindre que le Liban ne soit la cible de plusieurs attaques israéliennes visant à détruire les fortifications iraniennes qui pourraient être utilisées comme tranchées avancées contre Israël. Sauf qu’à ce niveau aussi, la dissuasion représentée par le Hezbollah opère. Des bombardements israéliens entraîneraient en effet une réplique de la part du parti chiite. C’est pourquoi il faudrait plutôt écarter, précisent ces sources, l’éventualité d’une attaque contre des villages libanais que Téhéran aurait transformés en sites de missiles, selon Israël. Plusieurs rapports des services de renseignements démentent de toute façon cette thèse israélienne, jugée infondée.
Les résultats de la rencontre de Naqoura et les menaces israéliennes seront en tout cas au menu de la réunion tripartite à Baabda aujourd’hui entre le président de la République Michel Aoun, le président de la Chambre Nabih Berry et le Premier ministre Saad Hariri. Suite à quoi, et sur bases des données disponibles, les mesures diplomatiques requises seront prises pour faire face à ces menaces après avoir notifié le secrétaire général de l’ONU de ces dernières et de l’empiétement de Tel-Aviv sur la ligne bleue à travers l’édification du mur de séparation avec le Liban.
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