Rechercher
Rechercher

Passage obligé

Il s’en est fallu de peu… Le pays est passé à un doigt, mercredi soir, d’un dérapage sanglant qui aurait rappelé quelque peu le tristement célèbre épisode de Aïn el-Remmaneh, détonateur en ce funeste 13 avril 1975 de la guerre libanaise. Les intempestives gesticulations miliciennes auxquelles se sont livrés des partisans – en armes – du mouvement Amal à Sin el-Fil et, surtout, sur la place publique de Hadeth ont été jugulées, mais elles ont eu pour conséquence de faire resurgir des réalités sociologiques que certains ont souvent tendance à occulter ou, du moins, à sous-estimer.

La réaction impulsive des habitants de Hadeth, qui sont descendus armés dans la rue, et les témoignages qu’ils ont exprimés publiquement – « si nous, chrétiens, ne nous défendons pas, nous n’existerons plus », ou « qu’est-ce qu’ils sont venus faire chez nous ? » – sont particulièrement significatifs et révélateurs d’un inconscient collectif qui pointe à nouveau du nez dès que la moindre occasion se présente.

Ignorer cet inconscient collectif, qui revêt au Liban un caractère profondément communautaire et qui se traduit régulièrement par des réflexes confessionnels, équivaudrait à faire preuve de cécité politique… D’autant que cette réalité remonte à très loin dans l’histoire du pays du Cèdre et ne saurait être balayée d’un revers de la main, comme certains sont tentés de le croire.

Rappeler une telle donne, à la lumière de la chaude alerte de Hadeth, n’est peut-être pas superflu à un moment où a été donné le coup d’envoi des batailles électorales dans la perspective des élections législatives de mai prochain. Plus d’une partie pourrait, de fait, être tentée de placer ce scrutin sous le signe, accrocheur mais démagogique, du nécessaire sabordage du système politico-communautaire en place, présenté comme la source de tous les maux. Cela reviendrait à faire diversion. Non pas que la gestion de la chose publique ne doive pas être profondément remise en question à la lumière des fâcheuses expériences dont pâtissent aujourd’hui les Libanais. Loin de là… Mais il ne faut pas se tromper de bataille en se fixant des objectifs illusoires, concrètement irréalisables, compte tenu des inconscients collectifs qui marquent le tissu social libanais depuis des siècles et qui resurgissent de manière récurrente, comme l’ont illustré les derniers événements.

Dans le contexte présent, et dans une perspective souverainiste, deux leitmotivs devraient être, par voie de conséquence, au centre des campagnes électorales qui pointent à l’horizon. L’un de ces thèmes est, certes, le rétablissement d’une bonne gouvernance qui permettrait de développer les infrastructures de base et d’assurer à la population des services publics performants, des prestations sociales acceptables et une qualité de vie en phase avec le siècle dans lequel nous vivons. Mais nul ne doit s’y méprendre. Il existe dans cette optique un passage obligé… Pour que de tels objectifs puissent être réellement atteints, une condition sine qua non doit être assurée et devrait être au centre du second leitmotiv de toute campagne électorale : la prééminence absolue de l’État face aux forces miliciennes de facto et la fin de toute situation para-étatique de fait accompli, ce qui implique l’instauration d’une paix civile durable – d’une paix tout court – après des décennies d’instabilité chronique due, pour l’essentiel, à la « guerre des autres » sur le sol libanais.

La déliquescence actuelle au niveau du pouvoir ne devrait pas conduire à se tromper d’adversaire. L’enjeu du prochain scrutin est, in fine, fondamentalement souverainiste : il oppose ceux qui s’obstinent à entraîner le pays dans des guerres et des conflits sans fin et sans horizon (paralysant ainsi l’État) à ceux dont le projet est d’édifier un État rassembleur et souverain, maître de ses décisions (notamment la décision de guerre et de paix), de manière à permettre aux Libanais de vivre en paix, à l’écart des bras de fer régionaux. Il s’agit là d’une condition nécessaire (mais certes pas suffisante) : pour que le pouvoir central puisse exercer pleinement sa fonction, il faut poser sans détour le problème des effets inhibiteurs que constitue la présence d’une force de facto au service d’un projet guerrier transnational. Sans ce choix souverainiste, conforme aux inconscients collectifs locaux, la bonne gouvernance à laquelle aspire l’écrasante majorité des Libanais restera un vœu pieux, un slogan démagogique, un instrument de propagande politicienne.

Il s’en est fallu de peu… Le pays est passé à un doigt, mercredi soir, d’un dérapage sanglant qui aurait rappelé quelque peu le tristement célèbre épisode de Aïn el-Remmaneh, détonateur en ce funeste 13 avril 1975 de la guerre libanaise. Les intempestives gesticulations miliciennes auxquelles se sont livrés des partisans – en armes – du mouvement Amal à Sin el-Fil et,...

commentaires (3)

Ce n est ni la première ni la dernière fois que les partisans de Amal provoquent , par tous les moyens ,les quartiers contigus aux leurs . Les derniers évènements de Mirna Chalouhi et hadath ont pris une telle ampleur qu on avait cru ,à chaud , à une réédition de la guerre civile .Il est incessamment demandé au président Berry de ramasser ses loubards des endroits où ils n' y ont rien à foutre que de gâcher la tranquillité des habitants . En conclusion . Le " vivre ensemble "qu'on chante à tue-tête, n'est que baratin , un slogan quasi impossible à appliquer à moins que chaque communauté s 'occupe de ses pénates en laissant ses élus respectifs s'occuper ( si possible ) de la bonne marche du pays et de ses institutions .

Hitti arlette

16 h 28, le 06 février 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Ce n est ni la première ni la dernière fois que les partisans de Amal provoquent , par tous les moyens ,les quartiers contigus aux leurs . Les derniers évènements de Mirna Chalouhi et hadath ont pris une telle ampleur qu on avait cru ,à chaud , à une réédition de la guerre civile .Il est incessamment demandé au président Berry de ramasser ses loubards des endroits où ils n' y ont rien à foutre que de gâcher la tranquillité des habitants . En conclusion . Le " vivre ensemble "qu'on chante à tue-tête, n'est que baratin , un slogan quasi impossible à appliquer à moins que chaque communauté s 'occupe de ses pénates en laissant ses élus respectifs s'occuper ( si possible ) de la bonne marche du pays et de ses institutions .

    Hitti arlette

    16 h 28, le 06 février 2018

  • magnifique Mr comme tjrs

    Bery tus

    16 h 10, le 06 février 2018

  • Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Les tonneaux VIDES qui déboulent font GRAND BRUIT .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 11, le 06 février 2018

Retour en haut