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À La Une - Liban

Bassil s'en prend indirectement à Berry, se dit prêt à "payer cher" pour préserver son entente avec le Hezbollah

"Le binôme islamo-chrétien est le seul possible au Liban", affirme le chef de la diplomatie.

Le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil. Photo d'archives/AFP

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, s'en est indirectement pris vendredi au chef du Législatif, Nabih Berry, avec qui il est à couteaux tirés, tout en assurant être prêt à "payer cher" pour préserver son entente avec le Hezbollah, lui-même allié au mouvement de M. Berry.

"Le Liban n'existe que grâce aux équilibres, à la diversité et au pluralisme. Lorsqu'il y a un déséquilibre, le pays régresse", a affirmé M. Bassil, lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion du comité politique du Courant patriotique libre, le parti politique fondé par le président Michel Aoun et dirigé par le chef de la diplomatie.

"Certains partis tentent d'isoler d'autres et essaient de porter atteinte au partenariat national, et ils ont un passé lié à ces tentatives", a mis en garde M. Bassil, dans une claire allusion au mouvement chiite Amal.

Le CPL et le mouvement de M. Berry s'opposent sur de nombreuses questions politiques, notamment le décret d'avancement de la promotion militaire de 1994. Cette polémique n'a toujours pas été résolue et elle envenime les relations entre le chef de l'Etat et le président du Parlement depuis des mois. Et depuis quelques jours, des campagnes sur les réseaux sociaux ont opposé des partisans d'Amal à ceux du CPL, au sujet de la normalisation avec Israël, alors que le Liban est officiellement en guerre avec ce dernier. Toutes ces tensions surviennent à quelques mois des élections législatives prévues le 6 mai prochain.

"Nous sommes attachés à la Constitution et nous ne comptons pas nous soulever contre elle. Toute modification de la Constitution nécessite la majorité des deux-tiers (du nombre total de parlementaires), et donc un accord politique", a poursuivi M. Bassil.


(Lire aussi : Abidjan, nouvel épicentre de la querelle Berry-Bassil)


"Prêts à payer cher"
"Le Liban ne peut vivre avec plusieurs binômes. Il y a un seul binôme, islamo-chrétien, car tout autre n'est que le fruit de l'imagination de certains. Aujourd'hui on parle de binôme christiano-sunnite contre les chiites, mais cela n'est qu'une tentative pour faire dévier le pays de sa trajectoire, comme cela était le cas avant l'élection présidentielle", a-t-il estimé. "Ils tentent d'exporter cette politique intérieure pour toucher les Libanais de la diaspora", a regretté Gebran Bassil.

Il faisait vraisemblablement allusion au Congrès "Lebanese Diaspora Energy" qu'il organise, et qui est censé se tenir à Abidjan, en Côte d'Ivoire, les 2 et 3 février. Selon plusieurs sources concordantes, une grande majorité des participants chiites vont probablement boycotter ce rassemblement, "sur directives" de M. Berry.

"Nous sommes prêts à payer cher pour mettre un terme à toute tentative visant à créer des problèmes entre nous et le Hezbollah, entre nous et la composante chiite, sunnite ou druze libanaises. Nous allons faire face à toutes ces tentatives", a-t-il martelé. " (...) L'entente avec le Hezbollah est stratégique, et toutes les manœuvres politiques ne pourront arriver à bout de cette entente".

"La protection des chrétiens au Liban et au Moyen-Orient se fait à travers un Etat civil", a en outre ajouté M. Bassil. "Mais jusqu'à présent, le Liban a échoué à appliquer l'article 95 de la Constitution concernant l'équilibre confessionnel au sein de la fonction publique. Sachant que la majorité (des composantes politiques) refuse l'Etat civil, nous proposons l'abolition, pour cette étape, du confessionnalisme politique de sorte à protéger la parité islamo-chrétienne".


La réponse de Hassan Khalil
Ces propos ont provoqué une réponse de la part du ministre des Finances et proche conseiller du président du Parlement, Ali Hassan Khalil, qui a accusé M. Bassil, sans le nommer, d'agiter les questions communautaires et d'utiliser la Constitution à son avantage. "La Constitution est notre garantie à tous et elle ne s'adapte pas aux circonstances politiques. Elle n'est pas un point de vue et ne peut être interprétée que par les instances chargées de l'interpréter", a affirmé M. Khalil lors d'une conférence de presse, appelant le chef de l'Etat à transmettre les questions autour de l'interprétation de la Constitution au Parlement. "Reparler de l'interprétation de la Constitution nous ramène 27 ans en arrière", a-t-il lancé, affirmant que "la Constitution ne peut être interprété par de nouveaux muftis aujourd'hui au pouvoir". 

"Certains utilisent des slogans pour dissimuler leur gestion actuelle des affaires de ce pays. Le partenariat national entre les communautés ne se limite pas à certains dossiers", a ajouté M. Khalil. "Il est dangereux et sensible de jouer avec les questions communautaires et de renforcer le communautarisme", a-t-il affirmé.

En outre, Gebran Bassil a insisté sur la solidité de l'entente de sa formation avec le Courant du Futur, affilié au Premier ministre, Saad Hariri. "Nous avons obtenu une entente avec le Futur pour aboutir au partenariat, et nous sommes attachés à l'équilibre dans le pays, et il n'y aura pas de retour aux rivalités politiques", a-t-il assuré. Il a aussi souligné qu'il était "attaché à l'entente inter-chrétienne", en allusion à l'alliance avec les Forces libanaises de Samir Geagea, qui, selon plusieurs observateurs, fait face à de nombreux obstacles depuis plusieurs mois.


(Lire aussi : Chouf-Aley : un message de Riyad à Joumblatt ?)


"Pour la troisième fois, j'ai perdu"
Concernant les élections législatives, le chef de la diplomatie s'est défendu contre ses détracteurs qui l'accusent de vouloir reporter le scrutin en proposant des modifications à la nouvelle loi électorale en vigueur."Nous avons reporté les élections de onze mois pour apporter des réformes, non pour jeter celles-ci à la poubelle", a-t-il regretté, en critiquant la non application de la carte biométrique, qui était censée justifier le report du scrutin en attendant sa mise en circulation.

Quelques heures plus tard, à l'issue de la réunion de la commission ministérielle chargée des législatives, M. Bassil a concédé sa défaite au sujet des modifications qu'il voulait apporter à la nouvelle loi électorale. "Pour la troisième fois, j'ai perdu, et les Libanais ont perdu avec moi les réformes", a-t-il affirmé.

Le 18 janvier, le Conseil des ministres, qui était censé plancher sur les modifications à apporter à la nouvelle loi électorale, avait renvoyé la balle à la commission ministérielle. Il avait ainsi demandé à cette commission d'examiner le projet de loi à caractère urgent présenté par M. Bassil pour prolonger jusqu’au 10 février la date d’inscription des électeurs libanais de la diaspora.

Du 1er octobre au 20 novembre, les expatriés libanais ont eu la possibilité de s'inscrire sur les listes électorales sur une plateforme en ligne mise en place par le ministère des Affaires étrangères afin de pouvoir voter depuis leur lieu de résidence. Près de 92.800 Libanais se sont enregistrés.

Toujours au sujet des législatives, le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, a publié une circulaire dans laquelle il rappelle les dates des élections. Le scrutin aura lieu au Liban le 6 mai 2018, et les 27 et 29 avril 2018 à l'étranger.  Le ministre a en outre précisé que les dépôts de candidature doivent être effectués entre le 5 février et le 6 mars. Les listes électorales, auxquelles les candidats doivent adhérer, en vertu de la nouvelle loi, doivent être déposées avant le 26 mars 2018.

Les dernières élections législatives remontent à 2009. Depuis, les députés ont prorogé leur mandat à trois reprises.

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commentaires (7)

Toutes ces positions à la Bruce Lee ne sont que cinéma pour attirer les quelques votes de certains sympathisant des FL, des Kataeb ou du Future et autres opposant au duo Amal/hezb et qui hésitent et pourraient être duper pour croire que Bassil et le Taureau défendent leurs droits mieux que tout autre. Mais en fin de compte il attendra les désirs/commandes du hezb une fois les élections terminées...

Wlek Sanferlou

21 h 19, le 26 janvier 2018

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Commentaires (7)

  • Toutes ces positions à la Bruce Lee ne sont que cinéma pour attirer les quelques votes de certains sympathisant des FL, des Kataeb ou du Future et autres opposant au duo Amal/hezb et qui hésitent et pourraient être duper pour croire que Bassil et le Taureau défendent leurs droits mieux que tout autre. Mais en fin de compte il attendra les désirs/commandes du hezb une fois les élections terminées...

    Wlek Sanferlou

    21 h 19, le 26 janvier 2018

  • Le CPL de Bassil et du Phare AOUN ont raison . Berry n'est pas honnête.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 23, le 26 janvier 2018

  • On tourne en rond dans un pays ou rien ne va changer , les tribus confessionnelles avec leurs chefs respectifs reviendront sans aucun sang nouveau .

    Antoine Sabbagha

    19 h 21, le 26 janvier 2018

  • Gardien des missiles, le profil tout trouvé ... et encore ... saura t il être gardien

    FAKHOURI

    19 h 11, le 26 janvier 2018

  • Si le Hezbollah l'accepte, que va t il en faire ? Il ne sait rien faire,

    FAKHOURI

    19 h 09, le 26 janvier 2018

  • ON SE VEND EN REVANT DE LA CHAISE ! COPIE CONFORME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 06, le 26 janvier 2018

  • Bayyd tanajer... seulement Bassil pense à plus tard à l’apres Son beau père tout n’en ignorant les attaques de la base du hezb et sa propre base concernant les censure et boycott

    Bery tus

    14 h 46, le 26 janvier 2018

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