Le Liban n'envisagerait pas d'adresser de requête officielle à la Ligue arabe pour mettre sur le tapis l'affaire de la démission du Premier ministre Saad Hariri, depuis Riyad le 4 novembre, et son « non-retour » au Liban depuis. C'est ce que révèle une source gouvernementale. Le pays du Cèdre n'a pas non plus réclamé que l'affaire Hariri soit mise à l'ordre du jour de la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe qui se déroulera dimanche prochain au Caire, à la demande de Riyad. De toute façon, selon le statut intérieur de la Ligue arabe, aucun dossier ne peut être discuté lors d'une telle réunion s'il ne figure pas à l'ordre du jour établi et distribué au préalable.
Par ailleurs, si le représentant libanais auprès de la Ligue arabe, Antoine Azzam, a informé le ministère des Affaires étrangères de la requête envoyée par Riyad à la Ligue, pour l'heure, le chef de diplomatie libanaise, Gebran Bassil, n'a toujours pas décidé s'il participera à la réunion.
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Voici par ailleurs le texte intégral envoyé par l'Arabie saoudite : « Riyad a fait l'objet d'une action hostile dans la soirée du 4 novembre, de la part de milices houthies liées à l'Iran au Yémen qui ont lancé des missiles balistiques de fabrication iranienne depuis l'intérieur du Yémen. Le royaume de Bahreïn a de plus été victime d'une action subversive terroriste de destruction de pipelines à l'explosif, dans la nuit du 10 novembre. Sans oublier les violations perpétrées par l'Iran dans le monde arabe et qui mettent en péril la paix et la stabilité, non seulement dans la région arabe, mais aussi dans l'ensemble du monde. C'est dans ce cadre que l'Arabie saoudite a réclamé une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, le 19 novembre. Le Conseil de la Ligue arabe a répondu par la positive à la requête saoudienne, après des concertations entre la présidence actuelle et le Conseil ministériel de l'organisme, et deux circulaires favorables adressées par Bahreïn et les Émirats arabes unis. Les discussions porteront donc sur les moyens de faire face aux interventions iraniennes dans les pays arabes, et la menace que représentent ces interventions pour la paix et la sécurité arabes ».
Dans cette invitation, aucune mention du Liban. Sauf que, selon une source arabe, « le projet saoudien de résolution comporterait une condamnation de l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie, à Bahreïn et au Yémen, de même qu'un appel au retrait (du parti chiite) de tous les fronts extérieurs à la confrontation avec Israël, au Liban-Sud ».
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Selon des sources diplomatiques, les préparatifs à la réunion de dimanche sont accompagnés d'une campagne en bonne et due forme contre le Liban sur les réseaux sociaux et sur les chaînes télévisées, et il est même question d'une menace de suspension de l'appartenance du Liban à la Ligue arabe. Mais en même temps, selon le pacte et le statut intérieur de la Ligue, aucun article ne figure à l'ordre du jour de la réunion extraordinaire, mis à part celui qui a été diffusé, à savoir les interventions iraniennes dans les affaires arabes. Et dans le cas où un pays désirerait soumettre un sujet à la discussion en dehors de l'ordre du jour, il doit obtenir le soutien préalable des deux tiers des membres du Conseil.
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commentaires (2)
On se demande quel prétexte pourrait bien trouver Bassil pour ne pas participer à cette réunion. Et s'il y est présent, va-t-il continuer à soutenir l'Iran et le Hezbollah?
Yves Prevost
10 h 16, le 17 novembre 2017