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Liban - Baabda

Aoun : La crise est en voie de dénouement

Le président Aoun recevant hier matin les membres de l’ordre et du syndicat de la presse. Photo ANI

Après l'annonce de la prochaine visite du Premier ministre Saad Hariri en France, à l'invitation d'Emmanuel Macron, le ton présidentiel a changé. Michel Aoun s'est donc voulu hier rassurant, estimant que « la crise Hariri » est en train de se dénouer et qu'il y a « des solutions à tous les problèmes ».

Depuis le déclenchement de ce que l'on nomme « la crise de la démission de Hariri », le président de la République a décidé de monter au créneau et d'expliquer directement sa position aux Libanais, à travers les groupes d'opinion et les médias. C'est ainsi qu'il a reçu hier les membres des conseils des ordres de la presse et des rédacteurs, menés respectivement par Aouni Kaaki et Élias Aoun.

Le chef de l'État est directement entré dans le vif du sujet exprimant le souhait qu'avec l'acceptation hier par le Premier ministre Saad Hariri de l'invitation que lui avait lancée mercredi soir le président français, l'épisode pénible qui a commencé avec la présentation par le Premier ministre de sa démission à partir de Riyad soit terminé. Il a tenu toutefois à expliquer comment il a choisi de gérer cette crise pour aboutir à ce dénouement, tout en dressant un tableau de la situation actuelle avant de répondre aux questions.
Après ce qui avait été considéré comme une position d'escalade la veille, avec l'insistance de la part de M. Aoun sur le fait que Saad Hariri semble être « détenu » contre son gré à Riyad, le président libanais s'est montré hier plus serein, assurant que l'objectif principal de toute son action était d'obtenir des clarifications sur la situation de Saad Hariri, tout en lui demandant de venir au Liban pour y annoncer sa décision. Une fois au Liban, il décidera s'il veut maintenir sa démission ou rester en fonction. « De toute façon, il doit être au Liban jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement, s'il décide de confirmer sa démission, afin d'y gérer les affaires courantes », a précisé le chef de l'État.

 

(Lire aussi : Désescalade, dans la perspective d'une arrivée de Hariri en France)

 

Le président est revenu sur le déroulement des événements depuis l'annonce télévisée par le Premier ministre de sa décision, le 4 novembre dernier. Il a rappelé qu'avant de partir pour Riyad, le vendredi 3 novembre, M. Hariri avait annoncé son retour dans les prochaines 48 heures et donné des rendez-vous en début de semaine en tant que Premier ministre. C'est pourquoi la décision de la démission, moins de 24 heures après ce climat optimiste, fut une surprise.

Le président a aussitôt pris des mesures sécuritaires et réuni les instances économiques pour stabiliser les marchés économiques. Il a ensuite cherché à renforcer l'unité nationale et tous ont coopéré dans ce sens. Enfin, il a voulu mobiliser les diplomates en réunissant les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que la représentante de l'Union européenne, le représentant du secrétaire général de l'ONU, l'ambassadeur d'Italie dont le pays préside actuellement le Conseil de sécurité et l'ambassadeur d'Allemagne. Selon le président, la rencontre a essentiellement porté sur l'aspect juridique de l'affaire, puisque dans le monde entier, et selon la Convention de Vienne signée par le Liban (et l'Arabie saoudite), un chef d'État, un Premier ministre et un ministre des Affaires étrangères bénéficient d'une immunité diplomatique. De même, le chef de l'État a indiqué que le fait de retenir une personne contre son gré dans un pays sans raison précise est une atteinte à la Déclaration internationale des droits de l'homme.
Le président a aussi reçu les diplomates arabes, en tête desquels le chargé d'affaires saoudien Walid al-Boukhari. À ce dernier, le chef de l'État a demandé officiellement des précisions sur les circonstances de la présence de Saad Hariri à Riyad. Mais il n'a obtenu aucune réponse. Six jours plus tard, il a réclamé son retour. Six jours ont encore passé et aucune réponse officielle n'est arrivée à Baabda. C'est pourquoi le chef de l'État est monté d'un cran dans sa position de la veille.

Hier, M. Aoun a répété qu'il n'attaque personne, mais, selon lui, il est normal qu'un chef d'État demande des précisions sur le sort de son Premier ministre, surtout après les informations qui ont circulé au Liban et dans le monde à ce sujet. « Il y va de la dignité, de la souveraineté et de l'indépendance du Liban, qui sont plus importants que tout le reste. Nous voulons assurer au Liban et aux Libanais un filet de protection pour empêcher toute violation ou toute atteinte à leurs droits. Nous avons sciemment adopté une position progressive, pour que tous les Libanais puissent comprendre ce qui se passe. Dieu merci, il semble désormais que l'affaire sera bientôt réglée. »

 

(Lire aussi : Hariri demain à Paris, le début d'un processus qui devra être consolidé)

 

Une attitude « inacceptable »
En réponse aux questions, le chef de l'État a estimé qu'un conflit entre deux États, surtout tous deux membres de la Ligue arabe, ne peut pas se régler de la façon avec laquelle l'affaire de la démission a été abordée en Arabie saoudite. « Il y avait plusieurs moyens de tenter de trouver une solution. Les autorités saoudiennes auraient pu adresser une lettre officielle aux autorités libanaises, ou même envoyer au Liban un émissaire pour évoquer la question litigieuse avec le ministère des Affaires étrangères. Mais l'attitude de Riyad a été inacceptable. »

Selon lui, le Premier ministre devrait passer quelques jours en France, mais il devra présenter sa démission au Liban. « S'il s'exprime en France, je considère qu'il le fera en toute liberté. Mais cela ne change rien au fait que la démission doit être présentée à partir du Liban. Il devra aussi rester au Liban pour gérer les affaires courantes en attendant la formation d'un nouveau gouvernement, s'il décide de confirmer sa démission. »

À ce sujet, le président Aoun s'est voulu rassurant, demandant aux Libanais de ne pas avoir peur, car il y a des solutions à tous les problèmes « et les solutions seront conformes aux lois ».
Dans ce contexte, il a indiqué qu'un gouvernement chargé des affaires courantes peut se réunir et même prendre des décisions en cas de circonstances exceptionnelles.
Au sujet de la visite du patriarche maronite à Riyad et des déclarations de ce dernier qui a affirmé, mardi, être « convaincu par les raisons de la démission » de Saad Hariri, Michel Aoun a déclaré que « les portes de Baabda lui sont ouvertes » s'il souhaite l'informer des résultats de sa visite en Arabie. Le chef de l'État a même déclaré : « Je suis un homme libre et je reconnais cette liberté à tous. »
Interrogé sur la fin de ce qu'on appelle le compromis présidentiel, le chef de l'État a déclaré que ce compromis était dès le départ conclu entre les parties libanaises. « L'élection présidentielle a été ainsi le fruit d'une convergence d'intérêts internes pour mettre fin à la vacance présidentielle qui avait duré deux ans et demi. S'il y a eu un équilibre international qui a appuyé ce compromis, nous n'en avons pas été informés ; en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu un équilibre dans les divergences qui a abouti à mon élection par les Libanais à la tête de la République. »

Interrogé sur la possibilité de convoquer une nouvelle conférence de dialogue, Michel Aoun a précisé que tout est possible, assurant que le dialogue peut être bilatéral ou multilatéral, l'essentiel étant qu'il soit mené.
Signalons par ailleurs que le président a reçu hier le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, le député Samir Jisr, membre du bloc du Futur, qui l'a remercié pour ses « positions nationales », le ministre de l'Environnement Tarek el-Khatib, ainsi que Myriam Skaff.

 

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Après l'annonce de la prochaine visite du Premier ministre Saad Hariri en France, à l'invitation d'Emmanuel Macron, le ton présidentiel a changé. Michel Aoun s'est donc voulu hier rassurant, estimant que « la crise Hariri » est en train de se dénouer et qu'il y a « des solutions à tous les problèmes ».
Depuis le déclenchement de ce que l'on nomme « la crise de la démission de...

commentaires (6)

curieusement, la grande majorite des politiques , les medias ne rappellent presque jamais que les declarations repetees de aoun qui epousaient la startegie, l'ideologie de l'iran/hebz e l'ABSENCE de ses reactions suites a la declaration de rohani, pareil a celle de wilayati ... TOUTES etant la goutte de trop, officialisant la NON distanciation du Liban ......

Gaby SIOUFI

11 h 13, le 17 novembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • curieusement, la grande majorite des politiques , les medias ne rappellent presque jamais que les declarations repetees de aoun qui epousaient la startegie, l'ideologie de l'iran/hebz e l'ABSENCE de ses reactions suites a la declaration de rohani, pareil a celle de wilayati ... TOUTES etant la goutte de trop, officialisant la NON distanciation du Liban ......

    Gaby SIOUFI

    11 h 13, le 17 novembre 2017

  • LORSQU,ON EST -SATRAPE- ON DOIT SUIVRE ET OBEIR LES ORDRES DE L,EMPEREUR AYATOLLAHIEN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 10, le 17 novembre 2017

  • La démission surprise de Hariri n'est qu'un épisode de la véritable crise.celle-ci ne trouvera son dénouement qu'avec le dépôt des armes du Hezbollah - et ce n'est malheureusement pas demain la veille!

    Yves Prevost

    10 h 26, le 17 novembre 2017

  • REVEZ QUE HARIRI VA RETOURNER ET PRESIDER DE NOUVEAU LE GOUVERNEMENT TEL QU,IL EST ET TEL QU,IL FONCTIONNE ! DISTANCIATION ET APPLICATION INTEGRALE DES CLAUSES DE LA CONSTITUTION EN CE QUI REGARDE LES ARMES DES MILICES ET CELLE DE LA 1701... AU MENU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 22, le 17 novembre 2017

  • Monsieur Michel AOUN "...a tenu à expliquer comment il a choisi de gérer cette crise pour aboutir à ce dénouement..." Donc il s'attribue avec un sans-gène incroyable "le dénouement de cette crise"...et pas un mot de remerciements à la France qui a fait l'impossible pour aider le Liban et Saad Hariri ? Monsieur Michel AOUN est-il vraiment le CHEF D'ETAT du LIBAN ??? Il a passé son temps depuis le 4 novembre 2017 à rencontrer des dizaines de personnes toutes plus inutiles les unes que les autres et à faire des gaffes inimaginables de la part "d'un Chef d'Etat", et maintenant il affiche sa satisfaction "du dénouement" ! Le Liban n'avait vraiment pas besoin, en plus de toutes les autres, de subir cette honte-là ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 37, le 17 novembre 2017

  • Dénouement? Le hezb dépose les armes et devient purement politique? Sinon quoi?

    Wlek Sanferlou

    06 h 39, le 17 novembre 2017

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