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Liban - Liban-Arabie

Hariri demain à Paris, le début d’un processus qui devra être consolidé

Le chef de la diplomatie française s'est entretenu à Riyad avec le Premier ministre démissionnaire et son homologue saoudien.

Saad Hariri a reçu Jean-Yves Le Drian dans sa résidence à Riyad. Rania Sanjar/AFP

Un début de déblocage dans l'affaire Hariri semble se mettre en place avec l'arrivée confirmée, demain samedi à Paris, du Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, et de sa famille, suite à l'invitation qui leur avait été adressée mercredi par le président français, Emmanuel Macron.

« Saad Hariri sera demain samedi à Paris et sera reçu par le président français Emmanuel Macron à l'Élysée », a annoncé hier la présidence française, quelques heures après une mission officielle du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Riyad. Accompagné de son directeur de cabinet, Emmanuel Bonne, ancien ambassadeur de France à Beyrouth, M. Le Drian a eu deux entretiens dans la capitale saoudienne avec Saad Hariri ainsi qu'avec son homologue saoudien, Adel al-Jubeir.
Le départ de M. Hariri pour la capitale française vient couronner ainsi une médiation engagée par la France depuis que le ton est monté entre Riyad et Beyrouth, qui accuse l'Arabie saoudite d'avoir poussé le chef du gouvernement à démissionner, dans le cadre des pressions qu'elle cherche à exercer sur l'Iran et le Hezbollah, et de le maintenir en « otage » sur son territoire.

 

(Lire aussi : Désescalade, dans la perspective d'une arrivée de Hariri en France)

 

Si déblocage il y a, il se limite cependant à la forme, puisqu'au niveau du fond, rien ne semble encore réglé, comme le montre d'ailleurs la virulence des propos tenus par Adel al-Jubeir à l'égard de l'Iran et du Hezbollah, au cours de la conférence de presse conjointe qu'il a eue avec son homologue français hier.
Il reste qu'il représente quand même une avancée importante au niveau du règlement d'une crise qui menaçait de s'aggraver. Le départ de M. Hariri pour Paris serait ainsi le premier pas dans un processus engagé sous la houlette de la France et qu'il va falloir consolider par d'autres solutions qui devraient être élaborées au fur et à mesure, selon des sources diplomatiques françaises haut placées.

Ces solutions devraient ainsi toucher le problème de fond, développé par le Premier ministre démissionnaire dans sa lettre de démission, le samedi 4 novembre, et qui s'articule autour d'un même point : les ingérences de l'Iran et du Hezbollah dans les affaires de pays arabes et leur impact sur le Liban. Saad Hariri devait par la suite dessiner les contours d'une solution, en plaidant à maintes reprises, lors de son interview télévisée, dimanche, pour le respect de la politique de distanciation agréée par le Liban dans le cadre de la déclaration de Baabda. De sources concordantes, on indique que Saad Hariri ne rentrerait pas au Liban tant qu'il n'a pas eu du camp du 8 Mars, et notamment du Hezbollah, un engagement en faveur d'un dialogue sur la question, ce qui expliquerait ses promesses répétées d'un prochain retour à Beyrouth.

M. Hariri, qui a reçu Jean-Yves Le Drian dans une résidence où il séjourne à Riyad, est apparu souriant à l'issue de la rencontre, selon une journaliste de l'AFP sur place. Interrogé sur son départ en France, il n'a donné aucune date, se contentant de dire « très bientôt ». Le ministre français voulait « connaître les intentions » de M. Hariri lors de cet entretien qui a duré environ 30 minutes, a-t-on souligné dans son entourage.

M. Le Drian avait aussi annoncé que M. Hariri allait venir en France, acceptant ainsi l'invitation du président français. « Il va venir en France » et le prince héritier Mohammad ben Salmane, l'homme fort d'Arabie saoudite, « en a été informé », a-t-il ajouté. Interrogé sur la date de sa venue, le ministre français a dit sans autre précision : « L'agenda de M. Hariri appartient à M. Hariri. » M. Hariri viendra « quand il le souhaitera et dès qu'il le souhaitera », a-t-il réaffirmé dans la journée. Quelques heures plus tard, l'Élysée annonçait que le Premier ministre démissionnaire sera reçu demain par Emmanuel Macron.

 

(Lire aussi : Aoun : La crise est en voie de dénouement)

 

 

La conférence de presse
Parallèlement, lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Le Drian, Adel al-Jubeir a souligné que M. Hariri était libre de quitter Riyad « quand il le veut ». « M. Hariri est ici de sa propre volonté et il peut partir quand il veut. Hariri est un citoyen saoudien et un citoyen libanais et en tant que tel, on ne peut pas le retenir, ce sont des allégations mensongères », a ajouté le chef de la diplomatie saoudienne qui a tiré à boulets rouges sur le Hezbollah, l'accusant d'être « une organisation terroriste de première catégorie ». Selon lui, la formation chiite « a pris en otage l'État au Liban ». « Elle y a bloqué le processus politique et est devenue un instrument aux mains des gardiens de la révolution » iraniens, a-t-il poursuivi. « Le Hezbollah est le fond du problème au Liban, a ajouté Adel al-Jubeir. Si le Liban réussissait à restreindre le rôle du parti chiite, il irait bien. En revanche, si le Liban le laissait faire, alors cela créerait une situation d'instabilité. » « Nous nous entretenons avec nos alliés sur les moyens de pression que nous pourrions utiliser contre le Hezbollah. Une décision sera prise au moment opportun », a ajouté M. al-Jubeir.
De son côté, le chef de la diplomatie française a lui aussi estimé que le Liban devrait rester « à l'abri des ingérences » étrangères et garder sa stabilité et sa souveraineté. Il a abondé dans le sens de l'Arabie saoudite, dénonçant la « tentation hégémonique » de l'Iran et s'inquiétant de son programme de missiles balistiques. « Nous souhaitons nous coordonner pour contribuer à un retour à la normale que nous souhaitons le plus rapide possible après la démission » de M. Hariri, a-t-il ajouté.

M. Le Drian a aussi évoqué l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran que le président américain Donald Trump a remis en cause cette année. « L'accord nucléaire que la France a voulu robuste et exigeant doit être préservé » et « nous resterons très vigilants sur sa mise en œuvre », a-t-il dit.

Évoquant par ailleurs la Syrie et l'Irak, le ministre français a qualifié « d'immense satisfaction » la défaite annoncée du groupe État islamique dans ces deux pays. Elle « crée aussi de nouveaux défis, notamment la recherche de solutions durables et conformes aux aspirations des populations dans toute leur diversité », a-t-il souligné. « Nous sommes en train de gagner la guerre, il faut se préparer dès à présent à ne pas perdre la paix », a affirmé M. Le Drian.

Le ministre a enfin évoqué la situation humanitaire particulièrement grave au Yémen où une coalition sous commandement saoudien, en guerre contre des rebelles, a renforcé un blocus pour empêcher des transferts d'armes depuis l'Iran. M. Le Drian a souhaité que « l'aide internationale parvienne au plus vite aux populations yéménites qui en ont un besoin vraiment très urgent ». Selon lui, « la coalition menée par l'Arabie saoudite a pris des premières mesures (d'allègement du blocus) qu'il faut maintenant poursuivre et amplifier ».

 

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Un début de déblocage dans l'affaire Hariri semble se mettre en place avec l'arrivée confirmée, demain samedi à Paris, du Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, et de sa famille, suite à l'invitation qui leur avait été adressée mercredi par le président français, Emmanuel Macron.
« Saad Hariri sera demain samedi à Paris et sera reçu par le président français Emmanuel...

commentaires (3)

LE HEZBOLLAH INSTRUMENT DES GARDIENS DE LA REVOLUTION PERSE... SECRET DE POLICHINNELLE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 18, le 17 novembre 2017

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Commentaires (3)

  • LE HEZBOLLAH INSTRUMENT DES GARDIENS DE LA REVOLUTION PERSE... SECRET DE POLICHINNELLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 18, le 17 novembre 2017

  • SECURITE PERSONNELLE ET FAMILIAIE ! DISTANCIATION ! L,ARSENAL DE LA MILICE ! LA 1701 ! PLUS RIEN NE PEUT ETRE COMME AVANT LA DEMISSION ! ET MALHEUREUSEMENT JE PREVOIS UNE CRISE TRES LONGUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 16, le 17 novembre 2017

  • "Le Hezbollah est devenu un instrument entre les mains des Gardiens de la Révolution iraniens". L'expression n'est pas tout à fait exacte : le Hezbollah a toujours été cet instrument, puisqu'il a précisément été fondé par les Gardiens de la Révolution.

    Yves Prevost

    06 h 49, le 17 novembre 2017

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