Les assises de Baabda, ou la réconciliation Aoun-Frangié

Les assises de Baabda ont été l'occasion pour Michel Aoun d'adresser des messages multidirectionnels, qui ont été bien reçus par les destinataires, comme l'indique un participant à ce chantier gouvernemental. Les points abordés dans le mot d'ouverture du chef de l'État figurent dans la déclaration ministérielle. C'est la raison pour laquelle le document adopté à l'issue de la réunion est considéré comme étant la déclaration ministérielle II du premier gouvernement du mandat Aoun. Initialement, ce gouvernement avait pour mission d'organiser les élections. Le point de départ du mandat devait donc être les législatives organisées en 2017.
Depuis sa formation, l'exécutif s'est attelé à l'adoption d'un nouveau code électoral. Il a mené à bien sa mission in extremis avant la fin du mandat du Parlement, le 20 juin. Le président Aoun a d'ailleurs joué un rôle notable dans les pressions exercées sur les forces politiques pour adopter la proportionnelle. Mais toutes les nouveautés découlant de la loi ont imposé la prorogation du mandat du Parlement de 11 mois pour permettre au ministère de l'Intérieur d'être fin prêt.

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Face à ces données, Michel Aoun a tôt fait de redynamiser le Conseil des ministres dirigé par Saad Hariri qui devra organiser les prochaines législatives, en mai 2018, estiment des sources proches de Baabda. Un Conseil qu'il considère désormais comme étant le premier gouvernement de son mandat, celui du recouvrement de la confiance. Les 11 prochains mois ne seront donc pas considérés comme une période de stagnation et d'attente des législatives. D'où l'initiative du chef de l'État, qui vise à s'assurer que le gouvernement relèvera les défis et se conformera aux échéances de la mise en place d'un chantier de travail lié au développement économique et aux réformes.
La réunion de Baabda s'est ainsi transformée en un chantier ministériel, voire en un mini-Conseil des ministres. Il faut dire que Michel Aoun est pressé de voir la mise en application de réformes, même entreprises pas à pas. Il est aussi impatient de sortir le pays de son immobilisme. Il se devait donc de dresser la liste des priorités et de dessiner la feuille de route du chantier de réformes. Une façon de créer une dynamique. Selon des observateurs, le volet économique et celui lié au pacte national qui figurent dans le document de Baabda constituent cette feuille de route. Les ministres devraient s'y conformer après le oui accordé par les chefs de leurs partis.

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Selon un participant à la réunion de jeudi, les points et les dossiers exposés sont bons, et ce qui a eu lieu pourrait être considéré comme une déclaration ministérielle II révisée. Sauf qu'il reste à l'appliquer. Cette source rappelle les échecs successifs des instances de dialogue, depuis l'initiative du président de la Chambre, Nabih Berry, jusqu'au dialogue national lors du mandat présidentiel de Michel Sleiman. Ces initiatives précédentes avaient abouti à des décisions de grande importance, mais elles sont restées lettre morte. Certaines sources proches du 14 Mars s'étonnent d'ailleurs que le dossier des armes illégales et de la recrudescence des armes individuelles n'ait pas été abordé, pas plus que la stratégie de défense destinée à tirer profit de l'arsenal du Hezbollah. Elles assurent qu'il ne peut y avoir d'évolution en présence des armes du parti de Dieu, insistant sur le fait que la stabilité sécuritaire nécessite d'être renforcée.

Des observateurs constatent par contre que les assises de Baabda ont été minutieusement préparées pour rétablir la relation entre le député Sleiman Frangié, chef des Marada, et le président Aoun. Ce qui a bien eu lieu. D'autres notes positives ont également ponctué la rencontre, comme la poignée de main entre le leader des FL, Samir Geagea, et le député du Hezbollah, Mohammad Raad, et l'autre poignée de main entre Samir Geagea et Sleiman Frangié. Sans oublier que l'initiative a permis aux participants de se rencontrer et d'échanger. Sauf que le président du Parlement, Nabih Berry, qui devait réconcilier Saad Hariri et Walid Joumblatt, n'a pu concrétiser sa mission, vu l'absence du chef du PSP. Mais l'initiative de Michel Aoun ne risque pas d'être orpheline. Le chef de l'État envisage de prochaines rencontres pour concrétiser ses efforts.

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