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Liban - Opposition

Gemayel dénonce une dérive « dictatoriale » du pouvoir

Le chef du parti Kataëb, hier, au cours de sa conférence de presse à Saïfi. Photo Kataëb

Le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, a tiré à boulets rouges hier contre le pouvoir, l'accusant de s'orienter progressivement vers une gestion « dictatoriale » du pays.
« Le climat qui prévaut dans les rangs des jeunes Libanais, le dynamisme, le pouls de la rue prouvent qu'il existe une foi, une confiance en soi et un climat de changement dans le pays. Nous coordonnons avec toutes les forces du changement pour modifier la pratique actuelle, a affirmé M. Gemayel, au cours d'une conférence de presse à Saïfi. La société civile est organisée et bouge. L'opposition aussi est active et remplit entièrement son rôle, a indiqué le député du Metn. Ce mouvement, à l'intérieur comme à l'extérieur du Parlement, a créé un choc. Pour la première fois, le peuple sent qu'il existe de l'espoir dans l'avenir, ce qui a poussé le pouvoir politique à agir d'une manière qui nous rappelle les jours les plus noirs. »
« Nous avons perçu les signaux qui suggèrent une orientation du pouvoir à diriger le pays de manière dictatoriale. Il existe un véritable danger de transformation du Liban en un État gouverné par un cartel prêt à utiliser la force et le pouvoir pour réprimer toute opinion adverse », a-t-il souligné.
Et le chef des Kataëb de donner des exemples concrets pour illustrer ces propos : « Un ministre nous a menacés en initiant des poursuites contre nous (allusion au ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil). Des activistes ont été tabassés dans le giron du Parlement. Des députés ont été menacés de voir leur immunité parlementaire levée. Le pouvoir est incapable de supporter l'opinion de l'opposition à la Chambre des députés. Sans oublier les conférences de presse où l'on fait preuve d'une sorte d'hystérie. Tout cela est le signe d'une perte de nerfs. »
« Nous mettons en garde contre la transformation de l'État en un État policier », a noté Samy Gemayel. Et de poursuivre : « Le pouvoir considère qu'il veut diriger le pays par le biais de chambres closes, de sorte que les institutions ne soient que des options. » Ils « décident en chambres closes et discutent dans les coulisses, puis convoquent le Conseil des ministres et les députés pour avaliser leurs décisions. Il s'agit là d'un manque de respect envers les institutions ».

Aoun veut être « le parrain du pouvoir »
Le chef du parti Kataëb n'a pas manqué non plus de critiquer la réunion de dialogue prévue aujourd'hui à Baabda, à l'initiative du président de la République, Michel Aoun, à laquelle M. Gemayel et son parti n'ont pas été conviés. « La dernière étape de cette sortie des institutions est la réunion de demain (aujourd'hui jeudi) à laquelle a appelé le président de la République. Nous avons tenté d'analyser et de comprendre l'objectif de cette réunion, et avons demandé au pouvoir ce qu'il en était. Nous n'avons pas reçu de réponse », a indiqué à ce sujet Samy Gemayel.
« Si l'objectif est de discuter d'affaires nationales qui dépassent le cadre du gouvernement, l'opposition aurait dû participer à cette réunion, a estimé le chef du parti Kataëb. Si le but est de réunir le pouvoir, le cadre opportun pour cela est le gouvernement. Ou bien le président de la République a-t-il constaté l'échec du gouvernement et tente-t-il de rechercher un moyen de résoudre ce problème, d'où la convocation de ceux qui ordonnent pour trouver une solution à cette distorsion et aux problèmes du gouvernement ? »
« Si j'étais à la place des ministres qui n'ont pas été invités à la réunion pour redynamiser l'action gouvernementale, j'aurais démissionné, dans la mesure où il s'agirait d'une reconnaissance par le chef de l'État de leur échec et qu'il faut faire appel à ceux qui décident, au final, pour régler les problèmes du cabinet », a-t-il dit. « Nous aurions souhaité que le président de la République soit celui de tous les Libanais, leur symbole, pas le président du pouvoir. Il a voulu tenir cette réunion pour être le parrain du pouvoir, et c'est son droit. Mais nous considérons qu'il préside le pouvoir en Conseil des ministres. Le palais de Baabda, lui, appartient à tous les Libanais, loyalistes et opposants », a souligné le député du Metn.

« Si vous aviez écouté l'opposition... »
« Ce qui pousse les Libanais au désespoir (...) est le fait que le Liban se transforme en dictature et qu'il soit gouverné sans opposition. Or cette opposition aurait pu délivrer le pouvoir politique de beaucoup de crimes qu'il a commis », a estimé Samy Gemayel en s'adressant au pouvoir. « Si vous aviez écouté l'opposition, vous auriez évité la crise du littoral de Beyrouth, au Costa Brava, à Bourj Hammoud et à Jdeidé. Vous n'auriez pas commis un crime contre le peuple. Les habitants du littoral du Metn et de Choueifate ne vivraient pas dans un environnement putride. Un crime environnemental n'aurait pas été commis contre le Liban, son peuple et sa réputation dans le monde », a-t-il indiqué.
« L'opposition vous a poussés à reculer concernant l'adoption de taxes qui visaient à appauvrir le peuple pour financer la grille des salaires au lieu d'adopter les réformes que nous avions proposées. Sans l'opposition, le marché des navires-centrales (pour une production – plus rapide – du courant électrique, NDLR) aurait eu lieu. Pourquoi les navires n'ont-ils pas fait l'objet d'une adjudication ? Avez-vous eu peur de nous et du peuple, qui a vu ce que vous étiez en train de faire ? Les navires n'auraient-ils pas dû arriver il y a deux semaines ? » a-t-il poursuivi. Peu après la conférence de presse de M. Gemayel, les ministres réunis au palais de Baabda sous la présidence de Michel Aoun ont décidé de transférer le dossier de la location des navires-centrales à la Direction des adjudications.
« Nous remplissons notre rôle, mais il semble que vous ne connaissiez pas le sens du mot démocratie et le rôle que l'opposition doit jouer. Nous ne sommes pas en état de rébellion, nous remplissons notre rôle. Vous avez votre opinion, nous avons la nôtre, c'est au peuple de trancher. Mais que vous donniez votre opinion alors qu'il nous est interdit de donner la nôtre et que vous continuiez à gouverner, tel n'est pas un exemple de régime démocratique », a-t-il conclu.

Le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, a tiré à boulets rouges hier contre le pouvoir, l'accusant de s'orienter progressivement vers une gestion « dictatoriale » du pays.« Le climat qui prévaut dans les rangs des jeunes Libanais, le dynamisme, le pouls de la rue prouvent qu'il existe une foi, une confiance en soi et un climat de changement dans le pays. Nous coordonnons avec...

commentaires (3)

Nous avons tous le droit de critiquer le parti de M Samy Gemayel, lorsqu il était encore à l'école primaire. Il me semble que depuis qu'il s'y est impliqué lui même et est devenu Président de ce part, la politique des kataeb a changé complètement et n'a plus rien à voir avec le parti avant Samy Gemayel! C'est lui rendre justice. Et il mérite des voeux de succès lui et les jeunes qui forment son équipe

Zaarour Beatriz

01 h 31, le 23 juin 2017

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Commentaires (3)

  • Nous avons tous le droit de critiquer le parti de M Samy Gemayel, lorsqu il était encore à l'école primaire. Il me semble que depuis qu'il s'y est impliqué lui même et est devenu Président de ce part, la politique des kataeb a changé complètement et n'a plus rien à voir avec le parti avant Samy Gemayel! C'est lui rendre justice. Et il mérite des voeux de succès lui et les jeunes qui forment son équipe

    Zaarour Beatriz

    01 h 31, le 23 juin 2017

  • J,AURAIS AIME ENTENDRE CE KLAXON SI ON FAISAIT PARTIE DU PARTAGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 27, le 22 juin 2017

  • tout cela est tres bien dit mais malheureusement vous faites parti de cette caste politique au pouvoir depuis le debut avec une mention speciale pour votre parti famillial qui l'est depuis l'independance. Voila a quoi on arrive quand il n'y a pas de rotation du pouvoir ou bien que cette rotation ne soit que cosmetique.

    George Khoury

    07 h 37, le 22 juin 2017

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