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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les Iraniennes s’engagent en politique à l’échelon local

Dans l'ombre de l'élection présidentielle, les municipales ont enregistré des candidatures de femmes en légère hausse.

Photo archives AFP

Le regard des Iraniens se tourne aujourd'hui avant tout vers les résultats de l'élection présidentielle. Moins médiatisées mais pas moins décisives, les élections locales se déroulent pourtant en parallèle de l'élection du nouveau président iranien. Renouvelant les maires et conseillers des villes et villages qui abritent les quelque 80 millions d'Iraniens, ces élections autorisent des membres de toutes les catégories de la population à se porter candidats. À défaut de validation des candidatures féminines pour concourir à l'élection présidentielle, de plus en plus de femmes saisissent l'opportunité des élections municipales, comme tremplin vers la sphère politique iranienne.

Représentant 5,4 % des candidatures en 2013, les candidatures féminines aux élections locales sont en progression, atteignant 6,2 % cette année. Cette proportion, certes insignifiante au regard d'un espace politique quasi unanimement dominé par les hommes, leur offre néanmoins une chance croissante d'investir les mairies, d'organiser et de participer à des projets municipaux tournés vers une amélioration de la vie quotidienne des Iraniens.

Si l'article 100 de la Constitution, relatif aux élections locales, n'impose aucune restriction aux candidatures féminines, beaucoup d'Iraniennes n'osent pas se lancer dans l'aventure, n'étant tout simplement pas incitées à se porter candidates. « Dans les élections locales, on parle de femmes ordinaires, n'appartenant pas à l'élite. Pour ces femmes, il faut beaucoup d'encouragement », explique Azadieh Kian, sociologue franco-iranienne à l'Université Paris-Diderot, interrogée par L'OLJ. Les élections locales donnent la chance à celles que l'on assigne à un rôle bien défini dans la société de quitter la sphère privée pour la sphère publique en leur permettant de concrétiser leur candidature, et parfois leur élection.

Alors que leur engagement est entravé aux élections nationales par le très strict Conseil des gardiens de la Constitution, qui valide les candidatures aux élections présidentielle et législatives, le Conseil surveillant les élections locales, composé de députés, se révèle moins rigoureux concernant les compétences exigées. « Beaucoup de femmes, y compris celles qui ne sont pas nécessairement très hautement instruites ou qui ne font pas partie de formations politiques déjà existantes, peuvent se faire élire », note Azadeh Kian.

De la culture à l'éducation en passant par le sport, la politique locale permet aux femmes d'aborder des enjeux exclusivement aux mains des hommes dans les ministères. « Dans l'ensemble, les candidats ont une loyauté moins rigide envers le système politique et cela crée des ouvertures pour les femmes », ajoute Siavush Randjbar-Daemi, maître de conférence en histoire iranienne à l'Université de Manchester, également interrogé par L'OLJ. La notoriété dont elles bénéficient dans leurs ville et village leur assure facilement une élection.

 

(Lire aussi : Hassan Rohani serait-il devenu « inutile » ?)

 

1 % des maires
Parmi celles qui se sont lancées dans la course, leur participation est très hétérogène en fonction des territoires, variant d'une région et d'une ville à l'autre. Dans la capitale, Téhéran, est observée une participation féminine bien au-dessus de la moyenne nationale, représentant 21 % des candidatures. Sur les 3 000 candidats en lice pour les 21 sièges de la ville, 522 sont des femmes, selon l'Iranian Students News Agency. Ailleurs en Iran, une zone rurale fait figure d'exemple en matière de représentation des femmes. Dans la province sud-est du Sistan-Balouchistan, sur les dix personnes se portant candidates dans la ville d'Afzalabad pour les quatre sièges au conseil local, elles sont à l'unanimité des femmes.

C'est également dans cette région défavorisée et plutôt conservatrice qu'a été élue la première femme maire du village de Kalat, en novembre 2013, ainsi que la première femme gouverneure de la ville de Ghasrghand. Voir des femmes à la tête des mairies reste une exception. « Le problème est que seulement 1 % des maires en Iran sont des femmes », souligne Azadeh Kian. Ces quelques femmes qui parviennent à investir les conseils municipaux se heurtent inévitablement à un plafond de verre.

Elles sont pourtant la clé de voûte de la féminisation de la vie politique iranienne. En élisant des femmes au plus près de la population, les Iraniens peuvent impulser une transformation progressive de la vie politique et sociale par une forme de démocratisation « par le bas ». « La participation des citoyens peut s'élargir par les élections locales et les organes représentatifs. Cela s'étendra peut-être aux niveaux supérieurs de l'élite politique de la République islamique », conclut Siavush Randjbar-Daemi.

 

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