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En Iran, les réseaux sociaux s'imposent dans la bataille politique

Lors des précédents scrutins, ces sites étaient essentiellement utilisés par les réformateurs. Mais la donne a changé : les médias conservateurs n'hésitent plus à poster des vidéos pour embarrasser le camp adverse.

Un cybercafé de Téhéran, le 14 mai 2013. AFP/ATTA KENARE

Même si certains d'entre eux sont interdits, les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la campagne pour la présidentielle de vendredi en Iran, où les conservateurs ont récemment découvert leur pouvoir.

Lors des précédents scrutins, les réseaux sociaux étaient essentiellement utilisés par les réformateurs.
Mais la donne a changé: les médias conservateurs n'hésitent plus à poster des vidéos pour embarrasser le camp adverse.

Ainsi, ils ont mis rapidement en ligne la semaine dernière les images montrant des mineurs en colère attaquer le véhicule du président sortant et modéré Hassan Rohani lors de sa visite d'une mine de charbon où 43 mineurs avaient été tués dans une explosion. Ces vidéos ont été abondamment partagées.

De même, pendant le dernier débat entre les six candidats à la présidentielle, le maire conservateur de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf a accusé de corruption M. Rohani, son 1er vice-président Es-Hagh Jahanguiri - également candidat réformateur - et leurs proches. Aussitôt, son équipe a posté sur Twitter des documents censés appuyer ses accusations.

 

 

Si Twitter, Facebook et YouTube sont officiellement interdits en Iran, un logiciel peu coûteux permet d'y avoir accès. Tous les candidats à la présidentielle et tous les dirigeants iraniens l'utilisent, en premier lieu le guide suprême, Ali Khamenei.

Les autres réseaux sont autorisés et sont massivement utilisés: Telegram a ainsi gagné 25 millions d'utilisateurs en deux ans alors que des millions d'autres de personnes utilisent Instagram. M. Ghalibaf et le religieux conservateur Ebrahim Raissi diffusent en direct leurs meetings sur Instagram, tout comme MM. Rohani et Jahanguiri. M. Raissi y est même devenu le premier candidat a répondre en ligne à des questions d'électeurs.

"Le camp réformateur a toujours eu la haute main sur les réseaux sociaux" lors des élections présidentielles de 2009 et 2013, affirme le journaliste Sadra Mohaghegh du grand quotidien réformateur Shargh. Les conservateurs respectaient eux l'interdiction d'utiliser Twitter et Facebook, qu'ils considéraient comme des instruments de propagande contre le régime.

Leur défaite à Téhéran et dans d'autres grandes villes lors des législatives de 2016 a changé la donne. "Jusque là, les conservateurs n'avaient pas réalisé le pouvoir des réseaux sociaux, mais après (cette défaite) ils ont compris qu'il leur fallait rentrer dans le jeu", estime Sadra Mohaghegh.

 

(Lire aussi : En Iran, des leaders réformateurs héros invisibles d'un meeting de Rohani)

 

Réseaux sous surveillance
Cette mobilisation nouvelle des conservateurs sur le net constitue un défi supplémentaire pour le président sortant, déjà confronté aux virulentes attaques de ses adversaires qui l'accusent de favoriser la minorité la plus riche du pays.

D'autant que 18.000 "volontaires" passent au peigne fin internet pour repérer tout contenu jugé "subversif", avait révélé en février un haut responsable du pouvoir judiciaire. Il y a trois mois, 12 responsables de contenus réformateurs publiés sur Instagram ont été arrêtés. Ils n'ont toujours pas été jugés et six d'entre eux restent emprisonnés.

"L'ère d'un seul diffuseur d'Etat dominant les esprits est révolue", a lancé Hassan Rohani lors d'un meeting samedi à Téhéran. "Nous allons mettre en place un système de communication afin que chacun d'entre vous devienne son propre diffuseur avec son téléphone portable. Nous ne laisserons pas l'Iran redevenir isolé", a-t-il ajouté sous un tonnerre d'applaudissements.

Ses équipes de campagne sont très actives sur les réseaux sociaux et ne laissent rien passer. Quand M. Ghalibaf a affirmé qu'il était pour l'égalité entre les sexes au travail, des images d'archives le montrant demander qu'hommes et femmes travaillent dans des bureaux séparés dans sa mairie de Téhéran ont aussitôt été diffusées.

Quelles que soient les restrictions, les réseaux sociaux sont désormais devenus incontournables en Iran, y compris sur la scène politique, et il n'y a plus de retour en arrière possible, selon le journaliste de Shargh. Dans la campagne actuelle, "cela aide" à motiver les électeurs et à faire monter "l'enthousiasme", dit-il.

 

 

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Lors des précédents scrutins, les réseaux sociaux étaient essentiellement utilisés par les réformateurs.Mais la donne a changé: les médias conservateurs n'hésitent plus à...

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