La Seconde guerre mondiale s'est immiscée vendredi dans le duel présidentiel en France: le parti de Marine Le Pen a dû éjecter son président, accusé de propos négationnistes tandis qu'Emmanuel Macron s'est déplacé dans un village marqué par un massacre nazi.
Poursuivant une campagne offensive destinée à séduire de nouveaux électeurs, la cheffe du Front national a exhorté vendredi les partisans du tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, à "faire barrage" à son jeune rival centriste.
"Petites manœuvres pas très dignes", a immédiatement réagi le porte-parole de M. Mélenchon, Alexis Corbière.
Silencieux dans le chœur de ralliement au centriste qui s'est élevé après le premier tour, le chef de La France insoumise n'a donné aucune consigne de vote pour le 7 mai, après sa défaite au premier tour (19,58% des voix).
Mme Le Pen, qui s'est mise lundi en retrait de son parti pour mieux rassembler les électeurs, tente de reprendre la main après l'éviction du président par intérim du Front national accusé de propos négationnistes - qu'il dément.
Jean-François Jalkh a été remplacé vendredi au pied levé par le jeune député européen Steeve Briois. Dans des propos rapportés en 2005 dans une revue universitaire, M. Jalkh avait évoqué le "sérieux et la rigueur" de l'argumentation des travaux de l'universitaire négationniste Robert Faurisson, régulièrement condamné pour avoir nié la réalité de la Shoah.
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Le Pen père 'choqué'
Depuis qu'elle a pris la tête du FN en 2011, Marine Le Pen, 48 ans, s'est efforcée d'en lisser l'image sulfureuse, longtemps alimentée par les propos antisémites et révisionnistes de son père, Jean-Marie Le Pen.
Ce dernier, 89 ans, s'est dit vendredi "choqué" par la cérémonie nationale organisée mardi pour le policier tué dans un attentat la semaine dernière sur les Champs-Elysées. Il a jugé qu'il s'agissait plutôt d'un "hommage à l'homosexuel qu'au policier".
En début de semaine, le cofondateur du FN condamné à de multiples reprises notamment pour incitation à la haine raciale, a salué à la radio le "très beau résultat" obtenu par sa fille au premier tour: "c'est l'aboutissement de 45 ans de bataille politique", a-t-il dit.
Les thèses historiquement chères au FN avaient déjà surgi dans la campagne quand Marine Le Pen avait affirmé début avril que la France n'était "pas responsable" de la rafle du Vel d'Hiv qui avait conduit à la déportation de juifs sur ordre du pouvoir français en juillet 1942.
Une pleine page, publiée vendredi par l'association des Fils et Filles de déportés juifs de France dans le quotidien Libération, rappelle le passé pour s'inquiéter de l'avenir: une photo d'un ciel obstrué de barbelés évoquant les camps de concentration nazis, est barrée du slogan "Le FN en 2017? Non jamais. Contre le Pen - votez Macron".
(Lire aussi : Un lifting pour Marianne, l'édito de Issa Goraieb)
Le centriste Emmanuel Macron était lui à Oradour-sur-Glane, petite localité du centre de la France où une unité de la Waffen SS massacra 642 habitants le 10 juin 1944.
"Quand vous avez face à vous une candidate qui renouvelle ce qu'elle a pu dire sur le Vel'd'Hiv', qui est l'héritière directe et assumée de quelqu'un qui a porté le négationnisme, qui s'est construit politiquement contre le général de Gaulle, bien sûr que ça a un sens d'aller à Oradour", a-t-il déclaré avant sa visite.
L'ancien maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, s'est pour sa part référé à l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne pour appeler à voter contre elle.
"Dans les années 30 en Allemagne, l'extrême gauche n'a pas voulu choisir entre les sociaux démocrates et les nazis. Hitler a été élu par le suffrage universel", a-t-il dit.
De son côté, le président François Hollande, en déplacement dans l'ouest du pays, a appelé à "chasser les mauvais vents" du "nationalisme" et du "repli".
Marine Le Pen espère notamment un soutien, voire un ralliement de Nicolas Dupont-Aignan, candidat souverainiste qui totalisé 4,70% des suffrages au premier tour. Mais, signe de grand écart, sa profession de foi ne fait plus mention de "la souveraineté monétaire", et donc de la sortie de l'euro.
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commentaires (3)
Comme le disait hier un philosophe français invité d'une chaîne de télévision favorable à macron, si le débat s'éternise encore une semaine de plus , la Marine va finir par le bouffer à cet appât de Macron qui n'attrapera pas mouches .
FRIK-A-FRAK
17 h 28, le 28 avril 2017