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Le plus dur reste à faire

Il faut revoir l'interview accordée par Jean-Marie Le Pen à France 2 juste après l'annonce de sa qualification pour le second tour de la présidentielle en 2002. Le tribun, assis, a l'air un peu sonné, comme si les électeurs venaient de lui jouer un tour.

Quinze ans plus tard, l'eau du Front national a coulé sous pas mal de ponts, et Marine Le Pen était bien droite dans ses bottes dimanche soir sur la scène de l'espace François Mitterrand – il fallait oser – à Hénin-Beaumont, lors de son discours postrésultats. Personne, non plus, à commencer par les journalistes sur les plateaux télé, ne semblait autrement surpris par la qualification de Mme Le Pen. Le processus de banalisation aura, finalement, pris 15 ans.

Si le FN espérait un meilleur résultat – voire la première place–, il a néanmoins passé la barre des 20 % au premier tour d'une présidentielle, une première pour l'extrême droite dans l'histoire de la Ve République, et le parti a battu le record de suffrages exprimés en sa faveur lors d'une élection.

Enracinement du FN donc et, parallèlement, c'est là une autre première en cette Ve République, élimination des deux grands partis de gouvernement. La lassitude vis-à-vis du bipartisme était dans l'air depuis un moment déjà. Dimanche, les électeurs l'ont balayé. Au profit de deux outsiders : l'héritière de Jean-Marie Le Pen et un homme qui, et c'est un tour de force étant donné son CV, a réussi à se positionner comme la réponse aux aspirations de changement et de rupture avec le système, le (gros) mot de la campagne.

Aujourd'hui, tous les sondages donnent Emmanuel Macron vainqueur du second tour. Ce serait pourtant une erreur d'estimer que l'affaire étant entendue, l'on peut relâcher la mobilisation. Si les sondages s'avéraient néanmoins corrects, et a priori ils devraient l'être, Emmanuel Macron, président à 39 ans, se trouverait confronté à de lourds défis.

L'un des maîtres mots de la campagne de M. Macron a donc été le changement.

« On tourne clairement aujourd'hui une page de la vie politique française », disait-il encore dimanche soir. Reste à le mettre en œuvre ce changement. Et être « ni de droite ni de gauche » ou « de droite et de gauche », comme l'a répété M. Macron à de multiples reprises, ne suffira pas.

L'un des maîtres mots de l'après-présidentielle, si Macron gagne, sera dès lors le rassemblement.

Rassemblement du peuple, d'abord. Vaste programme dans une France éclatée façon puzzle, comme l'illustrent les scores du premier tour répartis presque équitablement entre 24,01 % et 19,58 %. Des suffrages obtenus par des candidats qui défendent des projets de société, de politique économique et européenne on ne peut plus variés.

Rassembler politiquement, aussi, dans l'optique de ce qui est présenté comme le troisième tour de la présidentielle, à savoir les législatives. Si traditionnellement, les électeurs donnent au vainqueur de la présidentielle une majorité parlementaire, Emmanuel Macron, du fait même du caractère hétéroclite de ses soutiens, aura fort à faire pour obtenir à l'Assemblée une majorité structurée et homogène, véritable clé de la mise en œuvre de son programme.

L'un des maîtres mots de la campagne de M. Macron et de l'après-présidentielle est l'espoir.

« Je porterai la voix de l'espoir que nous voulons pour notre pays et pour l'Europe », a-t-il encore martelé dimanche soir. De l'espoir, il y en avait dimanche soir, car des scénarios autrement plus sombres auraient pu sortir des urnes. L'espoir, M. Macron devra tout faire pour le préserver. Car dans la France d'aujourd'hui, où l'enracinement des extrêmes s'approfondit, rien ne serait pire qu'un espoir déçu.

Il faut revoir l'interview accordée par Jean-Marie Le Pen à France 2 juste après l'annonce de sa qualification pour le second tour de la présidentielle en 2002. Le tribun, assis, a l'air un peu sonné, comme si les électeurs venaient de lui jouer un tour.
Quinze ans plus tard, l'eau du Front national a coulé sous pas mal de ponts, et Marine Le Pen était bien droite dans ses bottes...

commentaires (4)

Les francais ne sont decidement pas sortis de l'auberge... de toute facon en politique c'est toujours un choix entre le pire et le moins pire

Chady

23 h 48, le 25 avril 2017

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Les francais ne sont decidement pas sortis de l'auberge... de toute facon en politique c'est toujours un choix entre le pire et le moins pire

    Chady

    23 h 48, le 25 avril 2017

  • Si Emmanuel Macron est élu à la Présidence de la république, cela serait un accident dans l'Histoire moderne de la France. Les démêlés de François Fillon avec la Justice lui furent un pain béni pour son élection. Son discours le dimanche-soir à la Porte de Versailles a démontré son inexpérience et ses incapacités de gérer les affaires de la France, cinquième puissance mondiale, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU avec droit de veto et dotée d'un arsenal nucléaire...

    Un Libanais

    14 h 49, le 25 avril 2017

  • Car dans la France d'aujourd'hui, où l'enracinement des extrêmes s'approfondit, rien ne serait pire qu'un espoir déçu. Bravo , bien vu Mme Sueur ! Je dirai même que l'échec de macron est patent , prévisible et anticipatoire . Ses sponsors n'auront gagné que du temps à vouloir berner les français . Dans 5 ans si ce n'est pas Marine ce sera un Mélanchon cloné qui ramasseront les débris .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 11, le 25 avril 2017

  • Les LR n'ont raté le RV des présidentielles qu'a cause des " affaires" reprochées a Francois Fillon amplifiées par une campagne médiatique sans précédant, et non a cause d'un rejet de la ligne de droite qu'ils incarnent. Le jeune Macron est incapable de susciter un rassemblement autour de sa personne. Il n'obtiendra sans doute pas une majorité a l’Assemblée nationale, surtout si LR restent unis et n'imitent pas ceux que Macron fait marcher et les opportunistes tentés de se rallier a son programme attrape tout.

    Tabet Ibrahim

    11 h 52, le 25 avril 2017

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