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Liban - Éclairage

Retour au bercail pour le Hezbollah

Un milicien du Hezbollah en position près de Naqoura, hier. Objectif : prouver aux journalistes qu’Israël se prépare à la guerre. Message au président Trump ou simple justificatif de son existence de la part du parti chiite ? Joseph Eid/AFP

C'est en préparation d'une « nouvelle page de victoires » que le Hezbollah dit avoir organisé la tournée de la presse à la frontière sud jeudi dernier.

En réponse aux pressions américaines accrues contre l'Iran et ses embranchements militaires dans la région, le parti chiite a recouru au Sud pour redorer son blason de meneur de la résistance contre Israël.

Son implication dans la guerre fratricide syrienne avait été difficilement justifiable sous l'angle de cette résistance. Mais maintenant que règne en Syrie un statu quo militaire, le parti chiite prend soin d'améliorer son image, de recouvrer une part de légitimité auprès de l'opinion arabo-sunnite.

Un objectif d'autant plus pressant que le ton de Washington à l'égard de l'Iran est devenu celui de la menace, et sa rupture avec la politique d'ouverture d'Obama envers Téhéran de plus en plus manifeste. Dans ce contexte, la tournée médiatique orchestrée par le parti chiite est d'abord un message à l'injonction faite par Donald Trump à l'Iran de mettre fin à ses ingérences dans le monde arabe.

Le Hezbollah a voulu rappeler que sa lutte contre Israël en avait fait un héros de ce monde-là. Aussi a-t-il pris soin jeudi d'emmener les journalistes devant les barricades israéliennes aux frontières, en leur faisant un descriptif détaillé de leur mécanisme d'action, jusqu'à identifier par leur nom des officiers israéliens qui y sont positionnés. Le message est clair : le parti est prêt à faire la guerre à Israël si besoin, sa capacité à résister n'ayant pas été affaiblie par son engagement en Syrie.

 

(Lire aussi : Les messages du Hezbollah et... ceux de l’État, le décryptage de Scarlett HADDAD)

 

Ce message anticiperait de nouvelles sanctions américaines contre le Hezbollah, mais aussi, surtout, le début d'une solution politique au conflit syrien. Des pressions accrues sont exercées en effet par la communauté internationale pour mettre fin aux guerres dans la région, aussi bien en Syrie qu'en Irak et en Libye. Cela pourrait se traduire dans un premier temps par la création d'une alliance entre puissances internationales et régionales visant à élargir la lutte contre le terrorisme : à la guerre menée contre l'État islamique s'ajouterait l'enjeu d'expulser ou de désarmer les milices qui combattent sur le terrain syrien, à commencer par le Hezbollah. « Ceux qui pensent que nous avons perdu en Syrie se font des illusions : nous sommes victorieux et le président Bachar el-Assad est toujours au pouvoir. Il sera le pivot de l'élaboration et de la supervision d'une solution en Syrie », assurent des sources proches des milieux du parti chiite.

Au niveau local, le parti de Hassan Nasrallah anticiperait d'ores et déjà son retour au pays, en faisant comprendre que ce retour n'impliquerait, le cas échéant, aucun désistement de son arsenal.
La tournée médiatique à la frontière sud marque un retour au bercail, c'est-à-dire à la raison d'être de cet arsenal au Liban. « Ceux qui disent que notre participation au conflit syrien sans accord interne préalable provoquera un litige interne autour de nos armes se trompent. Les armes du Hezbollah sont des armes de résistance légitimées par les déclarations ministérielles et les prises de position officielles, la dernière en date étant celle du président de la République qui a jugé nécessaire l'arsenal de la résistance, l'armée étant incapable de libérer seule le territoire », ajoutent les milieux du Hezbollah.

 

(Lire aussi : Khalil Hélou : La dernière chose que le Hezbollah veut, c’est une guerre contre Israël)

 

La tournée médiatique organisée par le parti chiite est néanmoins critiquée par les partis chrétiens au pouvoir qui y voient une erreur stratégique : pour eux, le message du Hezbollah, plutôt que de compléter la position du chef de l'État, le prend pour cible. Les milieux chrétiens reviennent ainsi sur la parade militaire du Hezbollah à Qousseir à la veille de la célébration de l'indépendance, à peine Michel Aoun élu. Ils s'attardent aussi sur le débat actuel autour de la loi électorale et les divergences entre le parti chiite et les factions chrétiennes autour de la proportionnelle.

Qui plus est, la tournée de jeudi porterait une menace directe à la sécurité du pays, en ce qu'elle remet en cause tout l'esprit du compromis de la présidentielle : celui d'écarter du débat interne les questions litigieuses à portée stratégique et de distancier le Liban des conflits régionaux.

La menace de la tournée médiatique du Hezbollah est d'autant plus sérieuse que le Liban compte désormais un nombre important de déplacés et réfugiés sunnites à même d'entrer en confrontation ouverte avec le Hezbollah. En exhibant son savoir-faire militaire à la frontière sud, le parti chiite a incorporé indirectement les retombées du conflit syrien au Liban et compromis ainsi l'immunité sécuritaire du pays. Une immunité qu'a vite fait de soutenir le Premier ministre en réaffirmant hier l'engagement du pays en faveur de la 1701, depuis le siège de la Finul à Naqoura, en présence du ministre de la Défense et du commandant en chef de l'armée.

 

 

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commentaires (7)

" Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille. " Napoléon Bonaparte

FAKHOURI

17 h 46, le 23 avril 2017

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Commentaires (7)

  • " Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille. " Napoléon Bonaparte

    FAKHOURI

    17 h 46, le 23 avril 2017

  • REPOS BIEN MÉRITÉ DU GUERRIER QUI A ACCOMPLI SA MISSION EN EMPÊCHANT LE COMPLOT DE RÉUSSIR CHEZ NOUS AU M.O DIMONAMMONIAQUE et yakhont feront le reste. Les guerres ne se feront plus par des armes sophistiquées mais par d'autres moyens. Vous le saurez bientôt.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 09, le 22 avril 2017

  • Au bercail ? Ici chez NOUS au Grand-Liban ?! Ce sera plutôt à son bercail de Qôm et Karbalâ !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 30, le 22 avril 2017

  • "...le Hezbollah rappele que sa lutte contre Israël en avait fait un héros de ce monde-là..." Effectivement: "en avait fait" c'est à dire dans le passé ! Mais depuis des années, le Hezbollah s'est impliqué dans plusieurs autres conflits, au Yémen, en Irak et en Syrie, qui n'ont rien à faire avec "la résistance" à Israël. Et Israël est toujours là, le Golan toujours annexé par lui ! De plus, ce "parti de DIEU" ne cache plus que son DIEU c'est Téhéran dont il fait toutes les volontés. Par contre, les Libanais vivant dans les quartiers et régions contrôlés par ce super-parti-résistant, le Hezbollah, s'enfoncent chaque jour davantage dans le chômage, la misère et le découragement... Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 07, le 22 avril 2017

  • J,ENTENDS LE SON DU CORS LE SOIR AU FOND DES BOIS ET L,APPEL DU CHASSEUR A LA BICHE AUX ABOIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 45, le 22 avril 2017

  • c'est le chant du cygne

    George Khoury

    08 h 51, le 22 avril 2017

  • L'analyse est pertinente, mais le titre est impropre. "Retour au bercail" devrait signifier "retour en Iran" et non au Liban qui se passerait bien de l'omniprésence de cette milice étrangère.

    Yves Prevost

    06 h 50, le 22 avril 2017

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