Vingt-quatre heures après la tournée organisée par le service d'information du Hezbollah pour les médias locaux à la frontière sud du Liban, les représentants de l'État, notamment le Premier ministre, le ministre de la Défense et le commandant en chef de l'armée, se sont rendus à Naqoura. Le message est double : à l'adresse de ceux qui ont critiqué la démarche du Hezbollah, il s'agit de rattraper ce qui a été considéré comme « un acte inconsidéré » ; et à la communauté internationale, il s'agit de montrer que l'État libanais reste maître de la situation au Sud et qu'il est totalement engagé dans l'application des dispositions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui avait mis un terme aux « hostilités de juillet et d'août 2006 ».
Cette visite « officielle », la première du genre depuis près de dix ans, au Sud et au QG de la Finul à Naqoura, a voulu, dans une réaction rapide (même si certains diront qu'elle était préparée à l'avance) éviter de nouvelles mises en garde de la communauté internationale, qui, depuis la fameuse déclaration du chef de l'État à une chaîne de télévision égyptienne sur la complémentarité entre la résistance et les forces armées dans la protection du pays contre les visées israéliennes, multiplie les pressions sur les responsables libanais pour les pousser à condamner le parti chiite.
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Comme il se doit, de nombreuses figures politiques libanaises se sont empressées de critiquer cette tournée des médias organisée par le Hezbollah. Pourtant, le service d'information de ce parti avait bien pris soin de ne pas chercher à alimenter les polémiques en ne montrant aucune arme ni aucune carte, et encore moins la moindre activité suspecte dans la zone visitée. La tournée avait donc un peu l'air d'une randonnée scolaire. Seule la présence à la frontière libanaise d'un « chef du terrain » à visage presque découvert a donné une note un peu guerrière. Mais, sans ce résistant en treillis, qui détonnait d'ailleurs dans les paysages verdoyants et printaniers du Sud, on aurait pu croire à une banale visite touristique dans cette zone frontalière.
En exposant pour la première fois un de ses chefs militaires aux caméras des médias, le Hezbollah a voulu montrer son assurance sur le fait que les Israéliens ne sont pas en mesure de se lancer dans une nouvelle aventure militaire au Liban. D'ailleurs, toutes les explications fournies par ce cadre ont montré que les préparatifs israéliens de l'autre côté de la frontière sont des préparatifs défensifs et non pas offensifs. De plus, l'ampleur des détails fournis par le résistant dans son exposé des mesures israéliennes de protection des colonies proches de la frontière était destinée à montrer à la fois aux Libanais et aux Israéliens que le parti de Hassan Nasrallah sait parfaitement et minutieusement ce que préparent les Israéliens. Il était tellement sûr de ses informations qu'il n'hésitait pas à les divulguer en toute clarté devant les caméras, à un vol d'oiseau des armes israéliennes.
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Le message de cette tournée était en principe destiné à rassurer les Libanais sur le fait que la situation au Sud n'est pas appelée à se détériorer, puisque les moindres décisions de l'armée israélienne sont connues du Hezbollah. Cette démarche est intervenue à un moment où les rapports diplomatiques mais aussi les analyses des médias occidentaux évoquent en long et en large la possibilité d'une nouvelle guerre israélienne contre le Liban et le sud de la Syrie, dans le triangle Golan-Deraa-Chebaa.
En même temps, le parti chiite a voulu montrer aux Israéliens que toutes leurs mesures défensives ne serviront à rien. Non seulement ses services fonctionnent, mais, de plus, la guerre à laquelle il participe en Syrie ne l'a pas usé et n'a pas érodé ses forces. Au contraire, elle a donné à ses combattants plus d'expérience et elle lui a permis d'élargir le champ de confrontation avec les Israéliens, puisque le front s'étend désormais du Golan jusqu'au Liban.
En plus, le « chef militaire » a expliqué aux représentants des médias que les Israéliens croient que le Hezbollah pourrait lancer une attaque dans un périmètre précis, qui n'est pas prévu dans la résolution 1701. Il s'agit d'un petit couloir dans les fermes de Chebaa, celui-là même qui avait été utilisé pour répondre à l'attaque israélienne à Kuneitra contre un convoi du Hezbollah. Autrement dit, le parti avait pris soin de ne pas violer ce qui est considéré comme un statu quo au Sud. Il n'a pas affiché d'intentions belliqueuses à l'égard des Israéliens, se contentant de rappeler une position de principe annoncée par Hassan Nasrallah qui avait dit que « les moujahidine ne craignent pas la guerre », et qu'au contraire « ils l'appellent de tous leurs vœux ».
Le cadre militaire n'a évoqué aucun préparatif du côté du Hezbollah, se contentant de montrer les mesures de protection israéliennes. En dépit de ces précautions, le parti n'a pas échappé aux critiques habituelles. Mais la polémique a été stoppée net par la visite hier de la délégation officielle, conduite par le Premier ministre, au Sud et jusqu'au QG de la Finul. L'État libanais a ainsi montré qu'il contrôlait la situation. Mais le message politique est parvenu à ses destinataires...
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commentaires (8)
je voudrais rajouter maintenant car je n'ai pas eu le temps de le faire sur l'article appropriez que je ne concidere pas le hezb de maintenant de terroriste si vous me le permettez maintenant l'assassinat de hariri je pense pour ma part que l'événement leur à échapper même si celui ci a eu le concourt de certains miliciens connu pour être sympathisant du hezb et qui a jouis de cette notoriété
Bery tus
00 h 55, le 23 avril 2017