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Liban - Législatives

La mise en garde de Aoun : « Entre la prorogation et le vide, je choisis le vide »

Le Conseil des ministres reporte le débat sur le comité de surveillance des élections.

« Qu’en sera-t-il de notre efficacité et de notre crédibilité si nous n’adoptons pas une nouvelle loi ? », a indiqué Michel Aoun. Photo Dalati et Nohra

C'est une mise en garde en bonne et due forme que le président de la République, Michel Aoun, a lancé hier en Conseil des ministres, au palais de Baabda, en opposant un refus catégorique à toute discussion sur la formation du comité de surveillance des élections avant l'élaboration d'une nouvelle loi électorale. « Entre la prorogation (du mandat de la Chambre) et le vide, je choisis le vide », a affirmé M. Aoun, exprimant ainsi son rejet catégorique de tout retour à la loi de 1960.

Le président Aoun a tapé du poing sur la table lorsque le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a voulu présenter, dans une démarche qui n'était pas prévue à l'ordre du jour de la séance, les candidatures de 10 personnes qui pourraient intégrer le comité qui doit être mis en place pour la surveillance des prochaines législatives. M. Machnouk s'est aussitôt heurté au veto catégorique de M. Aoun, qui a souligné que la priorité devrait être accordée au vote d'une nouvelle loi électorale, d'autant que l'écrasante majorité des formations politiques s'accorde sur la nécessité de s'entendre sur une nouvelle formule.

Si certains ont vu dans le report du débat sur ce comité de surveillance les prémices d'une troisième prorogation du mandat de la Chambre, M. Aoun a profité de la séance ministérielle pour trancher immédiatement la question : « Entre la prorogation du mandat parlementaire et le vide, je choisis le vide », a-t-il lancé, en rappelant que son discours d'investiture stipule la mise en place d'une nouvelle législation électorale et qu'il a prêté serment sur la Constitution d'agir dans ce sens. « Qu'en sera-t-il de notre efficacité et de notre crédibilité si nous ne parvenons pas à voter un nouveau texte ? » s'est-il interrogé. Toute prorogation sera nulle, car je ne l'avaliserai pas, a fait savoir en substance le président Aoun. Lorsque M. Machnouk a soulevé la problématique des délais qui pressent, le président Aoun a rétorqué que cette question serait résolue en temps dû, mais que la priorité restait la mise en place d'une nouvelle loi électorale.

À l'heure où Michel Aoun souligne avec insistance la nécessité de s'entendre dans les plus brefs délais sur le vote d'un nouveau texte électoral, le Hezbollah ne semble pas aussi pressé. Tout en assurant que la loi électorale fait l'objet de réunions quotidiennes, le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, s'est posé la question de savoir « pourquoi cette hâte à former le comité de contrôle des législatives ». « Nous avons encore le temps de le faire », a-t-il lancé.

Interrogées par L'Orient-Le Jour, des sources ministérielles ont mis l'accent sur « une escalade verbale de la part du président de la République, alors que personne n'envisage la possibilité d'une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre ». « À la lumière des débats ministériels, nous ne sommes plus sûrs si le scrutin aura lieu dans les délais, encore moins si une nouvelle loi électorale verra le jour », ajoutent ces sources. Joint par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, s'est contenté de constater que « cette escalade n'est pas compatible avec l'atmosphère "positive'' que vit le pays depuis la tenue de l'élection présidentielle et la formation du cabinet ». 

Le chef de l'État a par ailleurs attiré l'attention des ministres, au sujet des dépenses, sur le fait que « c'est au président de la République que revient exclusivement la prérogative de négocier les traités et accords internationaux », et qu'« aucun ministre ne peut mener une telle négociation sans l'aval explicite du président ».

 

(Lire aussi : Qu'a donc voulu dire Michel Aoun ?)

 

« Retour à la normale » avec le Golfe
Prenant la parole au début de la séance dont il assurait la présidence au palais de Baabda, Michel Aoun avait auparavant félicité les services de renseignements de l'armée et des Forces de sécurité intérieure (FSI) pour la mise en échec de l'attentat contre le café Costa à Hamra, soulignant par la même occasion l'importance de la coordination entre les divers appareils de sécurité « en vue de prendre des mesures sécuritaires rapides et efficaces à même d'interdire de nouveaux enlèvements ». Selon lui, « cela n'exige pas de nouveaux plans de sécurité ». « Il est intolérable que de tels incidents se produisent à nouveau dans la mesure où ils portent atteinte à la stabilité du pays », a dit le chef de l'État.

M. Aoun a exposé aux ministres le bilan de sa tournée en Arabie saoudite et au Qatar. Il a ainsi fait état d'un « retour à la normale » des relations du Liban avec le royaume wahhabite. « Le don saoudien aux appareils de sécurité libanais sera débattu entre les ministres de la Défense des deux pays », a noté le chef de l'État, avant de faire savoir que « la représentation diplomatique du royaume sera prochainement élevée au stade d'ambassadeur ». « C'est dans la même atmosphère positive que s'est déroulée la visite au Qatar », a noté le chef de l'État avant d'indiquer que « les autorités qataries ont donné les instructions nécessaires pour accorder des visas aux Libanais ».

Rappelant que la négociation des traités internationaux relève de la compétence exclusive du président de la République, Michel Aoun a invité le Premier ministre Saad Hariri à tenir des séances successives pour l'étude du projet de budget, en vue de le voter le plus rapidement possible.
À l'instar du chef de l'État, le Premier ministre s'est félicité des accomplissements des appareils de sécurité, notamment à Hamra. « Cette opération qualitative a laissé un impact positif, en dépit des craintes et des retombées sur le secteur du tourisme », a estimé M. Hariri avant de faire état de « certaines tentatives de porter atteinte à l'image de l'État et de réduire l'importance de l'accomplissement sécuritaire observé à Hamra ». « Notre gouvernement est celui du retour de la confiance. Les médias devraient collaborer avec nous dans le sens de cet objectif et mettre fin aux doutes qui portent atteinte à la stabilité et la sécurité du pays », a encore dit le président du Conseil.

Pour ce qui est des décisions, le Conseil des ministres a avalisé les crédits nécessaires (42 milliards de LL) pour les travaux et les équipements sécuritaires et techniques de l'AIB. Il a formé une commission chargée de ce dossier. Le gouvernement a également alloué un crédit de 602 millions de LL pour le fonctionnement du ministère d'État aux Affaires de la femme. Il a aussi accepté des dons au profit de certains ministères et administrations publiques.

 

(Lire aussi : Le crime de Aqoura : simple fait divers ou nouvel épisode de l’insécurité ambiante ?)

 

La sécurité dans la Békaa
Pour ce qui est de la sécurité dans la Békaa, le Conseil des ministres n'a pas voté un nouveau plan sécuritaire, mais s'est contenté de souligner l'importance de la « coordination totale » entre les appareils de sécurité.

Des sources ministérielles font savoir à L'OLJ qu'« il s'agit d'un renforcement des mesures et actions ciblées de manière coordonnée ». Dans les mêmes milieux, on est soucieux de souligner que le Hezbollah et le mouvement Amal ont affirmé qu'il n'existe aucune couverture politique aux criminels et fauteurs de troubles.

De son côté, Inaya Ezzeddine, ministre du Développement administratif, souligne que « les voyous embêtent les habitants de la Békaa ». Dans une déclaration à L'OLJ, elle a estimé que « ce dossier est entre les mains de l'État qui devrait adopter des mesures de sécurité plus sévères, sachant que plusieurs plans de sécurité ont été établis, sans être appliqués ».

Le Conseil des ministres a enfin planché sur la question des émissions télévisées « portant atteinte aux mœurs publiques ». Le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a assuré dans ce cadre que « les discussions n'ont pas porté sur une chaîne bien définie ou un programme précis ». « Je n'arrêterai pas la diffusion d'une émission, mais je prendrai des mesures graduelles », a-t-il noté.

 

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C'est une mise en garde en bonne et due forme que le président de la République, Michel Aoun, a lancé hier en Conseil des ministres, au palais de Baabda, en opposant un refus catégorique à toute discussion sur la formation du comité de surveillance des élections avant l'élaboration d'une nouvelle loi électorale. « Entre la prorogation (du mandat de la Chambre) et le vide, je choisis le...

commentaires (4)

NI L,UN ET NI L,AUTRE...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 30, le 26 janvier 2017

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Commentaires (4)

  • NI L,UN ET NI L,AUTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 30, le 26 janvier 2017

  • Le Président Aoun , a sans doute raison ,car la démocratie en 2017 n'aime pas le vide , donc le comblera , vu qu' il ne peut être comblé, par un loi électorale relevant de la sociologie des années 1960...

    M.V.

    12 h 38, le 26 janvier 2017

  • Le VIDE, évidemment, comme toujours ! C'est une habitude....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 34, le 26 janvier 2017

  • et ses filles, toujours employee au palais presidentiel???? elles touchent combien par mois???? Est-ce qu'un journaliste va poser les questions ou bien il va se coucher devant le premier refus de repondre comme aime le faire la "star" de kalam el nas?

    George Khoury

    11 h 17, le 26 janvier 2017

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