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Moyen Orient et Monde - Crise syrienne

La conférence de Vienne débouche sur une feuille de route pour une transition politique

Une nouvelle Constitution syrienne devrait être élaborée d'ici à six mois, et des élections pourraient avoir lieu dans un an et demi.

La conférence de presse de l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, pour annoncer la feuille de route adoptée à la conférence de Vienne sur la Syrie samedi 14 novembre. Vladimir Simicek/AFP AFP PHOTO / VLADIMIR SIMICEK

Samedi, au lendemain des attentats de Paris, s'est tenue la conférence de Vienne sur la Syrie, deuxième round des discussions engagées à Genève en octobre dernier, avec pour principal objectif l'identification des groupes d'opposition qui composeront la « délégation unifiée » pour un règlement politique de la crise syrienne. À l'issue de cette rencontre, le Groupe international de soutien à la Syrie, comprenant une vingtaine de pays et organisations internationales, a annoncé une feuille de route pour une transition politique en Syrie. Selon le communiqué du groupe, les grandes puissances, dont les États-Unis, la Russie, l'Union européenne, les pays arabes et l'Iran, soutiennent « un cessez-le feu et un processus mené par les Syriens qui d'ici à six mois (...) établira un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution (...) Des élections libres et équitables auraient lieu conformément à cette nouvelle Constitution d'ici à 18 mois ».

Au-delà de la volonté commune clairement exprimée des acteurs politiques de s'unir et d'intensifier la lutte contre l'organisation État islamique, dans un contexte extrêmement volatil marqué par les attaques de Paris, les objectifs semblent fantaisistes tant les positions restent antagonistes, notamment sur le devenir du président syrien Bachar el-Assad. Les pays européens, la Turquie et l'Arabie saoudite réclament des garanties sur un départ de Bachar el-Assad dans un délai fixé, c'est-à-dire une transition progressive. De son côté, la Russie a exigé une distinction claire entre groupes terroristes et « rebelles modérés » pour faire cesser tout soutien à des organisations comme le Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie, appuyé essentiellement par l'Arabie saoudite et le Qatar.

Dans ces circonstances, la divulgation de cette feuille de route a suscité des réactions contradictoires dans les rangs de l'opposition. Si Hassan Abdeladim, membre du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), de l'opposition intérieure, s'est déclaré « d'accord avec tout ce qui se passe à Vienne », en revanche pour Samir Nashar, membre de la coalition de l'opposition syrienne, cet accord est « irréaliste ». « La moitié de la population est déplacée, le pays est ravagé, les infrastructures sont détruites. Comment tenir des élections dans ces conditions ? » a-t-il déclaré à l'AFP. La rigidité des positions diplomatiques des grandes puissances, l'absence de convergence sur des problèmes de fond et de compromis acceptables pour sortir de l'impasse, apparente cette feuille de route a une déclaration d'intention imposée par l'urgence du contexte. Les attaques de Paris pourraient néanmoins laisser entrevoir un déblocage de la situation avant la prochaine rencontre.

(Lire aussi : Syrie : les limites de la diplomatie de Vienne)

 

Reformulation du problème ?
Ces événements renforcent effectivement la prise de conscience de l'absence de leviers efficaces face à des forces dominantes qui remettent en cause la logique du containement, puisque leur action déborde largement le cadre régional pour incarner une menace globale. Or face au manque d'atouts sur le terrain en Syrie de forces crédibles de l'opposition sur lesquelles s'appuyer, avec le début de transformation apportée par l'intervention de Moscou, et devant la capacité de nuisance de l'EI, des révisions pourraient s'opérer sur le nœud problématique du rôle de Bachar el-Assad.

Cette nouvelle donne et l'évolution dans la perception et la qualification du problème de « menace terroriste » à « acte de guerre », selon les termes employés par le président français, François Hollande, renforce l'impératif stratégique de la lutte contre le groupe EI et la primauté de cet objectif. La France a engagé pour la première fois, hier, des frappes massives contre le groupe EI à Raqqa. Or ce contexte rend difficile une confrontation sur plusieurs fronts. En septembre dernier, le revirement de la France avait révélé l'absence d'une stratégie claire dans son implication en Syrie. Alors que pendant un an, Paris se refusait à engager des frappes contre le groupe État islamique pour ne pas offrir un avantage à Bachar el-Assad, il décide finalement de bombarder les positions de l'EI.

 

(Lire aussi : Pourquoi a-t-on attendu Vienne pour inclure l’Iran aux négociations sur la Syrie?)



Fabrice Balanche, spécialiste de la géographie politique de la Syrie, relevait alors dans un entretien du 16 septembre 2015 paru en ligne sur Atlantico, les contradictions qui ont caractérisé la diplomatie française et les implications de son refus de s'engager sérieusement dans la lutte contre le groupe EI qui en réalité a profité au Front al-Nosra. Servir l'objectif de la lutte contre le groupe EI imposerait donc à la France de suivre une ligne politique moins sinueuse et se fixer des objectifs raisonnables qui tiennent compte de l'évolution du contexte, des rapports de forces en présence et des impératifs d'une realpolitik. Mais quelles que soient les évolutions à venir dans les positions respectives des diplomaties occidentales sur la crise syrienne, elles buttent néanmoins sur un problème de taille que Fabrice Balanche avait relevé au cours de ce même entretien de septembre. Il rappelle l'inanité des solutions apportées par la coalition qui ignore la réalité du phénomène EI et la nécessité de modifier l'approche du problème. « Daech est dans ce cadre considéré comme un simple mouvement terroriste qu'on peut éliminer par quelques frappes aériennes. On néglige le fait que Daech s'appuie sur une base sociale conséquente : les Arabes sunnites frustrés par la construction nationale chiite à Bagdad, et la construction nationale kurde en Syrie et en Irak. Nous parlons d'intervention conjointe avec les Iraniens, les Saoudiens et les Turcs, mais ces pays ont des buts divergents à l'égard de Daech. Ce n'est plus un secret que de dire que Daech est l'allié stratégique des Turcs contre les Kurdes et des Saoudiens contre les alliés de l'Iran. Cela impliquerait de notre part un changement d'alliance complet au profit de l'Iran pour être efficace contre Daech, ce qui n'est pas concevable », explique-t-il.

Pour sa part, Peter Harling, qui dirige le projet Égypte/Syrie/Liban du programme Moyen-Orient de l'International Crisis Group, affiche son scepticisme. « Le plus probable c'est que chacun verra dans ces attentats des raisons de continuer à faire plus de la même chose. C'est la leçon qu'on peut tirer de trois ans de détérioration constante, ou les mêmes effets ne font que renforcer les mêmes causes. 

 

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commentaires (3)

LES FEUILLES DE ROUTE PRENNENT DU TEMPS ET PERMETTENT AUX TERRORISTES DE SE RÉORGANISER ET DE COMMETTRE D'AUTRES CRIMES. IL FAUT DÉCIDER ET IMPOSER LA SOLUTION URGEMMENT... ET LANCER DES ATTAQUES PAR AIR/MER ET TERRE FOUDROYANTES...

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 03, le 16 novembre 2015

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Commentaires (3)

  • LES FEUILLES DE ROUTE PRENNENT DU TEMPS ET PERMETTENT AUX TERRORISTES DE SE RÉORGANISER ET DE COMMETTRE D'AUTRES CRIMES. IL FAUT DÉCIDER ET IMPOSER LA SOLUTION URGEMMENT... ET LANCER DES ATTAQUES PAR AIR/MER ET TERRE FOUDROYANTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 03, le 16 novembre 2015

  • c est a l IRAN elle seule de lutter contre DAECH,sa politique imperialiste dansle monde arabe sunnite a cree le monstre...a l IRAN de se debrouiller avec.

    HABIBI FRANCAIS

    04 h 43, le 16 novembre 2015

  • Qu’est-ce donc que cette saloperie de "syndrome" sœur- syrien ? Jadis vassale de l’Ottomane et ancestrale Turquie, cette sœur-syrie n’a pu devenir une puissance tout au plus de second rang que sous l’égide de l’Iran des mollâhs Per(s)cés ; et grâce surtout à cette guerre civile libanaise par elle-même fomentée. Si sa proie libanaise elle perdait, elle se fondrait dans ce croissant fertilisé au lieu de l’absorber. Elle était et demeure donc le valet et l’exécuteur des basses œuvres de ces Per(s)cés précités si bien nommés. Pour s’affirmer en tant que puissance distincte mais vagabonde de cette Per(s)cée, elle doit se rabattre sur le pauvre Mont-libanais campagnardisé(h). Au lieu de relâcher ces liens avec ce Mont, son débordement territorial bâbord anti-libanais les a rendus indissolubles, tout en renforçant son antagonisme envers la Turquie et l’Arabie. En même temps, cet Iran des mollâhs Per(s)cés est le pilier sur lequel repose le règne arbitraire de la dynastie des aSSadiques nusayrîes et de leur séide suite clanique mercantile fakkihiste Takfiriste. C’est là son bouclier contre la désaffection Libano-syrienne Saine. Cette sœur-syrie est, par conséquent, le champion d’élection du mollâh et du fakkîh Per(s)cé : elle n’est donc pas un rempart contre cet Orient arriéré centre asiatique simili-exotique semi-désertique, mais son parfait instrument prédestiné pour l’invasion de ce Cher Grand-Liban et l’asservissement même de cette fichue sœur-syrie ; yâ hassirtihhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 44, le 16 novembre 2015

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