Les États-Unis et la Russie ont commencé hier à rapprocher leurs positions sur le dossier syrien, deux jours après les attentats meurtriers revendiqués par l'organisation État islamique (EI) à Paris.
En ouverture du sommet des dirigeants des grands pays de la planète à Antalya, les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine ont brisé la glace lors d'un aparté d'une demi-heure largement consacré à la guerre en Syrie, qualifié de « constructif » par la Maison-Blanche. Lors de ce tête-à-tête inattendu, surpris en direct par les caméras de la télévision turque, MM. Obama et Poutine ont apporté leur soutien à une transition politique avec des « négociations sous l'égide de l'Onu entre l'opposition syrienne et le régime, et un cessez-le-feu », selon un responsable américain. Sous la pression des attentats de Paris, ce principe a été posé samedi à Vienne lors de pourparlers internationaux sur la Syrie avec un « calendrier concret » prévoyant la formation d'un gouvernement de transition dans six mois et l'organisation d'élections d'ici à 18 mois.
Aucun commentaire n'a toutefois été fait dans les deux camps sur la principale source de divergences entre les deux pays : le sort à réserver au président syrien Bachar el-Assad. La Russie, qui intervient militairement à côté de ses troupes depuis la fin septembre, et l'Iran continuent à soutenir fidèlement le maître de Damas alors que les États-Unis, les Européens et les pays arabes exigent son départ immédiat.
« Nous avons des objectifs stratégiques liés à la lutte contre l'EI, et ceux-ci sont proches l'un de l'autre, mais il reste toujours des divergences sur la tactique », a commenté un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, devant quelques journalistes.
Malgré ces différences, la Russie, les États-Unis et les chefs d'État et de gouvernement réunis sur les bords de la Méditerranée ont affiché leur volonté de frapper « très fort » le groupe jihadiste. L'hôte du sommet, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis une réponse « très forte, très dure ». Il a estimé que l'attaque terroriste de Paris « n'est pas seulement dirigée contre le peuple français, mais contre toute l'humanité ».
« Redoubler d'efforts »
M. Obama a, de son côté, promis de « redoubler d'efforts (...) pour éliminer Daech », l'acronyme arabe de l'EI. « On ne peut maîtriser la menace terroriste (...) que si toute la communauté internationale unit ses efforts », a renchéri M. Poutine.
À l'ouverture de la première session de travail, M. Erdogan et ses invités ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats de Paris et d'Ankara, également attribués à l'organisation extrémiste, qui ont fait 102 morts le 10 octobre.
Plus que des manifestations de solidarité, Paris a de son côté exigé de ses partenaires des mesures significatives. « La France (...) voudra des décisions concrètes en matière de lutte contre le financement du terrorisme », a déclaré à l'AFP son ministre des Finances, Michel Sapin. Il remplace, avec son homologue des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le président François Hollande qui a annulé son déplacement en Turquie.
Enfin, à deux semaines de la conférence de Paris sur le climat (COP21), la France a également profité du G20 pour demander hier à ses partenaires de muscler leurs engagements en vue d'un accord pour la réduction des gaz à effet de serre et son financement.
(Source : AFP)
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