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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Paris-Raqqa, avec escale à Damas ?

L'organisation État islamique a une nouvelle fois pris le monde de vitesse. Les attentats de Paris ont réveillé les Occidentaux sur l'urgence de combattre l'EI. Et de trouver une issue à la crise syrienne.

Hier, la solidarité était mondiale. Ici, à São Paulo, au Brésil. Alexandre Schneider / AFP

Pour la première fois depuis la proclamation du « califat » en juin 2014, l'organisation État islamique a revendiqué des attentats en Europe. Après avoir très probablement provoqué le crash de l'avion russe le 31 octobre dernier, et après l'attentat contre le quartier de Bourj el-Brajneh, fief du Hezbollah, le jeudi 12 novembre, l'EI a frappé la capitale française le vendredi 13, faisant au moins 132 morts et près de 350 blessés (3 des blessés sont décédés hier).

Trois attentats en à peine deux semaines qui reflètent l'évolution de l'organisation jihadiste : l'EI est désormais capable de multiplier des opérations terroristes d'envergure sur plusieurs fronts. Les attentats dans les pays du Golfe, notamment au Koweït et en Arabie saoudite, mais également en Tunisie et en Turquie, avaient déjà démontré la puissance de projection du groupe terroriste. Mais cette dernière série d'attentats montre clairement que l'EI est en pleine croissance. Malgré la campagne aérienne menée par la coalition internationale depuis plus d'un an, malgré les bombardements russes depuis le 30 septembre dernier, et enfin malgré une récente série de défaites sur le terrain, l'EI est manifestement plus fort et plus dangereux aujourd'hui qu'il ne l'était au moment de la proclamation du « califat ».

En menant simultanément sept attaques en plein cœur de Paris, l'EI a marqué les esprits. Si ce type de scène est devenu tristement habituel dans les pays au sud de la Méditerranée, particulièrement au Moyen-Orient, il reste tout à fait exceptionnel dans les pays occidentaux. Cela explique, sans pour autant la justifier, la différence de traitement médiatique et d'impact sur les esprits entre les attentats de Paris et ceux qui touchent « les pays du Sud ». Les scènes de paniques collectives, hier après-midi à Paris, en témoignent. Si la France s'est largement interrogée, au cours de ces dernières 48 heures, sur les raisons qui avaient poussé l'EI à la désigner comme cible, il n'en reste pas moins que la menace est globale.

 

(Lire aussi : Les jihadistes nourrissent une haine spécifique envers la France)

Stratégie
L'objectif de l'EI est clair, à Beyrouth, comme à Paris : tuer un maximum de gens pour semer la terreur. Avec l'espoir de déclencher un conflit sunnito-chiite au Liban et celui de faire éclater une guerre civile, entre les Français de confession musulmane et le reste de la population, en France. Si les moyens d'action ont pu évoluer, la stratégie de l'organisation n'a pas changé : déclarer la guerre au monde entier afin de provoquer ce qu'il considère être « la bataille de la fin des temps ».

Face à un ennemi qui use d'une stratégie destructrice, globale et apocalyptique, les Occidentaux ont clairement du mal à définir, à leur tour, une stratégie. Ce constat a amené une grande partie des États occidentaux à sérieusement s'interroger ces derniers jours sur l'efficacité des moyens mis en œuvre pour combattre ce groupe terroriste. En France, le débat a très largement tourné autour d'une nécessaire remise en question de sa politique étrangère au Moyen-Orient, faisant éclater au passage l'unité nationale réclamée par François Hollande. De nombreuses voix ont critiqué la proximité de Paris avec « le camp sunnite » et ont appelé à un rapprochement avec la Russie et l'Iran. Les caméras de TF1 ayant anticipé la chose se sont précipitées à Damas pour recueillir les propos de Bachar el-Assad. Et ce dernier de répondre, non sans une certaine satisfaction, « la France a connu ce que nous vivons en Syrie depuis cinq ans ».

(Lire aussi : Daech franchit un seuil avec les attentats de Paris)

 

Assad au centre des débats
Pendant tout le week-end, le mot guerre était sur toutes les bouches. Comme si les Français avaient subitement oublié qu'ils étaient déjà en guerre depuis des années en Afrique et au Moyen-Orient. Comme au moment des attentas du 11 janvier, il est naturel de se poser la question : en guerre contre qui/quoi ? Paris a apporté une première réponse, hier soir, en bombardant massivement la ville de Raqqa, capitale politique de l'EI. Une réponse un peu précipitée et quelque part paradoxale, puisque les débuts de l'enquête ont prouvé qu'au moins trois Français figuraient parmi les assaillants. Ce terrorisme a donc une double nature, il est à la fois intérieur et extérieur.

À Antalia, lors du sommet du G20, Barack Obama et Vladimir Poutine ont rapproché leur position sur le dossier syrien, même s'ils ne se sont toujours pas mis d'accord sur le sort à réserver à M. Assad.
Au lendemain des attentats de Paris, la volonté commune des grandes puissances de combattre l'État islamique pourrait accélérer le règlement de la crise syrienne. Un règlement qui devient tous les jours plus urgent pour la sécurité des pays des deux rives de la Méditerranée.

 

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commentaires (7)

Quel pourrait être l'avis.... de Seurat Marie ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 23, le 17 novembre 2015

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Commentaires (7)

  • Quel pourrait être l'avis.... de Seurat Marie ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 23, le 17 novembre 2015

  • Ou, carrément au Liban sans aucune escale, avec.... "l'affaire" Michel Seurat ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 13, le 17 novembre 2015

  • Ou, Argentine-Téhéran, avec escale au Liban ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 58, le 17 novembre 2015

  • Ou, Bulgarie-Téhéran, avec escale au Liban ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 27, le 17 novembre 2015

  • Daesch est l'enfant de Bachar el Assad et de l'Iran Il n'y a pas de solution politique Les grandes puissances sont emmêlées dans leurs magouilles habituelles. Il n'y a qu'une solution militaire, brutale, genre débarquement en Normandie le 6 juin 1944. La solution politique est irréaliste : Le petit Hitler ne cédera pas sa place à aucun prix, les rebelles après tant d'années de guerre civile ne cèderont pas un pouce de terrain, ne parlons pas de de Daesch qui n'a rien à gagner dans une solution politique Les frappes n'apporteront de solution militaire Il faut débarquer dans la région, détruire Daesch et obliger le petit Hitler à aller assassiner ailleurs Bref, je ne vois pas à la table de négociation Daesch, les rebelles, les représentants du régime syrien, Al Qaeda etc Depuis le début des frappes russes, rien n'a changé.. Si : des civils innocents qui sont morts qui s'ajoutent aux nombreux morts par la faute d'un dictateur..;

    FAKHOURI

    12 h 56, le 16 novembre 2015

  • Je sens qu'on y arrive tout doucement , on commence à se poser les vraies questions en France et en Europe . JP Raffarin vient à l'instant de le déclarer sur Itélé , nous devons cibler un ennemi et c'est daesh , il ne nous ont pas fait entendre la suite , mais il aurait dit "il faut coopérer avec la Russie NPM et la Syrie de BASHAR dans notre guerre globale" , ce que traduit votre article par " précipitations vers le PDT élu Bashar" . La solution ne pourra jamais être militaire, il n'est pas vrai , voir enfantin de croire que des hommes de troupe massés quelque part pourrait éradiquer les bactéries . Il faut une stratégie géopolitique efficace pour qu'elle puisse tenir le plus longtemps possible , les bactéries bénéficient de soutien financier et militaires des puissances locales telles la turquie , la jordanie et toute la panolplie des bensaouds , alliés des occidentaux de la "coalition" dite anti daech . Il faut aussi revoir le flux financier des ventes du pétrol volé par les bactéries et vendus à ciel ouvert aux turcs et jordaniens. Plutôt que de se distraire à traquer les fonds du hezb résistant , il faudra se pencher sur les circuits financiers et bancaires des bactéries salafowahabites . ON ENTEND ENFIN UN DISCOURS EN FRANCE QUI VA REMETTRE LES PENDULES A L'HEURE , A SAVOIR RECONSIDERER LES RELATIONS QU'ON A AVEC UN AMI BETE , POUR MIEUX SE CONCENTRER SUR CELLES QU'ON SERA FORCE D'AVOIR AVEC UNE ENNEMI INTELLIGENT .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 30, le 16 novembre 2015

  • S'ILS VEULENT VRAIMENT SE DÉFAIRE DES TERRORISTES C'EST UNE HISTOIRE DE SEMAINES SEULEMENT... ILS N'ONT QU'À BLOQUER TOUTES LES FRONTIÈRES DES PAYS ENVIRONNANTS ET EN ALLIÉS À DÉBARQUER UNE NOUVELLE ARMÉE DE LA NORMANDIE... POUR ÉRADIQUER LE MAL... SANS INTERVENTION TERRESTRE POINT DE RÉSULTAT TANGIBLE !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    06 h 59, le 16 novembre 2015

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