La réunion de Vienne vendredi sur la crise syrienne a achoppé sur de nombreux points, dont le principal est le sort du président Bachar el-Assad, mais un processus a été mis en route, au moment même où les Etats-Unis annonçaient l'envoi pour la première fois de soldats au sol.
Sortant de l'hôtel Impérial, à l'issue de huit heures de discussions entre une vingtaine de délégations, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré : "Nous avons abordé tous les sujets, même les plus difficiles. Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions, dans la même configuration, dans deux semaines".
"Le principal point de désaccord est le rôle futur de M. Bachar el-Assad", a ajouté le chef de la diplomatie française. "Mais il y a un certain nombre de points sur lesquels nous nous sommes mis d'accord, notamment sur le processus de transition, sur la perspective d'élections et la façon dont tout cela devait être organisé et sur le rôle des Nations unies".
(Repère : Un mois de frappes russes en Syrie : qu'est-ce qui a changé?)
Les participants ont notamment estimé que l'Etat syrien devait être préservé et ont chargé les Nations unies de négocier un cessez-le-feu, a indiqué à la presse le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Il a confirmé que son pays, la Russie et l'Iran "s'étaient mis d'accord pour ne pas être d'accord" sur le sort à réserver au président Assad, qui va certainement constituer dans les semaines et sans doute les mois à venir le point de divergence numéro un dans ces négociations.
"La position des Etats-Unis est qu'il n'est pas possible que le président Assad puisse unifier et gouverner la Syrie", a ajouté l'Américain. "Nous pensons que les Syriens méritent d'avoir un meilleur choix".
Pour sa part, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, cité à l'issue de la réunion par les agences de son pays, a assuré que vendredi "certains pays avaient tenté d'inclure un calendrier pour le départ de Bachar el-Assad". "Mais avec les efforts faits, cette partie a été supprimée", s'est-il félicité.
Pendant que les principaux acteurs diplomatiques du dossier syrien, y compris pour la première fois l'Iran, étaient réunis dans la capitale autrichienne, Washington a annoncé l'envoi en Syrie, pour la première fois, d'une cinquantaine de soldats des forces spéciales ainsi que l'acheminement d'avions d'attaque au sol A-10 et de chasseurs F-15 sur une base aérienne turque voisine, afin d'accroître les capacités américaines de lutte contre les groupes extrémistes radicaux.
Sergueï Lavrov a désapprouvé cette décision, rappelant qu'"une opération militaire -que ce soit dans les airs ou au sol - a besoin du consentement des gouvernements concernés et du conseil de sécurité de l'Onu.
La stratégie américaine en Syrie "n'a pas changé", a toutefois assuré un porte-parole de la Maison blanche, assurant que les militaires envoyés sur place n'auraient pas de "missions de combat".
(Lire aussi : L'absence de politique syrienne des États-Unis)
"Difficile" solution politique
Même si personne ne s'attendait à Vienne à une avancée diplomatique majeure, notamment sur le rôle futur du président Assad, soutenu par Moscou et Téhéran, la simple présence de protagonistes aux positions encore très divergentes a été perçue comme un progrès.
Ont également pris part aux pourparlers de Vienne des représentants chinois, libanais et égyptiens, de même que les ministres français, britannique et allemand des Affaires étrangères.
"Nous avons enfin réussi à rassembler autour d'une même table tout le monde sans exception", s'était félicité Sergueï Lavrov. A l'issue de la réunion, il a déclaré que "le processus politique devrait désormais conduire à un accord entre les parties (syriennes) pour parvenir à la création d'une structure inclusive qui permette de régler les questions vitales pour le pays, de préparer une nouvelle Constitution et d'organiser des élections générales".
Pour l'instant, il n'est pas question d'une participation du gouvernement syrien ou de l'opposition au processus entamé à Vienne.
La Russie, qui insiste avec l'Iran pour que le président syrien joue un rôle dans la transition politique à venir, a déclenché le 30 septembre une campagne de bombardements aériens en Syrie : Moscou a affirmé vendredi avoir détruit depuis cette date 1.623 "cibles terroristes".
L'Iran apporte un soutien financier et militaire direct à Damas alors que l'Arabie saoudite soutient des groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis contre l'EI.
Sur le terrain, les violences se poursuivent avec la même intensité : vendredi matin, le tir par les forces du régime d'une pluie de roquettes sur le marché de Douma, une banlieue de Damas tenue par la rébellion, a fait au moins 89 morts, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
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commentaires (11)
LE VASSAL RUSSE ET SES COMPARSES N'ONT QUE LE CHOIX D'OBTEMPÉRER AUX ORDRES DE LEUR MAÎTRE !!!
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 09, le 31 octobre 2015