Hassan Nasrallah lui a dit un jour : « Tu n'as pas le choix. Tu dois réussir. » Rima Fakhri a saisi la chance au vol et elle est aujourd'hui la seule femme membre du conseil politique du Hezbollah présidé par Ibrahim el-Sayyed. Très discrète, elle apparaît rarement dans les médias et la plupart des gens ignorent même son existence. Mais Rima Fakhri révèle qu'elle participe aux décisions, à l'instar de tous les autres membres du conseil.
Elle y a été élue en 2004, lorsque le commandement du Hezbollah a décidé de donner plus de place à l'élément féminin. Mais son histoire avec le parti a commencé bien avant cette date.
Originaire de Zrariyé, au Liban-Sud, d'une famille peu engagée sur le plan religieux, Rima Fakhri a effectué des études d'ingénieur agricole à l'AUB. Et c'est en fréquentant l'université qu'elle a décidé d'intégrer les rangs du Hezbollah, parce qu'elle estimait que de cette manière, elle pourrait servir son pays et son environnement. Elle y est donc entrée en 1985, alors que ce parti était encore un petit noyau, et elle y a fait petit à petit son chemin.
En même temps, elle a commencé par décider de se voiler avant d'en arriver progressivement au tchador noir. Elle a commencé par s'occuper de la section de « la mobilisation éducative » dans le Sud, avant de venir à Beyrouth dans le cadre de la commission centrale pour les femmes, sous le court mandat de Abbas Moussaoui (assassiné en 1991 lors d'un raid israélien contre sa voiture, sur la route côtière du Sud). Mais c'est surtout avec l'actuel secrétaire général du Hezbollah qu'elle a commencé à assumer plus de responsabilités.
« Sayyed Nasrallah, dit-elle, voulait faire bouger les choses. Et lorsqu'on lui propose un projet complet et réalisable, il n'hésite pas à l'accepter. Il encourage les initiatives. » Voyant par exemple que beaucoup d'enfants des membres du Hezbollah hésitaient à intégrer les « Scouts du mehdi », elle a créé des clubs pour enfants, qui sont des structures plus souples, tout en leur assurant des fonds. Ces clubs fêtent cette année leurs 15 ans d'existence...
À partir de 2004, Rima Fakhri a donc quitté le domaine d'activité strictement féminin pour rejoindre la section des analyses qu'elle aime particulièrement.
Entre-temps, en 2008, elle a obtenu un master en affaires internationales à la LAU et maintenant, elle s'est inscrite pour une thèse de doctorat. Elle reconnaît que l'analyse politique, « c'est beaucoup de responsabilités car, dans un parti comme le Hezbollah, la justesse de la vision est primordiale dans la prise des décisions ». C'est d'ailleurs pourquoi les analyses qu'elle et ses compagnons font passent par beaucoup de niveaux avant d'arriver à la tête du parti, qui reste l'ultime recours. Elle précise ainsi qu'il est arrivé qu'une de ses analyses ait été contestée par les autres membres du conseil politique. Mais au final, Hassan Nasrallah a tranché en sa faveur. C'est elle aussi qui a proposé au conseil politique de réduire autant que possible les interviews des membres du parti pour éviter des polémiques en cette période critique. Rima Fakhri affirme ainsi qu'elle est aussi écoutée que les autres et que son rôle ne se limite pas à une participation de pure forme.
L'envers de la médaille, c'est qu'elle a moins de temps pour sa famille, son mari et ses quatre enfants. De son époux, elle dit qu'il n'est pas dans le parti, mais qu'il connaissait son engagement lorsqu'ils se sont mariés. Par contre, c'est sa fille aînée (21 ans) qui lui donne du fil à retordre car elle est un peu rebelle. Rima Fakhri la comprend, car elle-même n'a pas toujours été aussi stricte sur les plans religieux et politique. Mais une fois qu'elle s'est engagée au sein du Hezbollah, ses convictions n'ont plus jamais été remises en question.
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commentaires (6)
C'est vrai que ce n'est ni sexy ni glamour comme accoutrememt , mais on parle d'un parti qui n'a en fait que 15 ans d'existence publique , avant 2000 date de la liberation de la plus implacable des occupations du sud par les armees sionistes criminelles d'israrecel , le hezb vivait tres discretement . Et puis c'est franchement pas en talons aiguilles qu'on gagne en intelligence non plus !
FRIK-A-FRAK
17 h 58, le 17 mars 2015