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À La Une - Irak-Syrie

Les chiites ont célébré sous haute protection le deuil de l'Achoura

Bombardements intenses de la part des peshmergas irakiens contre les jihadistes de l'EI à Kobané.

Plus de trois millions de fidèles ont pris part au rituel de l'Achoura à Kerbala mardi, selon les autorités irakiennes. AFP PHOTO /MOHAMMED SAWAF

Des centaines de milliers de chiites ont célébré mardi sous haute protection le deuil de l'Achoura en Irak et au Liban, défiant la menace du groupe jihadiste sunnite Etat islamique (EI) responsable d'attentats meurtriers contre leur communauté ces derniers jours.

Une immense ferveur a régné à Kerbala, la grande ville sainte chiite située à 110 km au sud de Bagdad et qui a été épargnée par les attaques, contrairement aux précédentes années, durant ces célébrations. Vêtus de blanc, des centaines d'hommes ont ouvert la procession du "tatbeer" en se frappant la tête ou en se flagellant jusqu'au sang en signe de deuil. Ils ont été suivis par une marée humaine composée aussi de femmes et d'enfants vêtus de noir qui se pressaient devant les mausolées de l'imam Hussein et de son demi-frère Abbas, en se frappant également la tête.

"Plus de trois millions" de fidèles ont pris part au rituel de l'Achoura à Kerbala mardi, a indiqué le lieutenant-général Othmane al-Ghanimi à la télévision d'Etat.
Les pèlerins pleuraient leur martyr, le petit-fils du prophète Mahomet assassiné en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid, durant la bataille de Kerbala. Selon la tradition, l'imam Hussein a été décapité et son corps mutilé, ce que de nombreux fidèles commémorent par des actes d'auto-flagellation.

Faisant face depuis juin à une offensive de l'EI qui s'est emparé de vastes pans de territoire en Irak, les autorités, jugeant la menace plus grande cette année, avaient renforcé leur dispositif de sécurité pour l'Achoura, en faisant appel à plus de 25 000 soldats et policiers et 1 500 miliciens chiites.
Le nouveau gouvernement du Premier ministre chiite Haidar al-Abadi et ses forces, qui peinent à regagner le terrain perdu aux jihadistes, semblent avoir réussi le test, aucun attentat n'ayant été signalé lors des célébrations mardi.

 

(Lire aussi : Attaque meurtrière sans précédent contre les chiites en Arabie)


"Un défi à l'EI"
Pourtant ces derniers jours, les chiites dans la région de Bagdad ont été la cible d'attaques de l'EI, qui s'est même moqué du plan de sécurité des autorités. Dimanche et lundi, 34 personnes sont mortes dans des attentats et des tirs de roquettes.

"Commémorer le martyr de l'imam Hussein cette année représente un défi lancé à l'EI", groupe ultra-radical qui considère les chiites comme des hérétiques, a affirmé Saad Jabbar, 54 ans, un pèlerin à Kerbala.
Pour Hatem Gata, un autre fidèle, les Irakiens sont déterminés à "s'opposer à cette bande qui veut perpétuer des actes de l'ex-dictateur Saddam Hussein", un sunnite renversé en 2003 et qui empêchait les chiites de commémorer un tel rite.

Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI est responsable d'atrocités -viols, rapts, exécutions, crucifixions, nettoyage ethnique- dans les vastes régions conquises en Irak et en Syrie voisine. Il a encore prouvé sa cruauté en exécutant dimanche un nouveau groupe de 36 membres -dont des femmes et des enfants- de la tribu sunnite Albounimer, qui lui est hostile dans la province occidentale d'Al-Anbar.

 

(Lire aussi : Quand l'EI utilise des femmes pour recruter)


Bombardement intensif à Kobané
Dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement armé chiite Hezbollah complètement bouclé, des dizaines de milliers de personnes ont célébré le deuil de l'Achoura aux cris de "Nous sommes à tes ordres, O Hussein".
S'exprimant sur un écran géant, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a promis la défaite des jihadistes en Syrie, que son parti combat aux côtés du régime de Bachar el-Assad.  Ces dernières années, les fiefs du Hezbollah ont été visés par des attentats de groupuscules sunnites opposés à son implication en Syrie où l'EI a profité de la guerre pour s'emparer de vastes régions.

En Syrie, les combattants de l'EI ont été mardi la cible de bombardements intenses de la part de peshmergas irakiens, venus épauler leurs frères d'armes syriens dans la ville kurde de Kobané, frontalière de la Turquie.
L'EI cherche à conquérir depuis le 16 septembre la ville assiégée pour s'assurer le contrôle d'une longue bande territoriale à la frontière syro-turque.

Selon l'ONG Human Rights Watch, ses combattants ont torturé et battu des dizaines de garçons âgés de 14 à 16 ans, originaires de Kobané, qu'ils avaient enlevés avant le début du siège. Certains des adolescents libérés ont raconté avoir été frappés avec des tuyaux et des câbles électriques.

 

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