Le temps des miracles est peut-être révolu, mais Hala Kodmani a su redonner vie à son père dans son nouvel ouvrage La Syrie promise *. À travers une correspondance posthume entre la journaliste syrienne et son géniteur Nazem Kodmani, décédé il y a quelques années, l'auteure a réussi très subtilement un chassé-croisé en racontant à son père les révoltes arabes d'aujourd'hui, notamment syrienne, alors que lui se souvenait de son combat politique du milieu du siècle dernier.
« Ce livre est le carrefour de plusieurs idées que j'ai rassemblées. D'abord, il m'a permis d'écrire dans un univers virtuel. Quant au format utilisé, je voulais tout simplement que le livre soit adapté pour être lu sur les tablettes digitales », affirme d'emblée Hala Kodmani à L'Orient-Le Jour.
En passant d'une époque à une autre, d'une histoire à une autre, le lecteur ne s'ennuie pas. Lui aussi fait des parallèles avec son vécu. Bien que la narration de l'expérience de Hala Kodmani soit très personnelle, tout un chacun peut se retrouver dans ses souvenirs, ses mémoires, ses espoirs et ses peines.
« Le livre au départ n'était pas sur la révolution syrienne, mais sur le malaise français. Je voulais interroger mon père sur la France en faisant justement ce voyage entre le passé et le présent », explique-t-elle, ajoutant : « Et puis les révolutions arabes ont éclaté au moment où j'ai commencé à rédiger mon livre et se sont imposées naturellement. Beaucoup de gens ont suivi l'actualité concernant la révolte en Syrie, mais très peu connaissent l'histoire de ce pays. Certains lecteurs se sont intéressés à mon livre sur ce qu'il racontait sur le mandat français en Syrie, dont ils ignoraient tout. »
En effet, ce livre jette un regard nostalgique sur une période considérée comme glorieuse pour les militants arabes, une période riche politiquement, culturellement et socialement.
(Pour mémoire : L'avenir de la Syrie, le commentaire de Christopher Hill)
Pour Hala Kodmani, « l'arabité a joué un rôle important lors des guerres d'indépendance des pays arabes. C'était au nom de la dignité, de la liberté perçue alors comme une libération des puissances coloniales et des puissances étrangères. C'était un idéal, un horizon. On se souvient tous des propos de Gamal Abdel Nasser : "Relève la tête mon frère." Malheureusement, cet appel à la liberté est devenu avec les dictatures arabes une idéologie liberticide et opprimante ».
« Bien que je sois éduquée et que j'aie grandi dans ce grand rêve arabe, je me suis finalement défaite du nationalisme arabe et de l'appartenance arabe globale, pour le nationalisme syrien », dit-elle.
Autre particularité du livre, l'optimisme et l'espoir affichés tout au long de l'ouvrage.
« Il faut d'abord resituer chaque lettre, explique Hala Kodmani. J'ai écrit le livre au fur et à mesure. Tout ce que j'ai écrit est la vérité au moment où je l'ai écrit. Évidemment, on est arrivé à un désastre absolument insoupçonnable il y a deux ou trois ans. Sur le moment, les espoirs exprimés, les horizons, tout était vrai, authentique. »
« Avec la contre-révolution actuelle, il est important de garder cet instantané, cet espoir que portaient ces révolutions en Tunisie, en Égypte, en Syrie, y compris l'unité du peuple syrien, parce que c'était une vérité incontestable à ce moment-là, au début des révoltes. Avec le recul, aujourd'hui, ces souvenirs redonnent le sens de l'origine véritable de ces révolutions. Ce qui explique également mon optimisme, mon espoir. La dynamique ne s'est pas arrêtée, bien qu'on ne puisse pas rester insensible aux atrocités qui ont lieu actuellement en Syrie », précise Kodmani.
Selon elle, la Syrie est en pleine contre-révolution, qu'il s'agisse du choix islamiste ou des nouvelles dictatures militaires qui s'installent, par rapport aux idéaux de liberté et de justice exprimés au début.
Et d'ajouter : « Mon optimisme n'enlève rien à ma lucidité. Nous sommes arrivés à un désastre syrien : tous les pires scénarios se sont réalisés. Mais les raisons et le cheminement sont explicables. Nous avons en Syrie une juxtaposition de crises. C'est-à-dire que la révolution est encore là. Il y a une guerre civile qui s'est incrustée dessus, il y a un conflit régional, un affrontement confessionnel, une confrontation internationale, une guerre contre le terrorisme... tous ces faits se sont juxtaposés dans ce même lieu qu'est la Syrie. »
Les révoltes arabes ont ainsi ouvert une page qui va mettre peut-être 20 ou 30 ans pour accoucher un autre ordre ou un autre modèle. On est rentré dans le processus.
« À mon avis, on mettra très longtemps après la fin du conflit, qui n'est pas pour demain, pour analyser cette crise régionale majeure qui risque de changer l'équilibre des forces internationales, à l'instar de la guerre de Suez qui a marqué la fin des empires français et britannique, et l'émergence des nouvelles superpuissances américaine et soviétique », conclut-elle.
* « La Syrie Promise », Hala Kodmani, éditions Sindbad-Actes Sud, 2014.
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La Syrie récolte aujourd'hui ce qu'elle a semé n'en déplaise a Mme Kodmani ou autre Mme Kodmani. Elle a joué longtemps avec le feu en s'en prenant au Liban au lieu de chercher a bâtir un équilibre stratégique avec Israël en s'alliant le Liban, en se servant de la puissance des relations que se pays avait avec l'occident pour pouvoir passer les demandes arabes de l’époque, elle a essayé de le faire en le détruisant, l'occupant et le pillant pour finir par se l’aliéner. La Syrie a chanté sur les ruines de notre pays, le seul a avoir résisté et meme battu les troupes d'Israël en 1948, eh bien maintenant que la Syrie danse la danse de la terreur et de la mort dont elle a tant user et abuser contre tous ses voisins. Aujourd'hui elle ne fait plus peur et bientôt elle disparaîtra de la carte et ne sera plus jamais nocive hamdellah!
09 h 49, le 04 novembre 2014