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Liban - Lutte antiterroriste

À Ersal, un retour au calme et des doutes sur la performance de l’armée

« Les efforts se poursuivent pour libérer les otages, inchallah cette semaine », a assuré à « L'Orient-Le Jour » cheikh Yehya Breidy, membre du comité des ulémas musulmans.

Il semblerait que le calme soit enfin de retour à Ersal. Durant le week-end, l'armée a en effet contrôlé les abords de la ville, quelques jours après le retrait des jihadistes ultraradicaux suite aux combats qui les ont opposés à la troupe. Les soldats se sont ensuite déployés dans ces zones stratégiques afin de contrer toute attaque éventuelle des islamistes, effectuant des patrouilles à l'intérieur de la ville et mettant en place des barrages fixes et mobiles, à Wadi el-Hosn, à Wadi Hmayed et à Wadi Ata à l'est de la ville, à Ras el-Sarj et près du dispensaire Rafic Hariri à l'entrée ouest ainsi qu'à Messiyada dans le nord de Ersal, sans oublier les postes dans Wadi el-Raayane et Serj Hassan du côté sud. Des mesures qui ont visiblement rassuré les habitants de la région, qui attendent l'arrivée prévue aujourd'hui de la délégation du Haut Comité de secours présidée par le général Mohammad Kheir, pour évaluer l'ampleur des dégâts causés par les combats qui, selon un recensement réalisé par les habitants de la localité, ont fait 16 morts parmi les civils et plus de 100 blessés.

« Les gens circulent de nouveau de façon normale dans le village, a confié à L'Orient-Le Jour cheikh Yehya Breidy, membre du comité des ulémas musulmans et habitant de Ersal. Il n'y a plus aucun individu armé à l'intérieur de Ersal et les habitants sont confiants. Nous croyons sincèrement que Ersal ne connaîtra plus de mésaventures, à moins que quelque chose de catastrophique n'arrive, à Dieu ne plaise. » « Nous étions en tout cas satisfaits de la présence de l'armée dans la ville bien avant les combats, mais c'est l'arrestation de Imad Jomaa par la troupe qui a tout chamboulé », a ajouté le cheikh, assurant que Imad Jomaa était passé la veille de son arrestation à un barrage de l'armée qui l'avait pourtant laissé passer.

(Lire aussi: Pour les habitants de Ersal, seule l'armée pourrait redresser les injustices subies)


Samedi, des proches des 38 militaires et policiers toujours pris en otage par les groupes terroristes lors des affrontements de Ersal ont observé un sit-in sur l'autoroute, près du rond-point de Douris dans la Békaa, pour réclamer leur libération promise par les ulémas qui tentent encore de jouer le rôle de médiateurs. « Les efforts se poursuivent pour libérer les otages, a assuré cheikh Breidy, mais de façon plus secrète afin d'éviter que des tierces parties interviennent. Ils seront libérés en principe cette semaine, inchallah. » « Nous croyons sincèrement qu'ils seront sains et saufs, à moins que certains ne fassent des forfanteries sans trop réfléchir », assurant que les médiations se font entre les islamistes et « un ou deux » ulémas de manière individuelle. Le quotidien al-Hayat avait en effet rapporté hier de source officielle que cheikh Hussam el-Ghali, représentant les ulémas, avait tenté de se rendre dans la région du jurd pour négocier avec les islamistes du Front al-Nosra, mais qu'il avait rebroussé chemin à cause des barils explosifs lancés par le régime de Damas et de la difficulté de progresser dans ce genre de routes accidentées. Un cheikh syrien aurait en outre été chargé de négocier avec les kidnappeurs.

Une perte rapide des positions de l'armée à Ersal

Si les regards des citoyens sont braqués sur les médiations du comité des ulémas qui dénonce fermement les propos l'accusant de « compromis avec les terroristes », plus d'une interrogation se pose autour de la performance de l'armée à Ersal lors des combats sanglants qui l'ont opposée aux islamistes. Sur ce plan, cheikh Breidy a en effet affirmé que l'armée a rapidement perdu ses positions à Ersal dès les premières heures des combats. Des affirmations reprises par le député du courant du Futur Ahmad Fatfat, qui a fait part de sa colère à L'Orient-Le Jour. « Une vingtaine de soldats sont morts à Nahr el-Bared lors du premier jour des combats, alors que des informations circulaient, prédisant la lutte féroce qui allait opposer les soldats à Fateh el-Islam, a-t-il clamé. Aujourd'hui aussi, l'on était conscients du danger que pouvait constituer une éventuelle attaque islamiste à Ersal. Malgré cela, l'armée s'est d'abord pratiquement effondrée aux premières heures des combats et cela n'est pas normal. Nous ne devons pas répéter les mêmes erreurs et nous réclamons l'ouverture d'une enquête à ce sujet afin de combler les manques et corriger les faiblesses, comme cela se fait partout dans le monde après une guerre. L'armée aurait dû être préparée davantage pour éviter la mort de tellement de soldats. »

(Voir aussi notre diaporama : Tombés pour le Liban)


Réclamant une reddition interne de comptes, Ahmad Faftfat a assuré qu'il n'impute pas à l'armée la responsabilité de ces lacunes, « mais bien à l'autorité politique et au gouvernement ». Il a en outre réclamé un contrôle, voire une fermeture des frontières par l'armée et la Finul. « Tant que nous ne protégeons pas nos lignes de frontières, nous ne pouvons garantir le calme à Ersal et dans le restant du territoire libanais, sans oublier que nous avons des bases palestiniennes aux frontières également, et qu'elles peuvent menacer la sécurité à tout moment », a-t-il ajouté, espérant que la libération des otages ne prendra pas plus d'une semaine. « Une semaine c'est beaucoup pour les familles de nos militaires, mais je n'ai aucune information concernant une éventuelle prochaine libération de ces derniers », a-t-il déploré, appelant enfin au contrôle des camps de réfugiés syriens au Liban. « Nous avons besoin d'une politique de contrôle, le Liban est devenu en entier un camp de réfugiés », a-t-il poursuivi.

(Lire aussi : La victoire à Ersal, le don saoudien et le retour de Hariri ont dynamisé la vie politique)

Plus de 500 tentes de réfugiés syriens ont été brûlées à Ersal lors des combats, le village accueillant plus de 170 000 réfugiés qui tentent tant bien que mal de s'abriter aujourd'hui. La région est par ailleurs toujours privée de courant électrique, et nombreuses sont les habitations détruites. « L'ancien Premier ministre Saad Hariri a promis d'indemniser les familles de Ersal et de se charger de la reconstruction de leurs demeures, même si je trouve que c'est l'État qui doit s'en charger », a conclu Ahmad Fatfat.

Durant le week-end, des mesures de sécurité préventives renforcées ont été mises en place par les services libanais de sécurité, dans le but d'arrêter des individus suspectés de radicalisme. Le mohafez de Baalbeck et du Hermel, Bachir Khodr, a précisé au quotidien panarabe al-Chark al-Awsat que les autorités libanaises ont demandé aux administrations locales de coopérer avec elles, de renforcer leurs propres mesures de sécurité et de recenser les réfugiés syriens présents dans leur zone. Des perquisitions ont été par ailleurs menées par des forces de l'ordre dans la demeure d'un Syrien à Nabatiyé et dans le complexe de Waha, qui abrite des réfugiés syriens dans le Koura, et sept personnes y ont été arrêtées.


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Il semblerait que le calme soit enfin de retour à Ersal. Durant le week-end, l'armée a en effet contrôlé les abords de la ville, quelques jours après le retrait des jihadistes ultraradicaux suite aux combats qui les ont opposés à la troupe. Les soldats se sont ensuite déployés dans ces zones stratégiques afin de contrer toute attaque éventuelle des islamistes, effectuant des...

commentaires (5)

je voudrais savoir c'est qui les intelligents qui ont pousser les jihadiste vers l'interland libanais/syrien de ersal ?!?!?!

Bery tus

17 h 12, le 11 août 2014

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Commentaires (5)

  • je voudrais savoir c'est qui les intelligents qui ont pousser les jihadiste vers l'interland libanais/syrien de ersal ?!?!?!

    Bery tus

    17 h 12, le 11 août 2014

  • C'est très simple ...l'armée devrait repérer et appréhender 1000 membres des familles de djihadistes réfugiées chez nous ...et exiger la libération immédiate de nos soldats...! faute de quoi ,elle les remet aux troupes du gentil criminel Bachar El Assad........

    M.V.

    16 h 31, le 11 août 2014

  • Ersal ou ce jeu de cache cache avec l’armée libanaise . La troupe devra se munir d’armes modernes pour pouvoir localiser les kidnappeurs et sauver les otages .

    Sabbagha Antoine

    11 h 51, le 11 août 2014

  • L'armée est chargée de nettoyer la merde foutue par tant de monde ! Que ces cheikhs et ces députés fichent la paix à l'armée. Wnoqtat 3ala al-satr !

    Halim Abou Chacra

    11 h 48, le 11 août 2014

  • C’est un comble de l’hypocrisie de jeter l’opprobre sur l’institution militaire, qui a été prise par surprise par ceux-là même qui avaient été accueillis à bras ouverts par les habitants de Arsal qui leur ont ouvert leurs maisons et installé sur leurs terres et qui leur ont fait confiance. Il est tout aussi hypocrite d’ignorer que Les alliés et collègues de ce Monsieur Fatfat ne loupent aucune occasion d’agresser verbalement l’armée qui nous défend tous y-compris lui-même qui n’aurait certainement pas été épargné par ces sauvages si l’armée se serait effondrée comme il le prétend. Par ailleurs il passe sous silence que l’effet de surprise passée, l’armée nous a tous sauvé en chassant, ces hordes sauvages qui veulent nous ramener à l’âge de pierre, de ce village qui était leur allié qu’ayant été trahi devient leur pire ennemi. Il aurait mieux fallu à ce monsieur de désavouer ses collègues parlementaires semeur s de haine religieuse et fossoyeurs de l’entente nationale que de s’attaquer à l’armée qui par son sang et ses sacrifices a éloigné de lui un destin beaucoup plus sombre qu’il ne soupçonne. Par ailleurs il est pénible de lire un titre d’article qui sème le doute sur notre armée qui est notre dernier rempart de défense contre l’obscurantisme.

    Joseph Zoghbi

    10 h 04, le 11 août 2014

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