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Environnement - Rapport

Le changement climatique pourrait réduire la croissance du Liban de 2 % par an d'ici 2040

Le rapport sur le climat et le développement au Liban, publié par la Banque mondiale, met l’accent sur le coût élevé de l’inaction climatique à travers 4 secteurs clés, et propose une série d’actions.

Le changement climatique pourrait réduire la croissance du Liban de 2 % par an d'ici 2040

Des pompes propulsant de l’eau dans des réservoirs sur la rivière Hasbani, au Liban-Sud. Photo d’archives Saïd Maalaoui

Les investissements dans des secteurs de services clés tels que l'énergie, l'eau, les transports et les déchets solides sont nécessaires à court terme pour atténuer l'impact du changement climatique sur la trajectoire de développement du Liban, révèle le rapport sur le climat et le développement au Liban (Lebanon Country Climate and Development Report - CCDR), publié le 13 mars par le bureau de la Banque mondiale (BM) à Beyrouth. « Malgré le contexte budgétaire et institutionnel tendu du pays, le coût de l'inaction est élevé. Des investissements cruciaux à l'impact macro-budgétaire limité peuvent contribuer à stimuler la croissance », souligne le texte.

« Le changement climatique au Liban se traduira par des événements météorologiques extrêmes plus fréquents », rappelle le rapport de la BM. Les chocs climatiques devraient affecter le PIB et l'équilibre budgétaire du Liban. « Dans l'ensemble, les impacts du changement climatique couverts par le CCDR devraient réduire le potentiel de croissance du Liban de 2 % par an d'ici 2040 et entraver la fourniture de services, en particulier dans le domaine de l'eau », souligne le texte.

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Le changement climatique, selon la BM, devrait réduire la disponibilité de l'eau de 9 % d'ici 2040 (jusqu'à 50 % pendant la saison sèche) et induire des pertes significatives dans les secteurs clés de la reprise, en particulier l'agriculture et le tourisme, avec des pertes annuelles qui devraient atteindre respectivement 250 millions et 75 millions de dollars.

Or le Liban est aujourd’hui l’un des pays les moins bien préparés à faire face à la menace. Il se classe deuxième après le Yémen dans la région MENA et à la 161e place sur 192 pays au niveau mondial pour ce qui est de la préparation au changement climatique. « Cette vulnérabilité est due à la capacité d'adaptation limitée du pays, qui a été exacerbée par la crise économique et financière actuelle », souligne le rapport.

Electricité : diminution de 43% des émissions

Le rapport de la BM examine les risques de la crise climatique sur le Liban à travers quatre secteurs - l'énergie, l'eau, les transports et les déchets solides - en tant que « piliers essentiels d'un redressement sensible au climat ». Il identifie aussi les actions politiques et les investissements nécessaires dans le cadre de deux scénarios macroéconomiques : un scénario de maintien du statu quo et un autre de reprise, fondé sur des réformes macro-budgétaires.

Selon le rapport, la décarbonation du secteur de l'électricité au Liban offre un triple dividende : réduction des coûts économiques de 41 %, diminution des émissions de 43 % et amélioration des résultats macro-budgétaires grâce à la baisse des importations de combustibles. Le développement des énergies renouvelables permettra non seulement de réduire les coûts et de répondre à la demande croissante, mais aussi d’atténuer les émissions et de créer davantage d'emplois.

La crise de l’électricité, résultant principalement d’une gestion catastrophique de ce secteur au Liban, dure depuis des décennies : le recours presque exclusif aux générateurs de quartier pour l’approvisionnement en électricité depuis la crise a multiplié la présence de polluants dangereux et cancérigènes dans l’air.

Dans le secteur de l'eau, poursuit le rapport de la BM, il est essentiel de renforcer les capacités d'adaptation au climat afin d'accroître la sécurité des ressources hydrauliques grâce à des capacités de stockage supplémentaires, à une utilisation plus efficace de l'eau et au rétablissement de services d'approvisionnement en eau résilients. Ce secteur se caractérise également par une mauvaise gestion durable, qui entrave la protection des ressources tout en privant le plus souvent les habitants d’un approvisionnement digne de ce nom.

Au-delà des secteurs de l'électricité et de l'eau, le rapport de la BM suggère la promotion de l'électrification des transports publics et l'amélioration de la gestion des déchets solides, qui offrent « des possibilités de faire progresser simultanément les agendas du développement et du climat ».

Un financement « urgent » de 770 millions de dollars

« Le CCDR Liban évalue l'impact d'une enveloppe de financement urgent de 770 millions de dollars qui répond, à court terme (2024-26), et quel que soit le scénario, à des besoins partiels mais critiques dans les quatre secteurs », souligne le texte. Il ajoute : « La modélisation macroéconomique des impacts de l'enveloppe d'investissement prioritaire a montré qu'elle ne placerait pas la dette sur une base insoutenable. La mobilisation du financement du secteur privé peut contribuer à améliorer la dynamique budgétaire et de la dette en réduisant la part du gouvernement dans les dépenses totales d'investissement. »

À plus long terme, la CCDR estime que le Liban devra investir environ 7,6 milliards de dollars entre 2024 et 2030 dans les quatre secteurs clés couverts par le rapport afin « d'aligner sa reprise sur une action climatique rentable ». Le secteur de l'énergie nécessiterait à lui seul un investissement d'environ 4 milliards de dollars pour diversifier la production vers des sources d'énergie renouvelables plus propres et abordables, et pour passer du combustible liquide au gaz naturel, poursuit le texte.

Pour mémoire

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« Le coût de l'inaction aujourd'hui sera trop élevé pour les générations futures », a déclaré Jean-Christophe Carret, directeur de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient. « Compte tenu de l'espace budgétaire limité et des défis institutionnels et de développement, le Liban doit hiérarchiser et ordonner les mesures et interventions recommandées dans les secteurs de l'énergie, de l'eau, des transports et des déchets solides, en tenant compte de leur urgence, des synergies et des compromis pour répondre aux besoins en matière de développement et de climat », poursuit-il. 

Les investissements dans des secteurs de services clés tels que l'énergie, l'eau, les transports et les déchets solides sont nécessaires à court terme pour atténuer l'impact du changement climatique sur la trajectoire de développement du Liban, révèle le rapport sur le climat et le développement au Liban (Lebanon Country Climate and Development Report - CCDR), publié le 13 mars par le...

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