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Société - Entretien express

À Beyrouth, « la pollution due aux générateurs a doublé depuis 2017 »

Pour les besoins d'une étude, l’équipe de l'universitaire et députée Najat Aoun Saliba à l'AUB a calculé les polluants dans trois sites de la capitale et analysé les hydrocarbures propres aux émissions des générateurs.

À Beyrouth, « la pollution due aux générateurs a doublé depuis 2017 »

Les générateurs de quartier, à Beyrouth comme dans les autres villes et villages du Liban, sont à tous les coins de rue. Joseph Eid/AFP

Une étude en cours et devant être bientôt publiée, effectuée par l’équipe à l’Université américaine de Beyrouth de la députée Najat Aoun Saliba, experte en chimie atmosphérique, vient de révéler de nouvelles données inquiétantes sur le taux de pollution de l’air à Beyrouth et la présence de matières cancérigènes dues aux émissions des générateurs de quartier, fonctionnant au mazout.

Le Liban dépend presque exclusivement de ces générateurs privés depuis l’éclatement de la crise économique et financière en 2019, depuis laquelle l’approvisionnement en électricité de l’État est à son plus bas niveau. Mme Saliba répond aux questions de L’Orient-Le Jour sur les résultats de cette étude, ses implications et les actions à entreprendre auprès des municipalités.

Quelle est la particularité de cette étude par rapport aux précédentes ?

Cette étude préparée par deux de mes étudiants se fonde sur des mesures prises dans trois quartiers à Beyrouth : la rue Bliss près de l’AUB, le centre-ville de Beyrouth et la rue de l’hôpital des Makassed. Sa force, c’est qu’elle se place en continuité de mesures prises à Beyrouth depuis 2010 et bénéficie donc d’éléments de comparaison, notamment par rapport à 2017, aux prémices de la crise. Nous avons placé durant un an et demi nos machines dans ces trois quartiers pour couvrir un maximum de temps d’émissions, afin que les résultats soient significatifs. Pour rappel, les générateurs étaient utilisés trois heures par jour en moyenne en 2010, alors qu’ils fonctionnent près de 20 heures depuis la crise.

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Dans cette étude, nous ne nous contentons pas de collecter les petites particules, mais nous menons également une analyse chimique des composantes contenues dans ces particules, afin d’étudier plus particulièrement les matières hydrocarbures particulières au diesel.

Quels sont les principaux résultats obtenus ?

Les niveaux de pollution sont inquiétants dans les trois sites, notamment au centre-ville où se trouvent des institutions qui font fonctionner leurs générateurs 24 heures sur 24, et dans la rue des Makassed, surpeuplée. Les taux maximaux de pollution selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont de 5 microgrammes par mètre cube (taux annuel), avec une proportion journalière maximale de 15 microgrammes par mètre cube. Or les taux journaliers calculés à Beyrouth peuvent arriver jusqu’à 20 à 25 microgrammes pour l’AUB, de 20 à 30 pour le centre-ville, et jusqu’à 60 aux Makassed ! Les taux de pollution ne restent pas continuellement aussi hauts, mais les pics sont réguliers. Le pire, c’est que l’analyse des matières provenant exclusivement des générateurs montre que leur présence dans l’air a doublé depuis 2017.

Quelles sont les répercussions sur la santé ?

Ces matières hydrocarbures provenant des émissions des générateurs sont cancérigènes, mais causent aussi toutes sortes de maladies respiratoires. Elles ont également une incidence sur les maladies cardiovasculaires.

Comment se prémunir d’une telle pollution ?

On pourrait croire que la seule solution devrait passer par une meilleure alimentation en électricité de l’État, ce qui est hors de la portée des simples citoyens. Or il existe en fait depuis quelques mois une décision du ministère de l’Environnement (circulaire datant du 1er septembre 2023, à la suite de laquelle le mohafez de Beyrouth Marwan Abboud a publié un arrêté portant le numéro 8547/2023, NDLR) qui stipule que les propriétaires des générateurs de grande envergure (jusqu’à 250 kilovoltampère, KVA), sont obligés d’installer des filtres qui bloquent les particules et la suie. Ce sont des filtres sophistiqués, mais les propriétaires de générateurs doivent s’en procurer pour préserver la santé publique. Tout habitant peut désormais s’appuyer sur cette décision et sur notre étude pour contacter la municipalité ou le mohafez et exiger que cette mesure soit prise. C'est déjà le cas dans certains quartiers. 

Une étude en cours et devant être bientôt publiée, effectuée par l’équipe à l’Université américaine de Beyrouth de la députée Najat Aoun Saliba, experte en chimie atmosphérique, vient de révéler de nouvelles données inquiétantes sur le taux de pollution de l’air à Beyrouth et la présence de matières cancérigènes dues aux émissions des générateurs de quartier,...

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Pire encore. A la pollution à l’air, il y a la pollution au sol et à l’eau. De l’huile moteur qui fuit, stagne, percole et ruisselle à tout va. Et l’on peut ajouter le bruit. Ces moteurs sont une catastrophe.

PPZZ58

08 h 57, le 07 mars 2024

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Commentaires (1)

  • Pire encore. A la pollution à l’air, il y a la pollution au sol et à l’eau. De l’huile moteur qui fuit, stagne, percole et ruisselle à tout va. Et l’on peut ajouter le bruit. Ces moteurs sont une catastrophe.

    PPZZ58

    08 h 57, le 07 mars 2024

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