
L'armée israélienne bombarde Khiam, dans le sud du Liban, le 23 mars 2024. Photo AFP
Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a annoncé jeudi son intention de déclarer le Liban-Sud « zone agricole sinistrée », en raison de l'impact dévastateur des frappes israéliennes quotidiennes sur cette région depuis le 8 octobre 2023 et l'ouverture d'un « front de soutien à Gaza » par le Hezbollah.
Ce front a été ouvert dès le lendemain de l'attaque du Hamas en Israël et de la riposte sanglante sur Gaza, où près de 33.000 personnes ont perdu la vie dans l'offensive israélienne. Au Liban, 347 personnes ont été tuées dans les frappes israéliennes, majoritairement des combattants du Hezbollah, mais également une cinquantaine de civils, selon notre décompte.
S'exprimant au début d'un Conseil des ministres au Sérail, Nagib Mikati a annoncé s'être entretenu, plus tôt dans la journée, avec des représentants de l'ONU et des ambassadeurs de « pays donateurs » afin de demander une « assistance rapide » pour faire face aux déplacements de populations dans le sud du Liban et aux conséquences de la guerre. « Le plus grand désastre est celui qui frappe le secteur agricole, avec 800 hectares complètement endommagés, 34.000 têtes de bétail tuées et environ 75 % des agriculteurs locaux qui ont perdu leur dernière source de revenus », a déploré M. Mikati. Il a dans ce cadre estimé qu'il faudrait « déclarer le Sud zone agricole sinistrée », mettant en avant le fait que les répercussions de cette crise « auront également des conséquences dans les années à venir ».
Le ministre sortant de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan (proche du mouvement Amal, allié du Hezbollah ), avait, dans un entretien récemment accordé au quotidien égyptien al-Dustour, estimé les pertes du seul secteur agricole à « plusieurs milliards de dollars », soulignant toutefois qu’il s’agit d’un chiffre global difficile à vérifier tant que la guerre se poursuit. L’agriculture est un secteur économique important, représentant jusqu’à 80 % du PIB de la région du Liban-Sud, selon un rapport du PNUD publié en décembre 2023.
Le Premier ministre sortant a en outre relevé le fait que la crise impacte également le secteur éducatif, avec 75 écoles fermées en raison des affrontements.
Faire pression sur Israël
Il a dès lors affirmé « élever la voix vers la communauté internationale pour réclamer que l'ennemi (israélien, ndlr) soit dissuadé ». « Le Liban a des amis dans tous les pays du monde, qui oeuvrent pour faire pression sur Israël, afin qu'il mette un terme à son agression », a-t-il ajouté.
Des tentatives de pourparlers ont été initiées par des émissaires internationaux, notamment le conseiller américain Amos Hochstein, qui a fait à plusieurs reprises la navette entre Beyrouth et Tel-Aviv pour trouver une solution aux contentieux frontaliers entre le Liban et Israël. La France avait également proposé une feuille de route pour apaiser les tensions dans le Sud.
En ce qui concerne la présidentielle, Nagib Mikati a salué les efforts déployés par certains pays pour « contribuer à trouver des solutions ». « L'élection d'un président fait partie de nos priorités », a déclaré celui qui est régulièrement accusé par ses détracteurs, notamment les responsables chrétiens, de vouloir s'arroger des prérogatives présidentielles. Il a pour cela prôné « le dialogue » entre les différentes parties.
Le Premier ministre sortant a en outre estimé que l'envoi, à la sécurité de l'Etat, d'une lettre appelant au « retrait des véhicules et membres d’appareils sécuritaires chargés de la protection des personnalités (politiques) d’une manière allant à l’encontre des textes de lois en vigueur », n'avait aucune visée politique particulière. « Cette missive s'inscrivait dans un cadre organisationnel et n'entendait pas imposer un contrôle de sécurité pour un parti ou un dirigeant politique, comme certains l'ont prétendu. Il ne s'agissait pas non plus d'un réglement de comptes avec qui que ce soit ».
La note avait été notamment adressée au ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, dont les rapports avec le chef du gouvernement démissionnaire sont en dents de scie. Elle concerne, outre les Forces de sécurité intérieure, la Sécurité de l’État dirigée par Tony Saliba, réputé proche du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, principal détracteur du chef sunnite.
@TPN Mikati n'est pas un amateur. C'est un enfumeur !
18 h 27, le 06 avril 2024