Rechercher
Rechercher

Politique - Rétrospective

Présidentielle, an I : zoom sur les grands moments du feuilleton

« L’Orient-Le Jour » dresse le bilan de l’année écoulée depuis le début du processus électoral pour la désignation d’un chef de l’État, qui n’a à ce jour pas abouti.

Présidentielle, an I : zoom sur les grands moments du feuilleton

Le Parlement libanais réuni au grand complet lors de sa douzième séance consacrée à l’élection d’un président de la République, le 14 juin 2023. Photo Mohammad Yassine

Le jeudi 29 septembre 2022 se tenait la toute première séance parlementaire dédiée à l’élection d’un président de la République, un peu plus d’un mois avant la fin du mandat de Michel Aoun, à la fin octobre. Un an plus tard, ce processus n’a toujours pas abouti et le pays demeure sans chef de l’État. Chronologie.

– 29 septembre 2022 : le Parlement issu des législatives de mai tient sa première séance consacrée à l’élection d’un président. La bataille oppose principalement Michel Moawad, candidat d’une large frange de l’opposition (les Forces libanaises, les Kataëb et le Parti socialiste progressiste notamment), qui obtient 36 voix, au vote blanc (63 bulletins) dicté par le Hezbollah à ses alliés, y compris le Courant patriotique libre. À l’issue d’un premier tour de vote, le camp piloté par le Hezbollah provoque un défaut de quorum empêchant la tenue d’un second tour. Une stratégie que ce même camp adoptera lors des séances suivantes.

– 30 octobre : Michel Aoun quitte le palais de Baabda à la veille de la fin de son mandat.

– 17 novembre : sixième séance électorale. C’est lors de cette réunion que le chef des Marada, Sleiman Frangié, jusque-là favori non déclaré du Hezbollah, obtient son tout premier suffrage, dont l’auteur restera inconnu.

– 8 décembre : neuvième réunion parlementaire consacrée au scrutin. Pour la première fois, le vote blanc perd son statut de favori et tombe à 39 voix. Un score égal à celui du candidat de l’opposition Michel Moawad. Un résultat qui s’explique par la décision du courant aouniste de déroger au mot d’ordre de son allié chiite, quelques jours après la tenue, le 5 décembre, d’un Conseil des ministres couvert par le parti chiite et boycotté par le courant aouniste, qui s’oppose à la tenue de séances gouvernementales en l’absence d’un chef de l’État.

– 19 janvier 2023 : Melhem Khalaf et Najate Aoun-Saliba, deux députés relevant de la contestation, entament un sit-in au Parlement pour réclamer l’élection d’un nouveau président.

– 6 février : le quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) tient une première réunion portant sur la présidentielle à Paris. Aucun nom de présidentiable n’est évoqué.

– 2 mars : dans une interview accordée au quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar, le président de la Chambre, Nabih Berry, officialise le soutien du tandem chiite Amal-Hezbollah au chef des Marada, Sleiman Frangié. Quelques jours plus tard, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lui emboîte le pas, au grand dam des partis chrétiens, dont son allié Gebran Bassil.

– 10 mars : l’Arabie saoudite et l’Iran concluent un accord pour normaliser leurs relations bilatérales, après des années de tensions. Sleiman Frangié pense avoir le vent en poupe. Un troc, qui serait soutenu par Paris, entre l’élection de Sleiman Frangié et la nomination de Nawaf Salam, diplomate et juge international proche de l’opposition, à la présidence du Conseil, est évoqué dans les milieux politiques. La formule est rejetée par les anti-Hezbollah.

– 4 juin : après des mois de gestation laborieuse, l’opposition, dont le PSP et certains députés de la contestation, parvient à « converger » avec le CPL sur l’appui à la candidature de Jihad Azour, ancien ministre des Finances et actuel haut responsable au sein du Fonds monétaire international. Michel Moawad se retire de la course. Une nouvelle phase de la bataille pour Baabda s’ouvre.

– 14 juin : la Chambre des députés se réunit pour la douzième fois pour tenter d’élire un président. C’est la première réunion qui témoigne d’un véritable duel entre le candidat du Hezbollah et son adversaire de l’opposition. C’est ce qui explique que les 128 députés ont, fait rare, pris part à la séance. Résultat : 51 voix pour Sleiman Frangié contre 59 pour Jihad Azour, les 18 autres bulletins se répartissant sur divers noms.

– 22 juin : la France entre de nouveau en scène. Jean-Yves Le Drian, nommé émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban, atterrit à Beyrouth pour tenter de débloquer la crise. Il prône un dialogue élargi entre le Hezbollah et ses adversaires. Encore une offre déclinée par une partie de l’opposition.

– 16 juillet : le quintette tient sa seconde réunion, mais cette fois-ci à Doha. À l’issue de la réunion, les représentants des cinq pays publient un communiqué définissant les caractéristiques du futur chef de l’État. Ils plaident pour un président qui « incarne l’intégrité, unifie la nation et place les intérêts du pays au premier plan, en donnant la priorité au bien-être de ses citoyens (...) », et mette en place les réformes exigées par la communauté internationale. Par ailleurs, et pour la première fois, les Cinq évoquent des « options spécifiques concernant la prise de mesures à l’encontre de ceux qui entravent une percée dans ce dossier ».

– 26 juillet : Jean-Yves Le Drian est de retour à Beyrouth. Cette fois-ci, l’émissaire français change d’approche : au lieu d’appeler à la tenue d’un dialogue élargi, il plaide pour un dialogue exclusivement axé sur le profil et le programme du futur président. Une proposition face à laquelle l’opposition temporise, avant de la décliner, refusant tout dialogue avec le Hezbollah autour de la présidentielle.

– 27 juillet : coup de théâtre de Gebran Bassil : après des mois de froid, le CPL rouvre les canaux du dialogue avec le Hezbollah. Une façon pour lui de barrer la voie de Baabda devant le chef de l’armée, Joseph Aoun, sa bête noire pourtant perçue comme la troisième voie possible. À la surprise générale, il se montre disposé même à « faciliter » l’option Frangié en contrepartie du vote de lois instaurant une décentralisation financière élargie et la création d’un fonds fiduciaire, deux thèmes destinés à séduire l’opinion chrétienne.

– 31 août : trois semaines après les heurts de Kahalé qui opposent des membres du Hezbollah à des habitants de cette localité chrétienne, Nabih Berry propose une nouvelle initiative : un dialogue d’une semaine suivi d’une séance électorale ouverte avec des tours de vote successifs. Encore une fois, l’opposition décline une offre pourtant alléchante. De son côté, le CPL pose des conditions pour se prêter au jeu berryste. 

– 12 septembre : troisième visite de Jean-Yves Le Drian à Beyrouth. Une nouvelle approche française de la présidentielle est exposée. Au lieu du dialogue, « des discussions politiques » à même de paver la voie à un troisième candidat, autre que MM. Frangié et Azour. Une vision qui est soutenue par Riyad.

– 19 septembre : le quintette se réunit de nouveau à New York. Mais aucun communiqué n’est publié. Les divergences de points de vue entre les Cinq, notamment Washington et Riyad d’une part, et Paris de l’autre, se font jour. À Beyrouth, tout le monde en convient : la France devra céder la place au Qatar. En vue de faire élire Joseph Aoun ?  

– 20 septembre : le Qatar entre en scène. Son émissaire Abou Fahd Jassem al-Thani est à Beyrouth où il s’entretient avec les chefs de file, en vue d’une sortie de crise.

– 26 septembre : dans une interview à L’Orient-Le Jour, Jean-Yves Le Drian enterre officiellement l’option Frangié, exhortant les protagonistes locaux à emprunter une troisième voie. Les efforts de l’émissaire qatari précèdent une visite de son ministre d’État aux Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Aziz al-Khulaifi, attendu en octobre à Beyrouth. 

Le jeudi 29 septembre 2022 se tenait la toute première séance parlementaire dédiée à l’élection d’un président de la République, un peu plus d’un mois avant la fin du mandat de Michel Aoun, à la fin octobre. Un an plus tard, ce processus n’a toujours pas abouti et le pays demeure sans chef de l’État. Chronologie.– 29 septembre 2022 : le Parlement issu des législatives de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut