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Politique - Frontière maritime

Le Liban officiel engoncé dans ses hésitations

La classe politique ne se décide pas à trancher entre la ligne 23 et la ligne 29 ; Hochstein arriverait à Beyrouth en début de semaine prochaine.

Le Liban officiel engoncé dans ses hésitations

Une embarcation militaire israélienne au large de Ras Naqoura, à la frontière avec le Liban, le 6 juin 2022. Jalaa Marey/AFP

Après la panique liée à l’arrivée au large d’Israël le week-end dernier de l’unité flottante Energean Power, chargée d’extraire et de stocker les hydrocarbures offshore de l’État hébreu, le Liban s’active pour jouer la carte diplomatique. Avec maladresse toutefois. Après le tollé provoqué par les craintes libanaises d’empiètement de la plateforme sur la zone maritime contestée par le Liban, la tension est retombée lorsqu’un rapport de l’armée libanaise a balayé hier ces craintes, observant qu’« Energean Power est localisée à 2,5 à 3 milles nautiques de la zone maritime contestée », selon une source proche de la présidence.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Fawdaland, Fawda-sur-Mer

Entre-temps, le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a échoué à réunir les ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil de sécurité – États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine – comme il avait l’intention de le faire. Une rencontre catégoriquement rejetée par les États-Unis, car il était inconcevable que soit critiqué Washington qui joue le rôle de médiateur dans le dossier des négociations sur la frontière maritime libano-israélienne, devant d’autres ambassadeurs nullement concernés par le dossier, selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih. Le ministre Bou Habib a finalement reçu lundi le chargé d’affaires américain, Richard Mickeals, avec lequel il a abordé la présence de la plateforme en Méditerranée orientale et le dossier plus global de la frontière maritime libano-israélienne.

Une visite pas encore confirmée par Washington

À l’issue de ce revers, Beyrouth a adressé une invitation au négociateur américain Amos Hochstein, qui attend toujours la réponse officielle libanaise à sa proposition présentée en février dernier. Une frontière sinueuse sur base de la ligne 23, qui accorde au Liban une importante partie du champ d’hydrocarbures de Cana et l’autre partie de ce même champ à Israël. Par contre, elle accorde à Israël la totalité du champ de Karish, de même qu’une partie du bloc 8. Incapable d’adopter une position claire et unifiée sur ses revendications frontalières maritimes pour cause de tiraillements politiques internes, bien loin d’exploiter son gaz offshore alors que son voisin hébreu n’est plus qu’à quelques semaines d’extraire gaz et pétrole du champ Karish, le Liban se tourne donc une nouvelle fois vers la médiation américaine. Le palais de Baabda et le chef du législatif Nabih Berry annoncent déjà la visite du négociateur Hochstein. « Nous avons appris de manière informelle l’arrivée prochaine, dimanche ou lundi, d’Amos Hochstein », confirme à L’Orient-Le Jour la source informée proche de la présidence. Même si la visite n’a toujours pas été validée par Washington, l’objectif annoncé est d’évoquer la poursuite des négociations et d’éviter toute escalade qui desservirait la stabilité dans la région.

Les tentatives d’unifier les positions

Que dira le Liban officiel à Amos Hochstein ? Lui donnera-t-il une réponse unifiée, ou une nouvelle fois les tiraillements internes prendront-ils le dessus, paralysant le dossier pour la énième fois ? Rappelons-le, Beyrouth peine à décider s’il s’accroche à sa revendication première portant sur une zone de 860 km² délimités par la ligne 23 et enregistrés auprès de l’ONU par le décret 6433/2011 ; ou alors s’il cède à ses ambitions maximalistes, revendiquées par les négociateurs techniques et encouragées par une partie de la classe politique et de l’opinion publique, en réclamant un droit supplémentaire de 1 430 km² limités par la ligne 29. Mais pour ce faire, il doit amender le décret 6433. Ce que le chef de l’État Michel Aoun, qui a le dossier en main, s’est abstenu de faire, de même que le gouvernement. Une telle mesure ne serait d’ailleurs pas pour plaire au médiateur américain, car elle serait vue comme une escalade, au risque de mettre fin aux négociations.

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« Le chef de l’État mène des concertations avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati et le président du Parlement Nabih Berry afin d’unifier les positions », souligne la source proche de Baabda. Mounir Rabih rapporte que ces rencontres impliquent le chef du législatif, le député et vice-président de la Chambre Élias Bou Saab (conseiller du chef de l’État) et le ministre des Affaires étrangères. Les réunions portent sur les deux points conflictuels, la ligne 23 ou la ligne 29. Le seul dénominateur commun entre les différentes positions est « le refus de la ligne frontalière sinueuse proposée par l’émissaire américain », rappelle la source proche de la présidence. Un refus que le Liban entend bien signifier à Amos Hochstein. En même temps, les responsables sont déterminés à « débattre de la question de la zone disputée » et avancer des idées, « possiblement un no man’s land ». C’est dire le flou qui règne sur la capacité du Liban à apporter une réponse claire et unifiée à Washington. Et s’il continue de brandir la carte de la ligne 29 initialement considérée comme une ligne de négociations, et donc l’amendement du décret 6433 « comme moyen de pression », rien n’est moins sûr qu’il en fera usage.

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« Diplomatiquement, le Liban ne fait rien, il gesticule, car il a peur des Américains », analyse l’universitaire et expert dans le dossier du gaz Charbel Skaff, doutant de la capacité libanaise à apporter une réponse à Amos Hochstein et dénonçant « une gestion catastrophique du dossier ». « Il est évident, en observant le comportement des responsables, qu’ils sont tous contre l’amendement du décret 6433, constate-t-il. Ils ont juste peur de le signifier à l’opinion publique et à certains députés, notamment ceux issus de la contestation. D’où cette tentative de gagner du temps pour apaiser les tensions, sans prendre la moindre mesure concrète. »

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commentaires (9)

Il faut se dépêcher un peu car peut-être dans 10 - 20 ans l'usage du gaz naturel risque de n'être plus écologiquement acceptable.

Céleste

16 h 45, le 08 juin 2022

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Commentaires (9)

  • Il faut se dépêcher un peu car peut-être dans 10 - 20 ans l'usage du gaz naturel risque de n'être plus écologiquement acceptable.

    Céleste

    16 h 45, le 08 juin 2022

  • DR ISSAM KHALIFÉ A EXPLIQUÉ À PLUSIEURS REPRISE CE QU'IL FAUT FAIRE ET ACCUSE LES TROIS PRÉSIDENT DE TRAHISON.

    Gebran Eid

    12 h 37, le 08 juin 2022

  • A tous ceux qui se gargarisent des bienfaiteurs Poutine et iraniens, je leur dis que les cleptomanes que nous avons dans notre poulailler nous suffisent et qu’on n’a pas besoin d’autres cleptomanes imbus de leur personne et peu regardant sur les vies humaines à commencer par celle de leurs citoyens pour venir prêter main forte à nos très illustres autocrates vendus qui s’inspirent d’eux pour régner en maître sur des peuples anéantis par leurs soins à qui ils font croire que c’est pour leur bien et pour la grandeur de leur nation. Suivez mon regard.

    Sissi zayyat

    12 h 22, le 08 juin 2022

  • MONSIEUR ISSA GORAIEB DANS SON EDITORIAL APPELLE LES CHOSES -FAWDA- AVEC DES FAWDISTES. MOI JE LES APPELLE - BORDEL- AVEC POUR CHEFS DES PATRONNES CORROMPUES ET MAFIEUSES ET LE RESTE DES CATINS AFFAMEES POUR REMPLIR LEURS POCHES. - MEGA BORDEL... MEGA PATRONNES ET CATINS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 47, le 08 juin 2022

  • Une arrivée bien incommodante pour plusieurs. Pour ceux qui mentent, manigancent, essaient de gagner du temps, ceux qui ont leurs propres calculs, ceux qui ont peur d’être dévoilés pour avoir bloqué, retardé. On essaie de trouver un bouc émissaire, à la va vite. Les américains ayant aussi leurs propres intérêts le suspense grandit. Même si comme souvent il ne se passe rien, du moins rien de positif pour le Liban, toujours est-il que la dose de nitroglycérine augmente chez nos politiciens visés.

    Khazzaka May

    07 h 52, le 08 juin 2022

  • Une chose est évidente: le Liban ne peut pas revendiquer la ligne 29 tant qu'il n'a pas amendé le décret 6433. C'est exactement comme le fait pour la Syrie d'affirmer que les fermes de Chebaa sont libanaises, tout en refusant de signer un accord frontalier en ce sens. L'évidente incohérence de la position libanaise ne peut avoir qu'un but: empêcher tout accord. Ainsi, on enlève au Liban une possibilité de relèvement économique, et. d'autre part, on crée un nouveau foyer de tension avec Israël, la farce des fermes de Chebaa étant passablement éventée. Double bénéfice pour le Hezbollah.

    Yves Prevost

    07 h 11, le 08 juin 2022

  • "… Le Liban officiel engoncé dans ses hésitations …" - Chuuut! Sileeence! Le hezbollah est en train de calculer…

    Gros Gnon

    05 h 49, le 08 juin 2022

  • L'erreur grossière , la faute première , le péché originel , c'éstait d'avoir accepté que les Etats-Unis , dont l'amour pour Israel n'a pa de "frontières" , soient les seuls médiateurs entre le Liban et son ennemi , Israel ! Comment voulez-vous nous faire croire un seul instant que ce médiateur est impartial ! Personne n'a donc eu l'idée de proposer une médiateur russe ?! Gaffe du siècle pour le Liban !

    Chucri Abboud

    01 h 10, le 08 juin 2022

  • L'erreur grossière , la faute première , le péché originel , c'éstait d'avoir accepté que les Etats-Unis , dont l'amour pour Israel n'a pa de "frontières" , soient les seuls médiateurs entre le Liban et son ennemi , Israel ! Comment voulez-vous nous faire croire un seul instant que ce médiateur est impartial ! Personne n'a donc eu l'idée de proposer une médiateur russe ?! Gaffe du siècle pour le Liban !

    Chucri Abboud

    01 h 10, le 08 juin 2022

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