
Des militaires du contingent français de la Finul, le 6 juin 2022 à Naqoura, au Liban-sud. Photo Mahmoud ZAYYAT / AFP
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a annoncé mardi, durant une séance de la Chambre, que l'émissaire américain Amos Hochstein est attendu à Beyrouth "dimanche ou lundi", alors que les autorités libanaises l'ont invité à s'y rendre pour discuter du différend avec Israël au sujet de la délimitation de la frontière maritime, après l’arrivée d’une plateforme gazière au cours du week-end écoulé sur le champ disputé de Karish, situé au large d’Israël. Toutefois, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a affirmé la veille qu'aucune visite de l’émissaire américain n'est prévue pour le moment.
Négociations "de bonne foi"
"L'émissaire Hochstein vient au Liban dimanche ou lundi pour discuter du différend maritime", a annoncé M. Berry, lors de la réunion du Parlement pour l'élection des commissions parlementaires.
Ses propos contredisent ainsi ceux du département d'Etat américain. "Je n'ai pas de voyage à annoncer ou à prévoir pour le moment, mais comme nous l'avons déjà dit, la (délimitation de) la frontière maritime entre Israël et le Liban est une décision qui doit être prise par ces deux pays", a indiqué Ned Price, lors d'un point de presse. "Nous pensons qu'un accord est possible si les deux parties négocient de bonne foi et travaillent pour l'intérêt des deux pays", a ajouté Ned Price. Le responsable américain a enfin assuré que Washington "soutient fermement les efforts déployés pour cette fin en vue de parvenir à un accord mutuellement bénéfique".
"Polémiques" et "calculs politiques"
De son côté, le président Michel Aoun a affirmé mardi "suivre les contacts en cours en vue de trouver des solutions aux derniers développements relatifs au déplacement de l'unité flottante Energean Power en face de la zone frontalière contestée". Il a également noté, selon un message publié sur le compte Twitter de la présidence, avoir "reçu des rapports de l'armée libanaise concernant le déplacement du navire".
Le Premier ministre sortant Mikati a pour sa part assuré suivre les résultats des appels diplomatiques en cours concernant ce dossier. "L'État libanais suit les données de ce dossier souverain par excellence, et qui est traité de manière diplomatique en vue d'aboutir à des résultats positifs et de faire bouger les négociations indirectes à nouveau", a-t-il dit, selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Il a également souligné "la nécessité d'écarter ce dossier des polémiques internes et des calculs politiques vu qu'il concerne tous les Libanais et préserve la stabilité et les droits du Liban au niveau de son eau et de ses richesses naturelles".
Si le Liban officiel a opté pour la diplomatie, le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, a, lui, soufflé le chaud et le froid, assurant être prêt à passer à l'acte si l'État libanais dit qu'Israël viole sa frontière maritime. Quant au ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, il a affirmé lundi, que le différend maritime avec le Liban sera résolu via une médiation américaine.
Entamés sur la base des revendications libanaises officielles enregistrées en 2011 auprès des Nations unies en référence au décret 6433/2011 portant sur une zone de 860 km2 délimitée par la ligne 23, les pourparlers sur la délimitation de la frontière maritime ont été interrompus quand la délégation libanaise de négociateurs, dirigée par le général Bassam Yassine, a annoncé sa volonté de réclamer un droit supplémentaire sur 1 430 km2 limités par la ligne 29. Laquelle coupe en deux le champ de Karish. Une revendication qui, pour être officialisée, nécessitait l’amendement du décret 6433. Ce qui n’a jamais été fait par les autorités libanaises. En lieu et place, elles se sont contentées d’adresser une missive officielle à l’Onu rappelant que le champ gazier de Karish se trouve dans la zone contestée et que Beyrouth "tient au respect de ses droits sur ses ressources offshore". "Le Liban demande au Conseil de sécurité de réclamer à Israël de ne pas forer dans les zones controversées, ce qui pourrait constituer une menace pour la sécurité des deux pays", ajoutait le message.
Comment espérer qu'un théâtre où se jouent depuis des années des vaudevilles ridicules avec toujours les mêmes acteurs, puisse devenir du jour au lendemain un lieu où se jouent des pièces respectables et compréhensibles par des personnes "normales"...? - Irène Saïd
17 h 45, le 07 juin 2022