Le ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, dont des propos sur la guerre au Yémen ont provoqué une grave crise diplomatique avec les pays du Golfe, à leur tête l'Arabie saoudite, a affirmé, vendredi, qu'il était prêt à démissionner s'il obtenait des garanties sur ce plan, sans toutefois préciser ce qu'il entendait par ces garanties.
"Je ne suis pas attaché à un poste ministériel, et je ne cherche à défier personne, ni le Premier ministre (Nagib Mikati), ni l'Arabie saoudite que j'affectionne. Je ne sais pas pourquoi cette tempête inattendue a éclaté. J'étudie la question (d'une démission). Nous attendons de voir les développements. Personne, ni sur le plan interne, ni sur le plan international, ne m'a parlé de garanties. Mais si j’obtiens les garanties que j'ai évoquées avec le patriarche Raï, je suis prêt", a affirmé M. Cordahi, sans en dire plus sur les garanties en question. Mais il s'agit probablement d'une levée des mesures de rétorsion imposées par l'Arabie et d'autres pays du Golfe au Liban.
"Ce n'est pas moi le problème"
"Les Etats du Golfe sont plus compréhensifs que tout ce qui se passe, et il y a une surenchère sur la scène intérieure. Nombreux sont ceux qui ont profité de la polémique qui m'entoure", a regretté le ministre, lors d'un point de presse à Aïn el-Tiné après s'être entretenu avec le président du Parlement, Nabih Berry.
"Au Liban, les avis sont partagés en deux camps. Le premier est en faveur de la démission du ministre, et l'autre est solidaire de lui, car il s'agit d'une question de dignité, d'amour propre et d'attachement à la souveraineté du pays", a estimé l'ex-animateur vedette. Commentant la paralysie du gouvernement qui ne s'est plus réuni depuis un mois en raison de crises politiques internes, Georges Cordahi s'est défendu de toute responsabilité. "Ce n'est pas de ma faute que le cabinet ne se réunit plus. Ce n'est pas moi le problème", a-t-il affirmé.
Il y a deux semaines, plusieurs pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, ont annoncé des mesures de rétorsion à l'égard du Liban, notamment le rappel de leurs ambassadeurs à Beyrouth, et l'expulsion de diplomates libanais, suite à des propos polémiques du ministre Cordahi, dans lesquels il critiquait la guerre au Yémen et l'implication de Riyad dans ce conflit, et exprimait son soutien aux rebelles houthis, soutenus par l'Iran. M. Cordahi avait tenu ces propos avant d'être nommé ministre. L'Arabie a parallèlement cessé toutes ses importations en provenance du pays du cèdre, tandis que le Koweït envisage de durcir l'octroi de visas aux Libanais. Le Hezbollah a affiché son soutien à M. Cordahi, se prononçant contre sa démission.
Depuis, l'affaire prend l'allure d'un bras de fer au sujet du Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise, qui est armé et financé par l'Iran chiite, grand rival régional de l'Arabie saoudite sunnite. Le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal ben Farhane, a déclaré que "le problème allait bien au-delà des simples commentaires d'un ministre" et dénoncé "l'hégémonie du Hezbollah sur le Liban".
Jeudi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, semble avoir voulu ouvrir une brèche dans cette crise, jouant l'apaisement avec l'Arabie sans toutefois faire de concessions concrètes. S'adressant à l'Arabie saoudite, le dignitaire chiite a déclaré : "Si vous avez un problème avec le ministre Cordahi, limitez cette question à vous deux, au lieu de prendre des mesures qui affectent tout le Liban et les Libanais".
Jusque-là, le ministre Cordahi adoptait une position ferme et persistait à refuser de démissionner, ou même de présenter des excuses à l'Arabie, affirmant n'avoir pas causé de tort à Riyad. Le ministre avait été reçu, le 31 octobre, à Bkerké par le patriarche maronite, Béchara Raï, qui l'aurait appelé à démissionner. M. Cordahi aurait alors réclamé des garanties pour franchir ce pas.
Formé le 10 septembre, le gouvernement de Nagib Mikati ne s'est plus réuni depuis exactement un mois. Le dernier Conseil des ministres avait alors été marqué par de fortes tensions au sujet du sort du juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, qui avait tué plus de 200 personnes. Les ministres chiites réclament le départ de M. Bitar, qu'ils accusent de politiser l'enquête et de s'en prendre exclusivement à des responsables affiliés au tandem. Ces tensions se sont aggravées avec les affrontements du 14 octobre à Tayouné, entre des manifestants du Hezbollah et du mouvement Amal, qui réclamaient la récusation du magistrat, et des habitants de quartiers chrétiens, vraisemblablement proches des Forces libanaises (FL). Ces violences ont fait sept morts, et depuis le Hezbollah accuse les FL et leur chef Samir Geagea de vouloir mener le pays vers la guerre civile.
MIKATI TA TAILLE CORPORELLE NE SERT A RIEN. HAUSSE UNE TAILLE POLITIQUE... SINON... QUITTE. TA PLACE N,EST PLUS LA OU TU ES.
11 h 26, le 13 novembre 2021