Onze jours après les affrontements meurtriers de Tayouné, l’enquête prend une tournure politico-confessionnelle, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, ayant été notifié de sa convocation à comparaître en tant que témoin devant la justice militaire dans le cadre de cette affaire. « Ce n’est qu’aujourd’hui (hier) que le chef des FL a été notifié de sa convocation », confie une source FL à L’Orient-Le Jour, précisant que le leader maronite est appelé à comparaître mercredi à 9h du matin, au ministère de la Défense, à Yarzé. Des informations faisant état d’une convocation de M. Geagea avaient circulé en fin de semaine dernière.
Des affrontements avaient opposé, le 14 octobre, des miliciens chiites affiliés au duo Amal-Hezbollah, à des éléments chrétiens probablement proches des FL. Ces accrochages ont fait 7 morts et 32 blessés. De même source, on apprend que ce sont les renseignements de l’armée libanaise qui ont notifié M. Geagea de sa convocation. Cette nouvelle intervient une semaine après une virulente diatribe du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre M. Geagea, qu’il avait accusé de « lancer une guerre civile, afin d’établir un canton chrétien dans lequel il pourra gouverner tout seul ».
C’est à travers le prisme de ce bras de fer que les Forces libanaises abordent la prochaine étape de l’enquête. Le leader chrétien persiste et signe : il ne compte pas comparaître devant la justice avant que Hassan Nasrallah ne comparaisse lui-même. Expliquant cette prise de position, Samir Geagea avait tenu, dans une interview accordée jeudi à la chaîne MTV, à rappeler que la formation qu’il dirige est légalement reconnue par l’État libanais, contrairement au Hezbollah. Celui-ci n’existe pas légalement et en butte à plusieurs accusations, avait-il affirmé en substance. Il faisait ainsi référence aux assassinats de plusieurs personnalités et figures politiques, dont le parti chiite est accusé par ses détracteurs depuis 2005.
Mais après avoir été officiellement notifié par la justice, quelle sera la prochaine étape pour le leader des FL ? « Il n’est pas logique que celui qui n’a fait que se défendre face aux provocations et à l’invasion des quartiers résidentiels soit convoqué par la justice, alors que les auteurs de ces actes ne le sont pas », se contente de répondre une source du parti à L’OLJ. Déplorant le fait que « seules les FL soient convoquées par la justice alors que nombreux sont ceux qui se sont défendus face à l’invasion armée du 14 octobre », cette même source affirme : « Nous sommes devant une campagne politique contre les FL. » Une position également défendue par Sethrida Geagea, députée de Bécharré. « La diatribe contre les FL à laquelle nous assistons ces derniers temps n’est qu’une nouvelle tentative d’assiéger le parti de la part des ennemis d’une nation libre, souveraine et indépendante », a-t-elle regretté dans un communiqué publié peu après la convocation de son mari. « À travers quelques figures judiciaires, ils tentent de nous faire payer le prix de notre lutte en faveur de la République forte, et de notre soutien à la vérité et la justice, et notre appui aux Beyrouthins, victimes du plus grand massacre de l’histoire du Liban, à savoir la double explosion au port de Beyrouth », a estimé la parlementaire. « Après la notification de convocation de Samir Geagea, il est devenu clair que ce dossier est géré selon une logique des deux poids, deux mesures », a-t-elle poursuivi. Mme Geagea critiquait ainsi clairement le pouvoir judiciaire pour ne pas avoir convoqué le secrétaire général du Hezbollah, au même titre que le numéro un des FL.
Dans une autre pique au pouvoir judiciaire, la parlementaire a également déploré que « certains exploitent la justice pour exercer des pressions sur les FL », rebondissant ainsi sur des propos tenus jeudi soir par Samir Geagea, qui avait qualifié le juge Fadi Akiki, commissaire du gouvernement par intérim près le tribunal militaire, de « commissaire du Hezbollah près le tribunal militaire ». La députée a enfin salué le patriarche maronite, Béchara Raï, et le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, « pour leurs prises de position hostiles à toute forme de politisation de l’enquête sur les affrontements de Tayouné ». Dans leurs homélies, dimanche dernier, Mgr Raï et Audi avaient implicitement pris fait et cause pour le chef des FL. Le prélat maronite avait même été jusqu’à mettre en garde contre « un troc » entre l’enquête sur le drame au port et celle portant sur les accrochages du 14 octobre.
Devant le parquet militaire
Sur le terrain, les services de renseignements de l’armée ont finalisé leur enquête et déféré le dossier devant le parquet militaire, selon un communiqué publié hier par la Direction de l’orientation de l’armée. De source FL, on indique que la convocation de M. Geagea a eu lieu avant que les SR de l’armée ne finalisent l’enquête. « Sur quoi le juge s’est-il basé pour convoquer le chef du parti ? » s’interroge cette source, déplorant le fait que le juge Akiki a insisté pour émettre la convocation de M. Geagea alors qu’il n’était plus en charge du dossier, désormais confié au parquet militaire. « C’est un geste qui s’inscrit dans le cadre de la campagne politique contre nous », estime cette source.
Selon une source proche du dossier, l’investigation pourrait être relancée après l’arrestation de nouvelles personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’affaire. Elle précise que vingt personnes visées par des mandats d’arrêt sont toujours recherchées, sans toutefois donner de précisions quant aux affiliations politiques des intéressés.
Parallèlement, le juge Fadi Akiki a lancé hier des poursuites contre 68 personnes, dont 18 se trouvent actuellement sous les verrous pour leur implication présumée dans les affrontements de Tayouné. Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), les poursuites ont été engagées pour meurtre, tentative de meurtre, incitation à la discorde confessionnelle, possession d’armes lourdes non autorisées et destruction de biens publics et privés.
Selon des informations relayées dans la presse locale, les poursuites lancées par contumace concernent notamment des habitants du quartier à prédominance chrétienne de Aïn el-Remmané, deux partisans d’Amal, des ressortissants syriens et un responsable sécuritaire des FL. Des informations non confirmées de source judiciaire.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que le mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry, ne compte pas comparaître devant la justice. « Nous n’avons pas de problème à nous conformer aux lois en vigueur. Mais nous n’allons pas nous rendre devant le juge avant que le camp adverse ne le fasse », martèle Mohammad Khawaja, député Amal de Beyrouth, interrogé par L’OLJ.
Dernière manifestation en date des désaccords entre MM. Berry et Geagea, un communiqué, publié hier par le bureau politique d’Amal est apparu très critique envers le le chef des FL. « Pourquoi la personne poursuivie refuse de comparaître alors que l’enquête sur un crime suit son cours ordinaire et légal ? » s’est ainsi interrogé le mouvement Amal, dans une allusion à peine voilée à Samir Geagea. Ce alors que Amal refuse toujours que deux de ses membres – Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter – poursuivis dans le cadre de l’enquête sur le cataclysme du 4 août comparaissent devant le juge Tarek Bitar, chargé de l’instruction sur le drame du port de Beyrouth.
IL Y A DES MEMBRES DE DEUX PARTIS AMAL ET HEZBOLLAH QUI SE SONT ATTAQUES AUX QUARTIERS CHRETIENS AUX CRIS DE CHIITES CHIITES CHIITES ET ONT COMMENCE PAR ENVAHIR UN QUARTIER CASSANT TOUT SUR LEURS PASSAGES ET ENTRANT DANS LES IMMEUBLES . IL Y A UNE POPULATION CHRETIENNE QUI PROBABLEMENT FAVORABLE AUX FORCES LIBANAISES ET MEME CERTAINS MEMBRES DES FL ONT REAGI AVEC FERMETE POUR PROTEGER LEURS BIENS ET LEURS FAMILLES .L'ARMEE N'A PAS FAIT SON DEVOIR DE LES PROTEGER CAR LES TIRS ONT DURE 4 HEURES ET LES ARMES LOURDES ONT ETE UTILISEES SUR DES CIVILS ET LES IMMEUBLES DU QUARTIER SANS GRANDE INTERVENTION DE L'ARMEE SAUF CELLE D'UN VRAI SOLDAT QUI A FAIT SON METIER ET QUI SE RETROUVE AUJOURDH'UI A L'ARRET POUR AVOIR FAIT EXACTEMENT CE QU'IL DEVAIT FAIRE LA VERITE: LES DIRIGEANTS DE AMAL , DE HEZBOLLAH ET DE L'ARMEE CETTE FOIS CI DEVRAIENT RENDRE DES COMPTES ET APRES EVIDEMENT CEUX DES RESISTANTS CHRETIENS DANS LEUR QUARTIER ET EVENTUELLEMENT LE CHEF DU FL. MAIS CONVOQUER LE CHEF DU FL ALORS QUE LES DISCOURS DE NASRALALH ETAIENT CLAIRES DEPUIS 3 JOURS QUE LA MOBILISATION DE SES MILICES CONTRE LE JUGE BITAR ET EVIDEMENT EN TRAVERSANT CERTAINS QUARTIERS MERITENT D'ABORD UNE AUDIANCE A CE TYPE LA AVANT CELLE DE GEAGEA MAIS LE LIBAN ETANT CE QU'IL EST CAR AOUN A PERMIS A NASRALLAH DE METTRE QUI IL VOULAIT A LA JUSTICE POUR JUSTEMENT AVOIR UNE SECURITE CONTRE SES AGISSEMENTS DANS UN CAS PAREIL MERCI BASSIL AOUN POUR VOTRE ALLIANCE AVEC NASRALLAH, QUI A MENE LE PAYS EN ENFER
18 h 20, le 26 octobre 2021