Le chef de l'Église maronite, Mgr Béchara Raï, a implicitement pris la défense, une nouvelle fois, du chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, qui a été convoqué par le tribunal militaire pour livrer son témoignage sur les combats miliciens meurtriers le 14 octobre à Tayouné, dans le sud de Beyrouth, entre des partisans du Hezbollah et d'Amal, et d'autres postés dans des quartiers chrétiens où les FL ont une forte présence.
Le cardinal Raï a ainsi refusé que "celui qui a protégé sa dignité et la sécurité de sa communauté se transforme en bouc émissaire". Il a insisté sur la nécessité que l'enquête sur les affrontements "englobe toutes les parties", critiquant le fait que les partisans du tandem chiite qui ont pris part aux combats n'aient pas été convoqués. Le patriarche a estimé, dans ce contexte, que les incidents de Tayouné "ne peuvent pas occulter l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth", le 4 août 2020, un drame qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés.
"Bouc émissaire"
Les incidents de Tayouné se sont produits lorsqu'une manifestation du Hezbollah et d'Amal devant le palais de Justice contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur l'explosion au port, a dégénéré en accrochages armés faisant sept morts et 32 blessés. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé le leader des FL d'avoir provoqué ces combats et de vouloir "lancer une guerre civile". M. Geagea a toutefois démenti son implication.
Une source judiciaire a rapporté, jeudi, à l'AFP que le chef des FL allait être convoqué par le tribunal militaire pour témoigner sur les combats de Tayouné, mais il semble que la justice ait fait marche arrière suite vraisemblablement à des pressions de responsables de la communauté chrétienne. Réagissant à sa convocation, Samir Geagea a accusé le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Fadi Akiki, d'être "le commissaire du Hezbollah". Tout en affirmant être prêt à se présenter devant la justice à condition que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le fasse avant lui, M. Geagea a estimé que le juge devrait commencer par interroger ''la partie" qui est "clairement impliquée" dans les affrontements, "c'est-à-dire les miliciens du parti chiite, et non ceux dont on n'a pas de preuve sur leur implication".
"Nous n'acceptons pas, nous qui croyons en la justice, que celui qui a protégé sa dignité et la sécurité de sa communauté se transforme en bouc émissaire", a martelé le patriarche Raï en référence à Samir Geagea, lors de son homélie prononcée samedi à l'occasion du synode des évêques maronites. "Ce dernier (le chef des FL, ndlr), entre autres, a protégé le Liban et a donné pour son unité et sa souveraineté des milliers de martyrs", a-t-il rappelé, en référence aux miliciens chrétiens des Forces libanaises morts durant la guerre civile de 1975-1990. "Nous voulons une justice équitable et refusons l'injustice", a ajouté le patriarche. "Eloignez-vous du feu de la sédition. Nous ne voulons pas d'Etat où le contrôle est absent", a-t-il mis en garde, après avoir accusé les autorités d'être responsables des combats de Tayouné.
Poursuite de l'enquête sur l'explosion au port
Le patriarche a également souhaité "que l'enquête englobe toutes les parties, et non seulement une partie comme si elle était responsable des incidents". "Tout le monde est sous la loi quand la loi est au-dessus de tout le monde", a-t-il souligné. Mgr Raï a ensuite prévenu que "les incidents de Tayouné-Aïn el-Remmané, malgré leur dangerosité, ne doivent pas occulter l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth". Il a ainsi mis en garde contre "un troc entre l'explosion au port et les incidents de Tayouné et de Aïn el-Remmané", dans une critique à peine voilée au Hezbollah et à Amal.
Pour sa part, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a mis en garde dimanche contre une enquête "sélective" sur les incidents de Tayouné, critiquant implicitement le fait que les partisans du Hezbollah qui avaient pris part aux affrontements et leur chef n'aient pas été convoqués par le tribunal militaire. "Les habitants de Beyrouth ne resteront pas muets. Ils ne renonceront pas à leur revendication de la vérité, et n'accepteront une justice sélective", a averti le prélat dans son homélie dominicale. "Tout le monde doit être sous la loi et au service de la justice", a-t-il affirmé. Mgr Audi a implicitement tenu le parti chiite responsable des accrochages du 14 octobre et de l'"effondrement" pluridimensionnel du pays, critiquant le fait qu'il réclame "la vérité et la justice" mais les évite pour camoufler son implication.
Le Hezbollah et Amal, dont plusieurs responsables politiques sont poursuivis par le juge Bitar, réclament son dessaisissement. Samedi, le numéro deux du parti chiite, Naïm Kassem, a estimé que le juge Bitar pose un "réel problème" pour le Liban et qu'il serait "préférable qu'il se récuse, afin que la situation se stabilise" dans le pays. Dimanche, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a pour sa part accusé une nouvelle fois le magistrat de "partialité". Le mufti jaafarite, cheikh Ahmad Kabalan, proche du Hezbollah, s'est lui aussi aligné sur la position du parti chiite. Il a ainsi affirmé que "ce qui est requis actuellement, c'est le dessaisissement du juge Bitar, afin d'éviter les immunités communautaires". Il accuse ainsi implicitement le magistrat de viser uniquement des dirigeants affiliés au Hezbollah, bien que M. Bitar ait engagé des poursuites contre des responsables aussi bien musulmans que chrétiens. Quant au conseiller du président Michel Aoun et ancien ministre de la Justice, Salim Jreissati, il s'est élevé contre des accusations du mouvement Amal, selon lesquelles il donnerait des instructions au juge Tarek Bitar. Réagissant aux propos de M. Jreissati, Talal Hatoum, membre du bureau politique du mouvement Amal, s'est demandé avec ironie comment celui-ci "est devenu, au fur et à mesure d'un changement de juges, un gardien du droit, de la vérité et de la justice, après avoir été considéré comme suspect pour négligence, voire poursuivi dans l'enquête".
MALHEUREUSEMENT SANS GUERRE CIVILE LE HEZBOLLAH ETENDRA SA MAINMISE. UNE GUERRE CIVILE SERAIT LA FIN DE CES MERCENAIRES IRANIENS CAR L,ONU ET LES PUISSANCES OCCIDENTALES Y AURAIENT LEUR MOT A DIRE ET CE SERA ; TAEF ET LA 1559 ET LA 1701 APPLIQUEES D,URGENCE.
11 h 48, le 25 octobre 2021